STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP via Getty Images
Christine Angot, ici en octobre 2021, à Paris.
LÉGION D’HONNEUR – » Nous avons changé d’époque. Mais ils n’ont pas changé d’époque. » Ces propos sont ceux de Christine Angot qui, dans une tribune publiée sur le site du journal Libérerce vendredi 12 avril, dénonce la décision d’avoir décerné la veille à Thierry Ardisson la Légion d’honneur.
» L’humour-humour est le type de « service public » que la télévision française rend à la société chaque samedi soir depuis tant d’années et qui est aujourd’hui honoré par les mains du Président. », écrit l’auteur français. Avant d’ajouter son texte fort à lire en intégralité ici : « Dans un système où la respectabilité est indexée sur la richesse, la force, le pouvoir, ceux qui les détiennent ne peuvent recevoir que de l’admiration, des sourires, des médailles, la Légion d’honneur. »
Ce jeudi 11 avril, Thierry Ardisson a été décoré de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron à l’Élysée pour ses activités de présentateur et producteur de films, au même titre que plusieurs autres personnalités françaises, comme la chanteuse Sheila ou le compositeur Vladimir. Cosma.
Une décision dénoncée par Christine Angot. Traité de « putain » Dans Le masque et la plume sur France Inter à la fin des années 1990, elle a longtemps été traînée dans la boue par les médias, et notamment par l’animateur controversé. Sous la menace d’une gifle de Laurent Baffie, des moqueries indécentes du présentateur et de son équipe autour de l’inceste dont elle a été victime, on la voit quitter le plateau de Tout le monde en parle en direct.
« Macron le donne, le gifle »
La scène – d’une violence incroyable – est montrée dans Une famille, son premier film, en salles depuis mars. Elle le restitue dans les colonnes de Libérer : » Quand Ardisson m’a invité en 2000 pour « Quitter la ville », le livre ne marchait pas et la presse n’était pas bonne. Et c’est la gifle. Ils ont lu des phrases insultantes qui parlaient dans la presse, à mon sujet et à connotation sexuelle. J’essaie de répondre. Baffie crie : « Je parle Christine : tu m’écoutes sinon je te gifle. » » Une scène que l’on peut voir à la 3ème minute 45 de cette vidéo.
Elle poursuit : « Le duo de l’époque était Ardisson-Baffie. Là, le duo, c’est Ardisson-Macron. Thierry Ardisson a reçu le 11 avril la Légion d’honneur des mains du président de la République. C’est une gifle. (…) Macron le donne, le gifle. »
Les propos de l’auteur contribuent, comme son film, à dénoncer la minimisation de l’inceste en France. En 2020, un Français sur dix se disait victime, soit environ 6,7 millions de personnes. Une statistique en hausse. En 2009, le nombre de victimes atteignait 2 millions, selon une étude Ipsos. Les chiffres et son documentaire rappellent que l’inceste est l’affaire de tous.
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