Cinq ans de prison pour le chauffard responsable d’un accident mortel, à l’origine de la proposition de loi sur « l’homicide routier »
Le tribunal correctionnel de Grasse (Alpes-Maritimes) a condamné vendredi 5 juillet en fin de soirée un automobiliste à cinq ans de prison pour avoir provoqué la mort de Noé, un adolescent de 16 ans dont la mort est à l’origine de la proposition de loi sur les « homicides routiers ».
Le tribunal a reconnu le mécanicien de 45 ans coupable d’homicide involontaire sur le jeune homme et de blessures involontaires sur son passager, avec comme circonstances aggravantes le fait qu’il conduisait sous l’influence de l’alcool et après avoir omis de faire preuve de prudence.
Le 25 juin 2022 à 1 heure du matin, sur une route à deux voies près d’Antibes, le prévenu, qui roulait à plus de 110 kilomètres/heure sur un tronçon de route limité à 70 kilomètres/heure, a violemment percuté par l’arrière la voiture sans permis du jeune homme, la projetant sur plus de 90 mètres et tuant son conducteur.
Des traces de consommation antérieure de cocaïne et de MDMA ont été décelées lors des analyses pratiquées sur le chauffard, qui a également été arrêté un an plus tard alors qu’il conduisait une voiture, alors que son contrôle judiciaire lui interdisait de le faire. L’homme, qui comparaissait libre et a été écroué à l’issue de l’audience, a assuré au tribunal qu’il n’avait pas » pas vu « le véhicule devant lui, même en pensant au début « avoir heurté un animal ».
Un « changement sémantique (…) plus respectueux de la douleur des victimes »
L’audience, qui a duré toute la journée devant un public nombreux, a été l’occasion de relancer le débat sur la notion d' »homicide routier », objet d’une proposition de loi à l’origine de ce drame.
Cette proposition de loi, qui devait arriver en deuxième lecture à l’Assemblée nationale avant la dissolution, avait notamment été portée par le député des Alpes-Maritimes Éric Pauget (LR), qui avait contacté la famille de la victime à la suite d’une marche silencieuse organisée à Antibes après l’accident. Sans modifier l’échelle des peines, le texte vise à ne plus parler d’homicide involontaire mais d' »homicide routier » en cas de circonstance(s) aggravante(s).
Le conducteur imprudent risquait dix ans de prison, et le procureur de la République de Grasse, Damien Savarzeix, a également estimé que « la loi telle qu’elle existe permet déjà d’infliger un niveau de sanction approprié »Il a requis une peine de six ans de prison avec mandat d’arrêt, dans une affaire « emblématique d’un territoire où les conducteurs en tout genre roulent à une vitesse vertigineuse la nuit sur les routes côtières ». Et de rappeler les huit homicides involontaires commis en juin sur les routes de la Côte d’Azur.
Pour moiet Philippe Soussi, avocat des parties civiles, « Ce changement sémantique, même s’il ne modifie en rien la distinction entre homicide volontaire et involontaire, est plus respectueux de la douleur des victimes » et signe « la prise de conscience que la société ne peut plus tolérer ce type d’infraction ». De son côté, M.et L’avocat de la défense Paul Sollacaro a dénoncé « un dossier récupéré politiquement »soulignant l’absence de casier judiciaire de son client.
« Cette journée a été importante pour nous, la justice a parlé et nous avons été écoutés »a accueilli les parents de la victime, engagés dans ce changement législatif avec d’autres familles, dont celle de Yannick Alléno, le chef étoilé qui a perdu son fils dans des circonstances similaires.