Goma au cœur des combats… douze ans après la première agression en novembre 2012, pourquoi les soldats M23 et rwandais attaquent-ils à nouveau la grande ville de l’est de la République démocratique du Congo? Pourquoi l’Union africaine réagit-elle avec douceur? Y a-t-il un moyen de cette nouvelle guerre mortelle? Pendant trois ans, de 2021 à 2024, Christophe Luundula a été le vice-Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères du Congo-Kinshasa. Aujourd’hui, il est sénateur et préside le comité des relations extérieures de la chambre haute.
RFI: Christophe Luundula, bonjour,
Christophe Luundula: Bonjour.
Pourquoi le M23 et le Rwanda ont-ils décidé d’attaquer Goma à la fin de ce mois de janvier?
Je pense qu’il y a les raisons suivantes. La première est que Goma est un centre économique, en particulier en ce qui concerne le commerce des produits miniers. Mais il y a une autre raison, une raison politique est la soif de l’hégémonie du président (Paul) Kagame. Il veut démontrer à la communauté internationale qu’il est le seul interlocuteur valide avec lequel il est nécessaire de traiter en ce qui concerne les questions de sécurité, la paix et même les questions de coopération avec la région des Grands Lacs. C’est comme qui dirait qu’il veut devenir le successeur du président Mobutu Sese Seko qui a joué le même rôle pendant la période de la guerre froide.
Toujours au niveau politique, en fait, il veut humilier le peuple congolais, forçant le président (Félix) Tshisekedi à négocier avec ses protégés qui constituent son cheval de Troie, le M23.
Cette attaque se produit en effet cinq semaines après l’échec de la réunion de Luanda, où Paul Kagame avait exigé que Félix Tshisekedi ouvre un dialogue avec les rebelles M23. Le président congolais a refusé, que Paul Kagame cherche aujourd’hui à imposer ce dialogue par la force?
Mais il ne l’a jamais caché, il a toujours dit qu’il n’y aurait pas de solution s’il n’y a pas de négociations directes avec le M23. Mais là, je pense qu’il a tort. Président Tshisekedi, il a des fondamentaux. Quand il dit que c’est la ligne rouge, je crois que, j’ai travaillé avec lui pendant trois ans, ce sont des lignes, pas seulement un dialogue, il y a une intégrité territoriale, une souveraineté. Je ne pense pas du tout que le président Tshisekedi accepte. Il est vraiment catégorique et il est toujours le fils de son père.
Vous pensez que Félix Tshisekedi refusera ce dialogue direct avec le M23. Mais ce qui frappe les observateurs depuis trois jours, Christophe Luundula est le refus de l’Union africaine et des trois pays qui représentent l’Afrique au Conseil de sécurité, en Algérie, en Sierra Léone, en Somalie, pour nommer le Rwanda comme un pays de solidarité de M23 Rebels dans la Attaque contre Goma. Comment expliquez-vous cette bienveillance envers le président Kagame ?
Mais c’est très simple, ce sont modus operandi, je n’ose pas dire l’ADN de laUnion africaine. Nous avons l’expérience. Nous avons connu une grave crise politique de l’époque du président Mobutu, de la Conférence nationale et ainsi de suite, l’Union africaine n’a rien fait. Il y a le grand barrage de la Renaissance qui s’oppose auEthiopieLE Soudan Et l’Égypte, l’Union africaine a mis à l’écart. Ce n’est donc pas une surprise.
En tout cas, l’Afrique a un problème pour assumer sa souveraineté. Être souverain, c’est pouvoir résoudre vos problèmes par vous-même. Par conséquent, il existe des intérêts économiques, des liens avec les multinationales et les États qui soutiennent le président Kagame et qui bénéficient du pillage des ressources naturelles de la RDC. Ainsi, les pays africains évitent de secouer, bouleversant ces états tutéliers.
En Afrique centrale, l’armée rwandaise est craint. Ara-t-elle effrayé certains pays qui, soudain, osent se mettre en colère contre Kigali?
Nous savons aujourd’hui que l’armée rwandaise est présente dans certains pays où elle protège précisément certains intérêts. Je ne veux pas agacer la sensibilité diplomatique de ces pays, il y a le MozambiqueOù elle protège ce que vous savez, il y a le Centrafricain. À BéninLE Rwanda Formez l’armée et nous pouvons continuer la série! Donc, en effet, c’est un élément qui intervient en conjugaison pour éviter d’ennuyer la sensibilité des tuteurs.
Je crois que, dans les circonstances actuelles, nous devons être un peu plus fermes au niveau des décideurs. Et je crois que, en ce sens, tous les mécanismes de vérification qui ont été mis en place n’en valent pas la peine. Ils doivent être remplacés, à mon avis, par un système de garanties mutuelles. Qu’est-ce que je veux dire par là? Si nous pouvons déployer le long de la frontière entre la RDC et le Rwanda une force tampon internationale, garantie par le Conseil de sécurité, l’Union européenne et peut-être l’Afrique au Conseil de la paix et de la sécurité, cela peut permettre au Rwandais de sortir et que cette force garantit que Il n’y aura pas d’incursions.
Parce que le Rwanda parle de FDLR. Comment de notre côté, le Rwanda sortira, le M23 se repliera, entrera dans ses positions d’antan, et cette force créera les conditions de dialogue avec le Rwanda. Vous devez ouvrir cette perspective, me semble-t-elle.
Christophe Luundula, merci.
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