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Nouvelles locales

La présidentielle en Slovaquie va-t-elle ramener Bratislava dans le camp de Kiev ?

Un vote national, mais pas seulement. Ce samedi, les Slovaques sont appelés aux urnes pour le second tour de l’élection présidentielle. Un vote centré sur l’Ukraine qui illustre à quel point le pays est tiraillé entre deux visions du monde. D’un côté, celle de Peter Pellegrini, président populiste du Parlement, favorable à la Russie. De l’autre, celle d’Ivan Korcok, diplomate pro-ukrainien.

Depuis octobre 2023 et l’arrivée au poste de Premier ministre du populiste Robert Fico, le pays tourne le dos à l’Ukraine. Après avoir soutenu humainement et économiquement son voisin envahi par la Russie, Bratislava remet aujourd’hui en question la souveraineté de Kiev et fait les yeux doux au Kremlin. « La Slovaquie est l’Etat le plus polarisé en termes de soutien à l’Ukraine, plus encore que la Hongrie » gouvernée par le pro-russe Viktor Orban, assure Romain Le Quiniou, co-fondateur d’Euro Creative.

Un second tour « très serré »

Proche de Robert Fico, Peter Pellegrini reste le grand favori de cette présidentielle. Mais au premier tour, il est arrivé deuxième. Ivan Korcok a arraché la première place avec 42,51% des voix et cinq points d’avance sur son adversaire. « L’écart se réduit comme un mouchoir de poche. Même si Peter Pellegrini reste favori, le deuxième tour sera très serré », prédit Romain Le Quiniou. Et d’ajouter que, dans le pays, « le bloc populiste à tendance pro-russe se trouve une fois de plus face au bloc démocratique pro-UE et pro-ukrainien ».

« Après un an sous la houlette de Robert Fico, les Slovaques reviennent peut-être un peu sur leur choix et souhaitent le montrer en votant pour un président pro-européen », soulève Carole Grimaud, experte à l’Observatoire géostratégique de Genève et fondatrice du Centre. . recherches sur la Russie et l’Europe de l’Est (CREER). A tel point que les deux candidats à la succession de Zuzana Caputova représentent chacun une partie de la Slovaquie.

Un pays, deux voix

Car le pays est « polarisé sur son identité » et s’interroge : « Suis-je plutôt slave ou pro-occidental ? », explique Romain Le Quiniou. Une question ravivée par la désinformation qui, selon de nombreux experts, a explosé ces dernières années en Slovaquie. « Ce sentiment de proximité avec les Russes a certainement été alimenté au cours de la dernière décennie et de l’annexion de la Crimée », explique Carole Grimaud. Et si, selon un sondage, plus de la moitié des Slovaques sont convaincus que l’Occident ou Kiev sont responsables de la guerre en Ukraine, « on peut se demander si la formation de cette opinion publique n’a pas été façonnée comme de la pâte à modeler depuis 2014 ». dit l’expert.

«Officiellement, la victoire d’Ivan Korcok ne changerait rien, car le président a un rôle cérémoniel en Slovaquie, contrairement à la France. Cependant, le pays aurait deux voix différentes, notamment sur l’Ukraine », explique Romain le Quiniou. Selon lui, ce succès politique permettrait surtout aux pro-européens de montrer qu’ils sont capables de renverser Robert Fico lors des prochaines élections législatives. Carole Grimaud rappelle cependant que le président slovaque peut « opposer son veto à certaines lois » et ainsi, s’il le souhaite, mettre des bâtons dans les roues du Premier ministre.

Un « spoiler » isolé

Les résultats de l’élection présidentielle pourraient également avoir des conséquences sur l’OTAN et l’Union européenne, dont la Slovaquie est membre depuis 2004. En entrant dans le camp pro-russe, la Slovaquie a créé « une deuxième voix dissonante au sein de l’Union européenne ». note Romain le Quiniou.Une deuxième voix qui pourrait être sensiblement affaiblie si, en interne, elle est politiquement contestée.

« La Slovaquie n’a pas beaucoup de poids, son aide à l’Ukraine n’est pas décisive, mais c’est un trouble-fête », résume-t-il. L’OTAN et l’Union européenne s’inquiètent également de la proximité de Bratislava avec Moscou. « Elle est évidemment membre à part entière de l’Union européenne mais depuis l’élection de Robert Fico, la Slovaquie n’a pas été invitée à plusieurs réunions importantes concernant l’Ukraine. Bruxelles a clairement peur d’une fuite d’informations», explique Carole Grimaud. Tiraillée entre l’Ouest et l’Est, Bratislava devra donc décider ce samedi dans quelle direction – et vers qui – faire un pas.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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