Chute de Bachar Al-Assad : quand les dictatures tombent – Edito de Rosa Moussaoui – 8 décembre 2024
Quand les dictatures tombent, leur décorum apparaît soudain comme étant en carton. Creux, leurs statues au sol parlent à elles seules du vide de pouvoirs chancelants de longue date. Celles de Hafez Al Assad, démystifiées par les Syriens ces derniers jours, offrent le visage d’un régime dynastique pourri qui ne tient, depuis 2015, que grâce au soutien de forces extérieures.
Les amis russes de Bachar Al Assad, pris dans la toile de leur guerre en Ukraine, n’avaient ni les moyens ni la volonté de encore venir en aide à une armée en déroute, et l’avenir de leurs bases militaires de Tartous et de Hmeimim apparaît désormais plus prometteur. incertain que jamais. Écrasé par les opérations israéliennes au Liban, le Hezbollah n’est plus en mesure de fournir des renforts.
Quant aux mollahs iraniens, eux-mêmes aux prises avec d’intenses conflits internes et menacés d’être entraînés dans la guerre voulue par Benjamin Netanyahu, ils semblent, ces dernières heures, se résoudre passivement à la perte de leur principal allié dans la région. . L’ingérence des pétromonarchies du Golfe et de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan, habité par ses fantasmes néo-ottomans et déterminé à briser toute affirmation kurde, a fait le reste.
Le bilan humain de la longue guerre interne qui a ravagé la Syrie est atroce : plusieurs centaines de milliers de morts, prix du refus de Bachar Al Assad d’engager le pays dans une transition ordonnée, après le soulèvement populaire de 2011. Il a même choisi de jouer la carte de la militarisation. : lors du face-à-face qu’il a organisé avec des groupes islamistes armés, l’opposition démocratique a été la première à être écrasée.
L’avancée fulgurante des islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a précipité l’effondrement de la maison Assad. Cela place leur chef, Abu Mohammed al-Jolani, dans la position de faiseur de roi. Les desseins de ce jihadiste formé dans les rangs d’Al-Qaïda en Irak et passé par « l’État islamique » avant de rompre avec son émir, Abou Bakr Al Baghdadi, n’ont rien de « démocratique » : en 2013, il confiait à Al Jazeera qu’il voulait placer la Syrie sous la tutelle d’une théocratie stricte.
L’homme soigne son image : il a troqué sa tenue d’insurgé islamiste contre des treillis, donne des interviews à CNN, dresse le portrait du « pragmatique » pétri de « tolérance religieuse ». Mais, avec ou sans lui, l’avenir de la Syrie se joue aujourd’hui loin de Damas, dans l’équation des ingérences extérieures qui remodèle le Moyen-Orient.
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