Divertissement

Cinéma : une nouvelle actrice pour incarner Emmanuelle dans le célèbre film érotique devenu culte avec Sylvia Kristel

Une nouvelle lecture d’un film devenu culte dans les années 70, immortalisé par Sylvia Kristel dans son fauteuil en rotin.

Soixante-cinq ans après la parution du roman érotique « Emmanuelle » et cinquante ans après la sortie du film du même titre, devenu un classique culte, une toute nouvelle version arrive sur les écrans, bien différente de ses prédécesseurs.

Le long métrage réalisé par la française Audrey Diwan fait la une de l’actualité vendredi en ouverture du Festival de cinéma de Saint-Sébastien en Espagne (du 20 au 28 septembre), avant de sortir mercredi en salles en France.

L’actrice française Noémie Merlant (« Portrait de la jeune fille en feu », « L’Innocente ») est présente dans tous les plans. Elle joue en anglais, donnant notamment la réplique à Naomi Watts.

Cette « Emmanuelle » s’éloigne de plus en plus du roman original de 1959, dont l’auteur, le Franco-Thaïlandais, avait déjà été déçu par le long métrage de 1974. Celui-ci, avec Sylvia Kristelest devenu un classique culte dans le monde entier.

L’affiche, avec Sylvia Kristel et son fauteuil en rotin, a marqué la mémoire collective, symbolisant une étape de la révolution sexuelle des années 1970 dans une époque encore très chaste à l’écran.

Pour ce troisième film d’Audrey Diwan, qui avait remporté le Lion d’or en 2021 à Venise avec « L’Événement », adaptation du récit de la prix Nobel Annie Ernaux sur son avortement, les critiques s’attendaient à une « Emmanuelle » forcément féministe. Pourtant, on a du mal à comprendre comment se comporte le personnage incarné par Noémie Merlant.

Cette Emmanuelle, désignée seulement sous le nom de « Madame Arnaud », a certes un métier de cadre et est indépendante de tout homme, contrairement au personnage du roman. Mais, sur le sujet des relations homme-femme, elle ne professe pas d’opinion, ni ne les révolutionne par sa sexualité.

« J’ai lu le livre de manière récréative. Il y a un passage qui m’a intéressé, c’est une longue discussion sur l’érotisme. Je me suis demandé si l’érotisme avait encore sa place dans notre société. »Audrey Diwan l’a expliqué à l’AFP.

Infractions mineures

Dans le roman, comme dans le film de 2024, les intrigues débutent dans un avion, où l’héroïne a des relations sexuelles avec un inconnu. Puis, elles divergent complètement. Et pour cause : le cinéaste n’a pas pu acheter les droits d’adaptation, qui ne sont plus à vendre à personne.

Rien de comparable entre Le libertinage d’Emmanuelle dans les années 1950entre des Européens exilés dans un Bangkok encore très exotique, et les petites transgressions d’Emmanuelle dans les années 2020, dans un hôtel cinq étoiles de Hong Kong.

Le roman, l’un des chefs-d’œuvre mondiaux de la littérature érotique, a servi de prétexte à de nombreuses occasions. Le personnage apparaît dans une multitude de films kitsch et de téléfilmsd’une première adaptation, « Moi, Emmanuelle », en 1969, à des curiosités comme la « Black Emmanuelle » de la fin des années 1970 ou l' »Emmanuelle dans l’espace » des années 1990. Mais le livre a été peu lu. L’éditeur qui le réédite en poche, L’Archipel, table modestement sur un tirage de 4 000 exemplaires pour chacun de ses deux volumes.

Détourner la censure

Le film de Just Jaeckin a attiré quelque 50 millions de spectateurs dans le monde. Camille Moreau, biographe de la romancière Emmanuelle Arsan, affirme que la Franco-Thaïlandaise ne l’a pas du tout apprécié. Un demi-siècle plus tard, cette docteure en sciences de l’art a elle-même été déçue par la version d’Audrey Diwan.

Selon Camille Moreau, auteur de l’essai « Emmanuelle Arsan, biographie d’un pseudonyme » (éditions de La Musardine), le couple qui a inventé le personnage « Il avait une vision complètement différente de son travail, par rapport à l’énorme succès commercial que le film est devenu. »

En 2005, l’auteur du scénario de 1974, Jean-Louis Richard, confiait à un journaliste qu’il n’avait pas aimé le roman : « J’ai refusé de rencontrer Emmanuelle Arsan, je n’ai pas aimé son livre. »

Le roman est entouré d’une certaine légende. L’auteur, fille d’une bonne famille thaïlandaise de Bangkok, l’avait écrit avec son mari, un fonctionnaire international français, Louis-Jacques Rollet-Andriane.

Envoyé à Paris, le manuscrit avait ébloui un éditeur subversif, Éric Losfeld. Il n’avait attendu l’accord de personne pour le publier. Pour dérouter les censeurs, il n’avait inscrit dessus aucun nom de maison d’édition ni d’auteur.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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