Ciblées par Bercy, les collectivités s’indignent unanimement des chiffres « démagogiques et mensongers »
L’Association des maires de France (AMF) dénonce la situation « Des comptes d’État désastreux » et souligne en outre que la dette des communautés « est stable depuis 30 ans et a même légèrement diminué, passant de 9% du PIB en 1995 à 8,9% en 2023 ».
Nombres « fallacieux »Déclarations des ministres démissionnaires « effronté »ou même « irresponsable »:accusées d’avoir provoqué la dérive des comptes publics en raison de dépenses jugées excessives par Bercy, les collectivités locales ont contre-attaqué mardi, mettant en cause « la situation désastreuse » Finances de l’Etat. Dans une lettre adressée lundi aux présidents des commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, ministres démissionnaires des Finances et des Comptes publics, ont estimé que la « risque principal » pour l’année 2024 était liée à une « augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités locales ».
Ce dernier seul pourrait « dégrader les comptes 2024 de 16 milliards d’euros »Ce qui devrait encore creuser le déficit public de la France, déjà visé par une procédure européenne pour déficit excessif. Les dépenses des collectivités locales ont représenté 19% des dépenses publiques en 2022, contre 40% pour l’Etat, selon l’Insee. Mais si le déficit de l’Etat a atteint 155,7 milliards d’euros en 2023, soit une hausse de 7,3 milliards d’euros sur un an, le besoin de financement des collectivités locales, qui ont l’obligation de voter un budget à l’équilibre et ne peuvent recourir qu’à l’emprunt pour les dépenses d’investissement, a représenté 5,5 milliards, selon l’Observatoire des finances publiques locales (OFGL).
« Il est étonnant que des ministres démissionnaires se permettent de porter des jugements sur la base de chiffres complètement fallacieux »a réagi auprès de l’AFP André Laignel, président du Comité local des finances, qui ne comprend pas « D’où viennent les 16 milliards ? » évoquée par les ministres. Dans un communiqué, l’Association des maires de France (AMF) dénonce la situation « Des comptes d’État désastreux » et souligne en outre que la dette des communautés « est stable depuis 30 ans et a même légèrement diminué, passant de 9% du PIB en 1995 à 8,9% en 2023 ». « Le gouvernement démissionnaire semble ignorer ses propres méfaits »» a ajouté l’association France urbaine, quand Intercommunalités de France voit dans la lettre ministérielle une volonté « pour détourner l’attention des dérapages budgétaires de l’État ».
« Démagogique et faux »
En 2023, les dépenses de fonctionnement des collectivités locales ont certainement augmenté plus que les recettes, constate l’OFGL, rappelant « contexte d’inflation marquée »tandis que les dépenses d’investissement ont augmenté de 6,7 %. Selon l’AMF, cela est dû notamment à la « double pression des mesures d’augmentation des salaires des fonctionnaires décidées par l’Etat et de l’augmentation du coût de l’énergie et des achats courants »La puissante association évoque également de nouvelles dépenses. « que le gouvernement et le parlement ont placé entre les mains des communautés » dans les domaines de l’environnement, des transports ou de la petite enfance.
« Seize milliards, c’est un chiffre énorme. Nous sommes scandalisés que des chiffres soient avancés sans être vérifiés ni discutés. »a vivement critiqué Antoine Homé, co-président de la commission des finances de l’AMF, jugeant le chiffre « démagogique et faux ». « Nous sommes dans une période où ce gouvernement démissionnaire devrait se restreindre dans son expression publique, je suis vraiment choqué »a-t-il ajouté. Stéphane Perrin, de Régions de France, lui a rappelé que les régions » ont supposé seul coûts d’inflation sur les transports publics, sur les factures d’énergie dans les lycées ainsi que sur la hausse des taux d’intérêt ». « Il est franchement irresponsable de nous rendre responsables de la détérioration des finances du pays. »il tonne.
D’autres, comme Christophe Bouillon, président de l’Association des Petites Villes de France, pointent les contradictions entre « l’injonction des pouvoirs publics à investir dans la transition écologique et les critiques régulières sur les dépenses excessives »Selon l’élu, maire de Barentin (Seine-Maritime), les dépenses sont également liées à « cycles municipaux ». « Nous passons généralement deux ans en début de mandat à écrire les projets, deux ans à lancer les marchés, puis viennent deux ans de mise en œuvre qui constituent autant de pics d’investissement »il observe.
Alors que la France n’a toujours pas de gouvernement, Villes de France estime que le budget 2025 « se prépare dans le plus grand secret »craignant « Des arbitrages pénalisants pour les territoires »y compris un « coupe budgétaire pour le fonds vert ».
hd1