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cinq ans de prison, dont trois avec sursis, et cinq ans d’inéligibilité requis contre Marine Le Pen

« Le parquet est extrêmement indigné dans ses plaintes, notamment sur l’exécution provisoire qu’il veut imposer à tous ceux qui sont poursuivis », a réagi Marine Le Pen devant la presse mercredi.

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Marine Le Pen, chef de file des députés du Rassemblement national, lors du procès des assistants parlementaires FN, à Paris, le 13 novembre 2024. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Marine Le Pen est désormais fixée sur ce que le parquet lui demande. Après un mois et demi d’audiences au tribunal correctionnel de Paris, le parquet a énuméré, mercredi 13 novembre, les peines demandées dans le procès des assistants parlementaires du Front national (ancien nom du Rassemblement national). Les procureurs Nicolas Barret et Louise Neyton ont requis cinq ans de prison contre le leader du RN, dont trois avec sursis, une peine qui reste modulable, 300 000 euros d’amende, et cinq ans d’inéligibilité, avec exécution provisoire. Le parquet souhaite également que le parti, poursuivi en tant que personne morale pour complicité de détournement de fonds publics européens, soit condamné à une amende ferme de 2 millions d’euros.

D’autres personnalités politiques sont également visées par de lourdes réquisitions : 18 mois de prison dont 12 avec sursis, 30 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité avec exécution provisoire contre Louis Aliot, maire de Perpignan ; 10 mois de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et un an d’inéligibilité avec exécution provisoire contre Julien Odoul, aujourd’hui député de l’Yonne ; 18 mois de prison dont 12 avec sursis, 30 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité avec exécution provisoire contre Nicolas Bay, député européen ancien de Reconquête ; trois ans de prison, dont deux ans avec sursis, 200 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire contre Bruno Gollnisch, ex-eurodéputé et ancien bras droit de Jean-Marie Le Pen.

Au total, les procureurs ont requis une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire pour les 25 prévenus jugés dans cette affaire (dont neuf anciens députés frontistes, leurs 12 anciens assistants parlementaires, les comptables et le trésorier), au nom de « prévention de la récidive » et de « protection de l’ordre public ». Cette peine complémentaire est obligatoire depuis la loi dite « Sapin 2 », entrée en vigueur le 11 décembre 2016, soit dans les 20 jours suivant la période des infractions reprochées (2004-2016). L’exécution provisoire la rendrait effective malgré les appels, si le tribunal suivait ces réquisitions. De quoi assombrir l’avenir politique de Marine Le Pen, qui compte bien se présenter à l’élection présidentielle en 2027.

Selon le parquet, la prévention des récidives est justifiée car les faits ont été commis sur plusieurs années et « interrompu uniquement par la plainte du Parlement européen ». De plus, « le FN/RN a déjà été condamné pour détournement de fonds ».

« Tout est fait pour différer la décision de justice et son exécution. Toutefois, pour être efficace et avoir du sens, une peine doit être prononcée dans un délai raisonnable. (…) Nous ne sommes pas ici dans une enceinte politique mais judiciaire, vous le constaterez. appliquer la loi et la loi. »

Le procureur Nicolas Barret,

lors de l’acte d’accusation

« Le parquet est extrêmement scandaleux dans ses plaintes, notamment concernant l’exécution provisoire qu’il veut imposer à tous ceux qui sont poursuivis »a réagi Marine Le Pen devant la presse, dénonçant « violence » réquisitions. « J’espère que le tribunal ne suivra pas l’accusation. » La semaine dernière, elle a exprimé ses craintes face à une telle condamnation à la barre : « Vous comprenez que dans le cas qui me concerne, l’automaticité a évidemment des conséquences extrêmement graves. Cela aurait pour effet de me priver d’être candidat à la présidentielle, c’est tout. »

Pendant près de dix heures, les deux procureurs ont énuméré tour à tour les éléments démontrant, selon eux, la stratégie de« enrichissement » de la fête, « qui a financé avec des emplois fictifs », « sur plus de dix ans », « sa propagande et son développement à hauteur de plus de 4 millions d’euros au détriment de la vie démocratique ». Louise Neyton a fustigé un « mépris de l’utilisation des fonds publics provenant des poches mêmes de leurs électeurs ». « JEIls se fichent complètement de l’illégalité de leurs actes, ils regrettent seulement d’avoir été arrêtés. »dit-elle.

« Les faits qui vous sont soumis sont inédits par leur ampleur, leur durée et le caractère organisé, systémique et systématique de leur commission. »

Procureur Louise Neyton

lors de l’acte d’accusation

Balayer l’argumentation« acharnement politique » agités depuis le début de l’affaire par les accusés, les magistrats ont rappelé que les règles entourant le rôle de l’assistant parlementaire avaient toujours été les mêmes, contrairement à cette sortie de Jean-Marie Le Pen lors de l’instruction : « Un beau jour, on commence à réguler et on pinaille !

« L’eurodéputé ne peut pas faire appel librement à son assistant parlementaire sous peine de détournement de fonds publics »a insisté le procureur Nicolas Barret. Une manière de répondre à la ligne de défense dictée, selon la partie civile, par Marine Le Pen à ses coaccusés, à savoir que la fonction d’assistante est « politique » et sert ainsi le parti.

Une ligne de défense équilibrante, certains tandems d’eurodéputés et d’assistants ayant pourtant tenté de prouver qu’ils avaient bien travaillé ensemble, à travers des revues de presse parfois antidatées. «Reconstruction a posteriori»selon Nicolas Barret, non « preuve de travail » solide n’ayant pas été « trouvé ».

« Le justificatif de travail (des assistants), si on ne le retrouve pas, ce n’est pas parce qu’il n’est pas conservé mais parce qu’il n’existe pas. « Nous ne nous envoyons pas d’e-mails, nous nous voyons en personne une fois par semaine », nous a-t-on dit.

Le procureur Nicolas Barret,

lors de l’acte d’accusation

D’autres courriels saisis par la justice attestent cependant, selon le parquet, du projet de « faire des économies grâce au Parlement européen »avec pour « entrepreneur » Marine Le Pen. Ayant succédé à son père en 2011 à la tête du parti et « système » de détournement de fonds, selon l’accusation, cela apparaît au cœur du système, comme en témoigne cet échange, cité par Louise Neyton, entre un député européen et l’ancien trésorier Wallerand de Saint-Just : « Qu’est-ce que Marine (Le Pen) nous demander équivaut à s’inscrire à des emplois fictifs », « Je crois que Marine sait tout ça… ».

Désormais seul responsable sur le banc des accusés, Jean-Marie Le Pen, son père de 96 ans ne pouvant être jugé en raison de son état de santé, l’actuel chef de file des députés RN sera fixé sur son sort dans un quelques mois, la décision devant être prise au premier trimestre 2025.

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