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Cinéma. En Corée, comment le libéralisme casse les stagiaires

Difficile d’évoquer l’intrigue de À propos de Kim Sohee sans divulguer le film. Le deuxième long métrage de July Jung se divise en deux chapitres distincts qui, par la grâce de la mise en scène de la cinéaste et son talent pour dérouler l’histoire, se répondent avec un rare brio.

Comme fil conducteur, un portrait peu attirant de la société coréenne et de son apathie. La première partie, celle où l’on prend le risque d’en dévoiler plus que nécessaire, se concentre sur Kim Sohee.

Post-adolescente au caractère bien trempé, Sohee (Kim Si-eun) est une danseuse insatiable et disciplinée. Mais sa passion dévorante a du plomb dans l’aile puisqu’elle doit valider son diplôme de fin d’études en acceptant un stage en entreprise.

Une entrée difficile dans l’âge adulte

Fini la chorégraphie en studio, la répétition des mouvements, la joie de maîtriser son corps et l’insouciance de la jeunesse.

Il intègre le service après-vente d’une société de téléphonie mobile et d’abonnement Internet. Une entrée difficile dans l’âge adulte. Son travail ? Empêcher les clients de résilier leur contrat à tout prix et générer de nouveaux abonnements.

Les arguments les plus vils sont non seulement permis mais encouragés. Tout comme la concurrence entre les différents opérateurs est exacerbée. C’est à celui qui fera la meilleure figure. Les résultats de Kim sont médiocres. Et lui a valu une volée de bois vert de son supérieur. Une pression constante qui la pousse au bord de la dépression nerveuse. Avant de rebondir.

Le mauvais élève se transforme en vendeur zélé et efficace. De quoi espérer une rémunération élevée et ensuite passer à une activité plus honnête et épanouissante.

Mais les dés sont pipés. Si elle démissionne, elle n’a pas son diplôme et surtout perd toutes les primes durement gagnées versées de manière différée et sous conditions. Une impasse, filmée caméra au poing, dont elle tente désespérément de sortir.

Soupçons de harcèlement

La deuxième partie se présente comme une enquête, menée par Yoo-jin (Doona Bae), une policière en difficulté avec sa hiérarchie. Elle porte notamment sur les dysfonctionnements de ce centre d’appels et des soupçons de harcèlement.

Elle n’est la bienvenue ni dans l’entreprise ni au lycée de Sohee. Les bénéfices du centre d’appels dépendent de l’armée de stagiaires, sous-payés et contraints de travailler à volonté.

Le montant des bourses allouées aux écoles est lié au taux d’emploi de leurs élèves. Ce règne de la politique des chiffres est encadré dans un plan large. La caméra est plus statique, le protagoniste mobile, rebelle et insaisissable.

On pense à Bong Joon-ho et Parasite

Inspirée d’un fait divers dramatique qui, en 2016, avait ému la Corée, la cinéaste July Jung imagine deux personnages de femmes fortes qui tentent de résister à un système qui les enserre.

Elle brosse un tableau sans concession du libéralisme à la coréenne, fondé sur une quête avide du profit et la manipulation des individus. Cette machine à but lucratif est perpétuée par une opinion publique et des institutions lâches, des écoles dysfonctionnelles et une oppression systémique.

On pense à Bong Joon-ho et son thriller collant Souvenirs de meurtreà son film de monstre L’hôte ou à Parasite . Autant d’œuvres qui renvoient plus ou moins frontalement au décryptage d’une société coercitive dont les personnages tentent de s’affranchir.

Mais July Jung l’explore à travers un prisme féminin, présent à tous les niveaux de la chaîne, des victimes aux oppresseurs, passant parfois d’un côté à l’autre du miroir.

Tourmentés, harcelés, ils sont les pions et parfois les idiots utiles d’un système schizophrénique qui, pour créer des champions de l’économie, écrase les femmes… Et les hommes.

Un film qui fait bouger les lignes en Corée

Il y a aussi un écho dans ces portraits parallèles des figures féminines de Lee Chang-dong (voir Soleil secret Et poésie), souvent en rupture avec leur environnement.

Il n’est pas certain que la cinéaste devienne ministre de la Culture comme son maître du cinéma, mais À propos de Kim Sohee déplace déjà les lignes en Corée. Un projet de révision de la loi protégeant les stagiaires a été approuvé par la commission de l’éducation nationale de l’Assemblée grâce au film, première étape de son adoption définitive.

Elle prévoit de prévenir l’obligation pour les stagiaires d’effectuer des travaux contre leur gré, d’interdire le harcèlement et de punir les agressions et les menaces d’emprisonnement ou d’amendes. Le cinéma ne peut pas toujours changer le monde, du moins peut-il contribuer à son amélioration.


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Cammile Bussière

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