Cindy Ngamba remporte une médaille de bronze à forte portée politique
Elle visait l’or, mais la médaille de bronze décrochée jeudi 8 août, dans la catégorie des moins de 75 kg, par la boxeuse Cindy Ngamba laissera une trace tout aussi indélébile dans l’histoire des Jeux. Agée de 25 ans, la native de Douala (Cameroun), qui vit et s’entraîne à Bolton, au nord de Manchester, en Angleterre, est la première athlète à monter sur un podium olympique sous la bannière de l’équipe des réfugiés.
Le dispositif a été créé par le Comité international olympique en 2015, une année marquée par le déplacement de millions de personnes, notamment en raison de la guerre en Syrie. Aux Jeux de Paris, trente-sept athlètes, dont treize femmes, originaires de onze pays (Afghanistan, Syrie, Iran, Soudan, Soudan du Sud, République démocratique du Congo, Érythrée, Éthiopie, Cameroun, Cuba et Venezuela) composent l’équipe olympique des réfugiés. C’est huit de plus qu’à Tokyo en 2021 et vingt-sept de plus qu’à Rio en 2016.
« Nous nous battons les uns pour les autres. Nous sommes une famille. »a insisté Cindy Ngamba, lors d’une interview accordée à Monde à quelques semaines de l’événement olympique. Contrairement aux autres athlètes de cette délégation, la boxeuse n’a pas participé aux Jeux sur invitation du Comité international olympique, elle s’est qualifiée directement grâce à ses performances. Triple championne britannique dans trois catégories différentes, la boxeuse devenue l’une des égéries de la marque Nike concourra à Paris dans la catégorie des moins de 75 kg.
Deuxième défaite de sa carrière
Pour Cindy Ngamba, participer aux Jeux a aussi été l’occasion de militer pour la cause LGBT+. Elle a obtenu le statut de réfugiée en 2020 parce qu’elle est de nationalité camerounaise et lesbienne, ce qui est considéré comme un crime dans son pays d’origine. Le code pénal de ce pays prévoit jusqu’à cinq ans de prison et une amende de 200 000 francs CFA (305 euros) pour punir « toute personne qui a des relations sexuelles avec une personne du même sexe ». Cindy Ngamba est arrivée en Grande-Bretagne à l’âge de 11 ans lorsque sa mère, Gisette, qui n’arrivait plus à joindre les deux bouts, l’a envoyée vivre chez son frère à Bolton, où leur père, Jérôme, s’était installé quelques années plus tôt.
Elle était porte-drapeau de l’équipe des réfugiés lors de la cérémonie d’ouverture sur la Seine le 26 juillet, aux côtés du taekwondoïste syrien Yahya Al Ghotany, qui a découvert l’art martial sud-coréen dans un camp de réfugiés en Jordanie. Sa situation est en cours de régularisation et elle devrait obtenir un passeport britannique l’année prochaine.
Sur le ring de l’Arena Paris Nord, Cindy Ngamba a dominé la Française Davina Michel en quart de finale du tournoi olympique, ce qui lui assurait déjà une médaille puisqu’en boxe, les quatre demi-finalistes accèdent au podium. A l’issue de ce combat, l’athlète réfugiée était au centre de l’attention dans la zone mixte – cet espace où se positionnent les chaînes de télévision, les radios et les journaux du monde entier pour recueillir les commentaires des compétiteurs.
Malgré le soutien du public, notamment des supporters camerounais présents à Roland-Garros, elle n’a pas réussi à se qualifier pour la finale, battue aux points par la Panaméenne Atheyna Bylon. Il s’agit de la deuxième défaite de la carrière de la boxeuse de l’Elite Boxing Gym de Bolton, qui avait été vaincue en 2023 par l’Irlandaise Aoife O’Rourke.
Dans l’autre demi-finale, chez les moins de 75 kg, la Chinoise Li Qian, médaillée de bronze à Rio en 2016 et d’argent à Tokyo en 2021, a eu fort à faire face à l’Australienne Caitlin Parker. Samedi 10 août, sur le court Philippe-Chatrier, Li Qian et Atheyna Bylon s’affronteront en finale. Petit pays de seulement 4,4 millions d’habitants, le Panama est assuré de remporter sa quatrième médaille olympique de l’histoire.