Chute de Bachar Al Assad, l’espoir d’une solution politique en Syrie
En Syrie, l’un des pires régimes au monde s’est effondré comme un château de cartes. Quelle leçon pour les dictateurs ! Bachar Al Assad a fui devant une coalition de forces rebelles qui n’a rencontré que peu de résistance depuis le début de son offensive il y a onze jours. Cette défaite soudaine montre que le roi était nu. Son pouvoir n’a été détenu que par la peur suscitée par une répression féroce et par le soutien de puissances extérieures – Iran, Russie et Hezbollah libanais – récemment affaiblies. Plus personne, y compris l’armée, ne voulait mourir pour lui. Sa chute est un soulagement pour des millions de Syriens qui, en même temps, craignent l’avenir.
La coalition d’opposition qui a pris le contrôle de Damas est en fait le résultat de mouvements très inquiétants, dont certains d’inspiration jihadiste. Son chef, Abu Mohammed Al Joulani (un nom de guerre), faisait partie d’Al-Qaïda avant de faire sécession. Les lauréats ont jusqu’à présent fait preuve de retenue, voire d’ouverture. Mais des écarts peuvent apparaître très rapidement. La Syrie est divisée entre des zones tenues par des factions antagonistes – Bachar Al Assad ne contrôlait pas tout le territoire. La complexité du pays, mosaïque ethnique, religieuse et politique, rend sa gouvernance délicate. Toute tentative d’imposer un régime par la force provoquera davantage de violence.
Après cinquante ans de dictature et une guerre civile atroce qui a poussé un tiers de la population à l’exil, il faut espérer que le dialogue politique prévaudra entre les Syriens. Cela dépendra aussi du jeu des puissances régionales, qui rivalisent pour étendre leur influence dans ce pays tampon. L’Iran, la Turquie, Israël et, au-delà, la Russie craignent de voir leurs concurrents prendre le dessus à Damas. Les Syriens doivent parvenir à un accord entre eux s’ils veulent mettre fin à leur propre tragédie.
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