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Christophe Bouchet, candidat à la présidence de la LFP, veut redonner le pouvoir aux clubs

Parmi les candidats (*= qui briguent l’un des trois postes indépendants au conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP), il est l’un de ceux qui possède l’expérience la plus complète dans le monde du football. Ancien président de l’OM (2002-2004) et ancien directeur de Sportfive, agence de marketing sportif où il a commercialisé les droits commerciaux et TV pendant plusieurs années, Christophe Bouchet (61 ans) a une vision claire de la direction du football professionnel français.

Comme il l’a fait vendredi dernier pendant plus d’une heure devant l’Union des acteurs du football (UAF), il présentera jeudi après-midi ses réflexions et ses idées à l’assemblée de Foot Unis. Il n’aura cette fois que quinze minutes, comme les autres candidats en théorie, pour convaincre les dirigeants qu’il mérite d’obtenir leur parrainage, une condition condition sine qua non (avec celui du Syndicat des Acteurs du Football) dans l’espoir de se présenter ensuite à l’élection à la présidence de la LFP.

Christophe Bouchet, s’il obtient l’un des trois sièges indépendants, briguera la présidence de la Ligue en remplacement de Vincent Labrune, dont il critique régulièrement la gestion de la LFP et du football français depuis plusieurs années et qu’il considère comme responsable des déboires du football français. Pour tenter de la relancer, l’ancien journaliste de laAFP ou de Nouvelles observations Nous avons réfléchi et défini cinq priorités à mettre en œuvre rapidement.

Évaluer le produit de football

« Le premier c’est de bousculer le produit football qui n’est plus consommé comme il y a 10 ou 20 ans. La L1 n’est plus une obligation pour un diffuseur, c’est un sujet important mais plus obligatoire, il nous l’a dit. Le football professionnel n’a pas connu le changement d’époque. Le football pense toujours que le monde tourne autour de lui. C’était vrai mais ce n’est plus vrai. Il doit revoir son produit et proposer des innovations aux téléspectateurs en leur offrant de l’humanité. Le football ne se filme plus comme dans les années 90. Les concurrents de la L1 ne sont pas la Série A ou la Liga mais Netflix ou Apple TV. Aujourd’hui dans une famille, on discute de l’abonnement à choisir. Et que veut un diffuseur ? Que le football leur apporte de nouveaux abonnés, mais ce n’est plus le cas.

Renégocier avec CVC

La deuxième priorité de Bouchet est d’entamer des discussions avec CVC, le fonds à l’origine de la création de la société commerciale de la LFP grâce à son apport de 1,5 milliard d’euros en échange de 13% de ses revenus à vie. « Nous ne pouvons pas demander à CVC de réduire son pourcentage de revenus, mais avec le temps, je pense qu’il est possible de négocier, explique Bouchet. C’est une condition condition sine qua non pour la survie des clubs. CVC a fixé une durée en Espagne, il peut faire la même chose en France sinon c’est une bombe à retardement. Les dirigeants de CVC voient bien qu’ils sont face à un problème et que ce que Vincent Labrune leur a promis ne fonctionne pas, soit parce qu’il leur a menti, soit parce qu’il s’est trompé. Il faut trouver une autre articulation. Deuxièmement, il faut renégocier la durée du contrat de CVC.

Donner aux clubs un siège au conseil d’administration de la LFP Media

La troisième priorité de Bouchet est de redonner leur souveraineté aux clubs, notamment en leur donnant un siège au conseil d’administration de la société commerciale de la Ligue. « Ce n’est pas le cas actuellement où siègent sept personnes : un représentant de la Fédération sans droit de vote et six autres avec droit de vote, trois du fonds et trois de la Ligue, poursuit Bouchet. Les clubs doivent être là. Il est inconcevable qu’ils ne soient pas là.

Réformer la gouvernance

La quatrième priorité va dans le même sens avec la volonté de mettre davantage les clubs au cœur des décisions de la Ligue. Plusieurs membres du CA actuel regrettent que des décisions soient prises avant les réunions. « Le CA est une simple chambre d’enregistrement, dit aussi Christophe Bouchet. Il faut que cela devienne un lieu de vrais échanges et de débats et qu’il y ait un droit de regard sur les contrats signés par la LFP, un peu comme avant avec la commission marketing à mon époque. On est plus intelligent ensemble que seul. » Bouchet espère également, dans le cadre de sa réforme de gouvernance, que le président de la Ligue ne soit plus le président de LFP Media, la filiale commerciale de l’instance, comme c’est le cas aujourd’hui avec Vincent Labrune à la tête des deux entités.

Réduire de moitié les trois salaires les plus élevés de la Ligue

« Aujourd’hui, les trois plus gros salaires de la Ligue et de la LFP Media coûtent 3 millions d’euros facturés chaque année, annonce l’ancien maire de Tours. Je propose de la diviser par deux et de la ramener à 1,5 million d’euros par an, soit environ 400 000 euros par an pour chacun des trois administrateurs avant charges. Je rappelle que la LFP est une sous-délégation de service public et qu’à ce titre, sa rémunération devrait être celle des grands patrons des sociétés de service public qui ne dépassent pas 400 000 euros. La situation du football français nécessite une réduction des coûts, il faut donc limiter les charges, cela commence par baisser les salaires.

En conclusion, Christophe Bouchet tire un constat plutôt pessimiste. « Le niveau économique du football professionnel français a baissé mais il peut encore baisser significativement, il a peur. Dans un an, DAZN n’aura pas 1,5 million d’abonnés et la valeur des droits du foot français sera donc encore moindre que maintenant. Les droits ont certes baissé partout en Europe comme l’a dit Vincent Labrune mais pas comme ceux du foot français. Son rétablissement sera long. Les clubs sont prévenus, s’ils sponsorisent à nouveau Labrune après ses quatre dernières années où le président de la Ligue s’est disqualifié en prenant une série de mauvaises décisions, c’est qu’ils lui donnent quitus. Ils seront alors responsables de ce qui se passera dans le futur. Ce discours offensant sera-t-il partagé ce jeudi ?

Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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