Chypre a discrètement commandé des systèmes de défense aérienne israéliens Barak MX
En juin, Hassan Nasrallah, alors chef du Hezbollah, la milice chiite libanaise, avait ouvertement menacé d’attaquer la République de Chypre après l’avoir accusée d’ouvrir ses infrastructures aéroportuaires à l’armée de l’air israélienne pour « cibler » le Liban.
Cependant, même si elle entretient effectivement de très bonnes relations avec Israël, Chypre n’a jamais ouvert ses sites militaires à Tsahal. En revanche, elle avait autorisé ces derniers à utiliser son espace aérien pour des exercices.
Quoi qu’il en soit, la menace du Hezbollah n’a pas provoqué de vives réactions au sein de l’Union européenne (UE), dont Nicosie est membre. Ainsi, à l’époque, encore haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell avait seulement déclaré que « le Liban pouvait compter sur notre soutien, tout comme Chypre ». Le seul commentaire ferme est venu de la Grèce.
«Professer des menaces contre un État souverain de l’UE est absolument inacceptable. Nous sommes aux côtés de Chypre et nous serons tous ensemble pour faire face à toutes sortes de menaces mondiales émanant d’organisations terroristes », a déclaré le ministère grec des Affaires étrangères.
Il n’en reste pas moins que cette menace ne pouvait que renforcer la volonté des autorités chypriotes de renforcer les capacités de défense aérienne de leur Garde nationale, qui s’appuyait alors presque exclusivement sur les systèmes Buk M1 et Tor M1 de fabrication russe. De plus, par le passé, Chypre avait commandé des batteries S-300 à Moscou… ce qui avait conduit à une crise avec la Turquie. Finalement, les objets du litige ont été repris par la Grèce, qui envisagerait désormais de les céder à l’Arménie.
Quelles seront les réactions de la Turquie et de la République turque de Chypre du Nord (RTCN) après l’annonce de la livraison à Chypre des systèmes de défense aérienne Barak MX par Israel Aerospace Industries ?
En effet, selon la chaîne de télévision Sigma TV, les livraisons des premiers composants de ce système à la Garde nationale chypriote ont débuté le 3 décembre… alors qu’aucune annonce officielle concernant la commande du Barak MX n’avait été faite auparavant. Par ailleurs, les autorités chypriotes n’ont souhaité faire aucun commentaire sur cette information.
« La seule chose que je peux dire, c’est que nous ferons et faisons tout ce qui est nécessaire pour renforcer la force de dissuasion de Chypre (en référence à la RTCN, ndlr), non seulement parce que nous sommes un pays sous occupation, mais aussi parce que nous sommes membre de l’UE. État dans une région d’une importance géostratégique particulière », a déclaré Nikos Christodoulides, le président chypriote, à la presse le 5 décembre.
Cependant, une source chypriote « de haut rang » a déclaré à Reuters que les systèmes d’origine russe devaient être remplacés car ils ne pouvaient pas être entretenus et modernisés.
« C’est pourquoi nous nous tournons vers d’autres pays de l’UE ainsi qu’vers Israël. Dans ce contexte, des efforts sont en cours pour moderniser notre bouclier anti-aérien», a-t-elle déclaré, confirmant sans enthousiasme la livraison du système Barak MX, capable d’intercepter des cibles aériennes à des distances allant de 35 à 150 km.
A noter que la Grèce envisage d’acquérir un système identique, dans le cadre du développement d’une capacité de défense aérienne multicouche. Celui-ci devrait également s’appuyer sur les systèmes « David’s Sling » et SPYDER MR, également proposés par Israël.
Photo de : IAI