Christian Béraud : « Il faut intervenir plus fortement pour soutenir le commerce local »

Les fermetures de dizaines de magasins de prêt-à-porter et de chaussures, avec la perte de milliers d’emplois qu’elles entraînent, sont aussi des drames pour les villes. Christian Béraud, maire d’Arpajon, vice-président de l’agglomération Cœur d’Essonne en charge du commerce et de l’emploi, et membre de l’association Centre-ville en mouvement, nous livre son analyse et ses solutions.
Quel regard portez-vous sur les nombreuses fermetures de magasins de prêt-à-porter ?
C’est un mouvement fondamental que l’on observe depuis un certain temps. Plusieurs facteurs expliquent cela, comme l’essor du e-commerce, les difficultés financières et de gestion de certaines chaînes de vêtements… Et le Covid a grandement accentué tous ces problèmes. Ces derniers temps, la hausse des prix a fait que les ménages vont d’abord à l’alimentation, à l’essentiel, donc la baisse du pouvoir d’achat n’a pas aidé l’activité de prêt-à-porter. Voilà pour le tableau général. Ensuite, les grandes enseignes qui ferment leurs magasins les unes après les autres étaient plus présentes dans les grandes villes ou les centres commerciaux. Les enseignes des centres-villes petites et moyennes sont le plus souvent indépendantes, qui proposent un choix vestimentaire moins standardisé. Ils doivent également vendre moins de volume que les grandes marques. Du coup, même s’ils éprouvent des difficultés, ils résistent mieux.
Que faire pour revitaliser les centres-villes ?
Nous devons développer des centres plus agréables, dans lesquels nous aimons nous promener. Mais c’est difficile. C’est un sujet d’aménagement du territoire, de mobilité et d’accessibilité, mais aussi de logement. Il ne suffit pas d’avoir de belles boutiques au rez-de-chaussée, les appartements du dessus doivent aussi être attractifs. Un centre-ville est un véritable projet économique et social. Pour cela, le programme « Action cœur de ville » apporte un soutien déterminant. Il est également important d’arrêter le développement des zones commerciales en périphérie, qui, de surcroît, sont souvent implantées sur des terres agricoles, alors qu’il faudrait défendre les circuits courts.
Mais l’évolution des modes de consommation, vers toujours plus de e-commerce, me semble inéluctable. Et puisque c’est là, que les habitudes sont prises, autant pour essayer de le contrôler, de le surveiller, plutôt que de s’épuiser à le combattre.
Vous songez à encourager les plateformes de commerce électronique locales ?
Absolument. Cela aurait vraiment du sens de proposer des produits en ligne présents dans les magasins physiques de nos villes, pour défendre les produits locaux et l’emploi, quand l’essentiel de ce que nous achetons sur les grandes plateformes vient de Chine. On a commencé à parler de ce genre d’outil pendant le Covid, mais c’est une évolution que les petits commerçants n’ont pas vraiment prise. Ce type de plateforme ne se conçoit qu’à l’échelle d’un territoire. Par ailleurs, les intercommunalités pourraient intervenir plus fortement pour soutenir le commerce local, car elles laissent trop souvent les communes agir seules.
Grb2