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Le Liban, c’est 10 542 km2 de paysages montagneux et maritimes, nichés entre régions en conflit et pays ennemis. Une zone tampon habitée par 18 communautés aussi diverses que turbulentes, parfois placées sous l’influence d’intérêts étrangers.
Le Liban, aujourd’hui épicentre d’une potentielle guerre mondiale au Moyen-Orient, a toujours été le point de rencontre d’intérêts qui le dépassent. Notamment ceux des grands empires. Depuis l’Antiquité, la position géographique et l’extrême diversité culturelle et religieuse de ce petit pays en ont fait le lieu d’un affrontement parfois harmonieux, souvent brutal, entre les uns et les autres. Depuis les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Croisés ou les Arabes, les Ottomans et les grands empires d’Occident et d’Orient, jusqu’aux plus récents d’entre eux.
Situé à l’extrême ouest du Croissant Fertile, il constitue également un pôle important d’un « croissant » plus géopolitique : l’arc chiite. Du Yémen à Beyrouth en passant par Téhéran (en Iran), Bassora (en Irak) ou Damas (en Syrie), il relie une branche minoritaire de l’Islam dont l’influence n’a cessé de croître depuis la révolution islamique de 1979 en Iran.
Elle est connue dans ses frontières actuelles depuis 1920. 10 542 km2ou encore le territoire de la Gironde, qui pourrait être traversé en un clin d’œil par les airs, ou en quelques heures par la route. La plus grande distance à vol d’oiseau ne dépasse pas 200 kilomètres du nord au sud, et 90 kilomètres d’est en ouest. Mais le caractère montagneux du pays des Cèdres, traversé du nord au sud par deux massifs accidentés, crée des espaces géographiques très diversifiés autant qu’il complique la circulation. Il faut au moins deux heures pour relier Beyrouth à la frontière syrienne à l’est, même si seulement 80 kilomètres les séparent.
La géographie complexe du Liban s’accompagne d’une grande diversité de populations. Le pays compte 18 communautés ethniques et/ou religieuses, qui constituent la base d’un système politique unique. : un modèle de démocratie confessionnelle où le pouvoir est réparti entre les représentants des principales communautés, dans le but de rechercher le consensus. Un consensus qui, il faut le reconnaître, a toujours été difficile à trouver, notamment lorsque des influences extérieures entrent en jeu. : les réfugiés palestiniens depuis 1948, les ingérences syriennes et israéliennes pendant et après la guerre civile (1975-1991), la guerre par procuration menée par l’Iran à travers le Hezbollah, qui bloque la gouvernance libanaise depuis 2005 et s’aventure unilatéralement dans des guerres entre voisins (en Syrie) ou avec des voisins (Israël).
Depuis le 17 septembre 2024, l’État hébreu a lancé une vaste opération au Liban, dénonçant le harcèlement subi par ses populations du nord, notamment depuis la réponse armée d’Israël au massacre du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas dans les régions frontalières de Gaza. . Chaque jour, des roquettes tirées par les miliciens du Hezbollah depuis le sud du Liban s’abattent sur des villages de Galilée, en violation flagrante de la résolution 1701 des Nations Unies qui, après la guerre de 2006, recommandait le déploiement de l’armée libanaise à la place des milices chiites.
Ce n’est donc pas un hasard si la contre-offensive israélienne cible essentiellement les régions chiites, où le Parti de Dieu – traduction littérale de « Hezbollah » – stocke ses armes et munitions, parfois dans des milieux urbains très denses et au sein de la population civile.
C’est particulièrement le cas à Beyrouth, qui concentre une importante population chiite dans sa partie sud. De Chiyah à Haret Hreik sont des lieux de décision stratégiques pour le Hezbollah. C’est dans ce quartier, aussi appelé Dahieh, la banlieue, que se sont rassemblés les cadres du Hezbollah après la destruction de leurs principaux moyens de communication, entre les 17 et 18 septembre. En plein milieu des commerces et des immeubles d’habitation. C’est donc également cette zone qui est visée par les projectiles israéliens, avec de lourds dégâts collatéraux – dont de nombreuses victimes civiles.
Ce ciblage des régions chiites a provoqué de forts mouvements de population, notamment vers les régions chrétiennes. Au risque de provoquer de dangereux déséquilibres, des tensions intercommunautaires susceptibles de générer des violences irréparables.