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Christian Tein élu président d’un FLNKS divisé

Christian Tein, chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), soupçonné par les autorités d’avoir fomenté les troubles qui déchirent l’archipel depuis mai, a été nommé samedi 31 août président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), parti historique des indépendantistes calédoniens.

Pour le FLNKS, ce geste est destiné « symbolique »son nouveau président étant en effet incarcéré depuis fin juin à la prison de Mulhouse (Haut-Rhin), mis en examen, notamment pour « complicité de meurtre » Et « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ou d’un délit ». Se défendant d’avoir participé aux violences, il se définit lui-même aujourd’hui comme un « prisonnier politique ».

Mais si les militants présents au congrès du FLNKS qui s’est tenu à Koumac (nord de la Nouvelle-Calédonie) louent la « direction » et le côté « unificateur » de cet homme issu d’une famille de chefs traditionnels du Sud engagés de longue date dans la lutte pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, ce choix ne fait pas l’unanimité parmi les composantes du mouvement indépendantiste.

Christian Tein « est responsable du CCAT, des émeutes, des destructions et des incendies »

Deux formations – sur les quatre regroupées au sein du FLNKS – ont refusé de participer au congrès de Koumac, dénonçant « l’absence de débat sur la stratégie de base que le FLNKS devrait poursuivre. » Au cœur des débats se trouve notamment le rôle du CCAT, créé par l’Union calédonienne (UC) – principale composante du FLNKS – dont la radicalité suscite de fortes réserves au sein du Parti de libération kanak (Palika) et de l’Union progressiste en Mélanésie (UPM).

Dans un communiqué publié le 24 août, le président de la Palika de la province Nord, Paul Néaoutyine, a ainsi ciblé le CCAT, dénonçant ceux qui « usurper l’acronyme FLNKS dans une stratégie de chaos décidée par une seule composante du FLNKS”. Le parti a averti en même temps que les décisions du congrès ne seraient pas contraignantes. « en aucun cas le Palika ».

Le président de l’UPM, Victor Tutugoro, souligne également que son parti « ne se reconnaît pas dans les décisions prises ». « Nous savons très bien que c’est (Christian Tein) le chef du CCAT, des émeutes, des destructions et des incendies qui ont été commis ces derniers mois et qui continuent encore »il explique, mettant en garde contre une « implosion du FLNKS »dont son parti avait été cofondateur en 1984.

« Consensus » et « voie médiane » contre « stratégie du chaos »

Signe des tensions au sein du mouvement indépendantiste, Roch Wamytan, président du Congrès de Nouvelle-Calédonie depuis 2019, n’a pas été réélu, jeudi 29 août, à la tête de l’organe législatif des institutions de l’archipel. Au second tour, les 26 voix (sur 54) des loyalistes sont allées à Veylma Falaeo, candidate de L’Éveil océanien.

Ce petit parti (3 voix), qui défend les intérêts de la collectivité de Wallis et Futuna, était jusqu’ici proche des indépendantistes mais s’inquiétait de la stratégie de violence prônée par le FLNKS.

« Leurs avertissements n’ont pas été entendus », a convenu Pierre-Chanel Tutugoro, tandis que la nouvelle présidente du Congrès a annoncé qu’elle voulait défendre la « consensus » et le « voie médiane » pour un archipel encore déchiré par la violence et où les communautés sont encore isolées par des barrages.

Les loyalistes tendent la main aux séparatistes modérés

Par ailleurs, alors que le FLNKS a fait le choix du radicalisme avec l’élection de Christian Tein à sa tête, les loyalistes tendent aujourd’hui la main à ceux qui apparaissent comme modérés au sein du mouvement indépendantiste.

« Nous allons proposer à Calédonie ensemble (loyalistes modérés, ndlr)au rassemblement (parti historique des loyalistes, NDLR)au Réveil Océanien mais aussi au Palika, que tous ceux qui sont dans une logique de reconstruction de la Nouvelle-Calédonie puissent travailler ensemble”, assure Gil Brial, président du Mouvement populaire calédonien (droite anti-indépendantiste).

Il y a urgence, car la situation économique de la Nouvelle-Calédonie est précaire. La veille de l’élection de Veylma Falaeo à la tête du Congrès, cette dernière avait demandé à l’État français d’inscrire dans le projet de loi de finances pour 2025 une aide de 4,2 milliards d’euros pour « assurer le salut du pays » Et « pour commencer sa reconstruction ».

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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