Cinéma. Clermont, un palmarès en prise avec la lutte sociale

Le festival de Clermont a rendu son palmarès. Et c’est un euphémisme de dire qu’il nous ravit. En compétition nationale, le jury composé des cinéastes Bastien Dubois, Alain Guiraudie, Claude Le Pape, la réalisatrice et comédienne, Fanny Sidney et l’acteur Rabah Nait Oufella, a récompensé un novice. Il décerne le grand prix à la lutte est une fin du cinéaste Arthur Thomas-Pavlowsky.

Cet ancien éducateur, tout juste sorti d’un master en cinéma documentaire, suit dans ce premier film le collectif Boxe Massilia où l’on pratique un art pugilistique inclusif. La formation à la Bourse du travail, l’accueil multigénérationnel, intégrant également les minorités de genre, correspondent à la demande de boxe prolétarienne, invoquée par ses adhérents. La lutte sociale est aussi un sport de combat. Le jury salue également par un prix spécial Fair-playdu franco-suisse Zoel Aeschbacher, thriller social caustique, dénonce la société de la performance dans un drôle d’histoire à trois têtes d’une incroyable efficacité.

Le prix du public revient à un autre film de genre, Tondex 2000, une rencontre inattendue entre un bourgeois déclassé et un ancien légionnaire inquiétant où tondeuses à gazon se mêlent au désir de maternité. Pour son grand prix, le jury international (réalisateurs Cristèle Alves Meira, Lionel Baier, Julie Bertuccelli, Wi-Ding Ho et l’illustratrice Stacey Rozich) a choisi Est-ce que mes parents viendront me voir par Mo Harawe. Dans cette œuvre sensible, le cinéaste se concentre sur l’absurdité du dernier jour d’un prisonnier condamné à mort en Somalie. Dernier repas copieux, examen médical, instructions de l’imam de la prison et l’apparente candeur d’un jeune homme qui ne semble pas vraiment au courant de l’exécution qui approche.

Une délicieuse anomalie du cinéma

Avec près de 160 000 spectateurs et 3 400 professionnels accrédités, le Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand reste cette délicieuse anomalie du cinéma. Non loin de ses records de fréquentation, ce 45 ^e édition a rempli ses salles d’un public enthousiaste autour de cinéastes en herbe, totalement inconnus en dehors des cercles de la cinéphilie. Ses 70 programmes, les trois compétitions, le focus sur Taïwan, la programmation libido, le cinéma-piscine, la réalité virtuelle ont offert un bel instantané de l’état du court métrage dont la diversité et la qualité des propositions présagent encore un bel avenir. .