Le film détrône la dernière Dune et Astérix et Obélix
Ainsi, le long-métrage n’est pas seulement le plus gros succès du cinéma français depuis la crise sanitaire – dépassant Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu de Guillaume Canet, qui a réuni 4,6 millions de spectateurs en 2023 avec un budget bien plus élevé – mais aussi le plus gros succès de l’année, devant le blockbuster Dune : deuxième partie par Denis Villeneuve.
Une vraie surprise sur grand écran, Un petit quelque chose en plussigné du comédien et comédien Artus, avec les paysages du Vercors en toile de fond, a pour objectif de rire avec les personnes handicapées et non à leurs dépens.
Père et fils dans le film, Clovis Cornillac et Artus incarnent deux petits voyous qui se cachent au milieu d’une colonie de vacances pour jeunes handicapés mentaux, afin d’échapper à la police. Artus se pose en pensionnaire et Clovis Cornillac en son éducateur spécialisé. Une dizaine d’acteurs amateurs handicapés répondent au casting de professionnels, complété entre autres par Alice Belaïdi, apportant ce « petit plus » qui avait pourtant rebuté certains producteurs prudents, selon Artus.
« Un film qui fait du bien »
Ces succès au box-office sonnent comme une revanche pour cette figure de l’humour, de son vrai nom Victor-Artus Solaro, qui ne pouvait rêver mieux pour son tout premier long-métrage derrière la caméra, à 36 ans. « Dans cette époque un peu anxiogène, c’est un film qui fait du bien » et qui permet de découvrir « une population qu’on ne voit pas souvent », estime le réalisateur.
Son triomphe rappelle celui du drame Le huitième jour (1996), porté par Daniel Auteuil et l’acteur trisomique Pascal Duquenne, et s’inscrit dans la lignée deIntouchables (2011), avec Omar Sy et François Cluzet, de La famille Bélier (2014), avec la chanteuse Louane, ou encore plus récemment de Extraordinaire (2019) avec Vincent Cassel.
Des marches plus accessibles à Cannes ?
Les associations œuvrant en faveur des personnes handicapées sont également accueillies Un petit quelque chose en plus, estimant qu’il s’agit d’une petite « pierre » dans l’édifice d’accueil pour tenter d’améliorer leur situation. En marge du Festival de Cannes, où l’équipe du film a fait une montée flamboyante sur les marches le 22 mai, des personnalités du cinéma (Léa Drucker, Alexandra Lamy, Eric Toledano et Olivier Nakache) ont signé une tribune, le Libérerpour une « réforme du statut des intermittents du spectacle, envers les artistes handicapés », au cinéma et à la télévision.
Mais le chemin vers l’intégration reste encore long. Pour monter les marches, Artus a dû porter un de ses acteurs, Sofian Ribes, qui utilise un fauteuil roulant. « Ce n’est plus acceptable de voir ce genre d’images, c’est une atteinte à la dignité de la personne que de devoir être portée au sommet », a réagi la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, Fadila Khattabi, dans le journal Nice- Matin. « L’année prochaine, les marches devront être accessibles aux personnes handicapées. Ce n’est pas à eux de s’adapter à la société, c’est à la société dans son ensemble de s’adapter à eux », a-t-elle insisté.
Un film boudé par les Parisiens
Si Un petit quelque chose en plus est un succès dans toute la France, le film est cependant boudé par les Parisiens. Sur les cinq millions d’entrées au total, seules 2 % d’entre elles ont été enregistrées à Paris.
Ce n’est pas la première fois que l’on constate des écarts aussi importants dans les films grand public entre la capitale et la province. Par exemple, le film Intouchables avait réalisé 17% des entrées à Paris et sa région et Qu’avons-nous fait au bon Dieu ? 20%, à la fin de leur parcours théâtral.
Mais ici, l’écart est particulièrement inédit : sur les 10 millions d’entrées anticipées par les prévisions pour Un petit quelque chose en plus, il ne devrait y en avoir que 10 % en région parisienne.
Est-ce là un mépris parisien pour les grandes distributions françaises, au profit des films d’art et d’essai et plus avant-gardistes ? La question reste sans réponse.