Categories: Nouvelles locales

choisis Dieu pour te construire

Les parents d’Anatole lui ont laissé le choix. Son père, athée, et sa mère, catholique, ne l’ont pas fait baptiser lorsqu’il était enfant. Au collège, Anatole rejoint l’aumônerie de son plein gré. A 14 ans, il prend sa décision : il veut se faire baptiser. Nous sommes samedi 11 mai, en plein milieu de la Frat, le pèlerinage des collégiens d’Île-de-France qui a réuni plus de 11 000 jeunes de 4e pour la Pentecôte.e et 3e, qu’il reçoive le sacrement qui l’introduit dans l’Église. Aux côtés des neuf autres catéchumènes de son âge, il crie à l’assemblée de ses pairs : « Je crois ! »

Le baptême d’Anatole s’inscrit dans un mouvement de fond : en 2024, la Conférence des évêques de France (CEF) a enregistré plus de 5 000 catéchumènes âgés de 11 à 17 ans, soit 50 % de plus que l’année précédente. L’enfance en arrière-plan, encore loin d’être une adulte, l’adolescence est un « pont de phase », » a décrit le pape François lors de l’ouverture du congrès pastoral du diocèse de Rome en juin 2017. « Les adolescents ne viennent ni d’ici ni de là-bas, ils sont en route, en transit. »

Foi assumée et questions existentielles

En cette période exploratoire, le choix de la foi est donc une décision personnelle et courageuse. « Il n’y a plus personne pour nous dire quoi croire » note Émilie, 14 ans, en faisant référence à ses parents qui l’emmenaient de temps en temps à la messe lorsqu’elle était petite. Avant de quitter Frat, l’adolescente fait le point sur le week-end avec ses amis et Antoine, 24 ans, l’un des animateurs de leur groupe. « Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre en arrivant » avoue la jeune fille. Antoine sourit. Il se souvient des adolescents peu convaincus qu’il accompagnait dans le bus le vendredi soir précédant le rassemblement. Deux jours plus tard, ils ont tous – Antoine compris – la voix cassée, et le cœur rempli des rencontres et des moments forts du week-end. Émilie se surprend : « Mon moment préféré ? La veillée d’adoration, qui m’a beaucoup ému. »

« Je suis marqué par la grande soif spirituelle des adolescents » » partage le père Nicolas Joli. L’aumônier des Apprentis d’Auteuil du Val-d’Oise, organisateur du VTT 95 pelé, a fait des aveux non-stop tout le week-end. Dans sa paroisse de Sannois (Val-d’Oise), le curé accueille de plus en plus d’adolescents « curieux de Dieu » qui, après s’être renseigné auprès d’influenceurs chrétiens sur les réseaux sociaux, pousse la porte de son église. « Leurs questions sont très directes, très simples. » témoigne le prêtre, qui identifie de nombreuses questions existentielles : « Le salut, la vie, la mort, le Ciel et la terre sont des questions qui travaillent sur eux », note le curé.

Héritage de parents mis à distance, l’adolescence est un âge de « qui suis-je ? « . La recherche de réponses est personnelle, mais elle s’appuie également sur les points de vue et les questions de leurs pairs. « Et vous, quelle est votre religion ? » A l’école, ils ont grandi avec des amis musulmans dont le quotidien est imprégné de leur religion. En tant que minorité, les adolescents catholiques auraient-ils plus de difficultés à assumer leur foi parmi leurs pairs ? « Je n’ai aucune difficulté à dire que je suis chrétien, Nathan, 16 ans, nie. D’ailleurs, tout le monde le sait, et les gens viennent me poser des questions. » Le lycéen est sûr de lui : Dieu est au centre de sa vie. Occupé par ses compétitions de tennis, il n’a pas l’habitude d’aller régulièrement à la messe, mais il dit prier avec ferveur chaque jour.

Dieu, un compagnon pour grandir, se fortifier et espérer

«Je parle à Dieu le soir. J’ai l’impression qu’il m’appelle pour faire le bien autour de moi, confie l’adolescent, qui cherche d’abord à vivre sa foi de manière très pratique. A notre âge, je trouve qu’on se parle très mal. Alors, au lycée, j’essaie de résoudre les conflits, d’apporter un peu plus de bienveillance… »

Quand la bienveillance est absente des couloirs du lycée, Martina, 16 ans, puise dans sa foi pour prendre confiance en elle. « Quand je n’ai pas vraiment l’impression de m’intégrer ou d’appartenir à certains groupes, je pense à Dieu qui m’aime tel que je suis, et je sais que je n’ai pas besoin d’être quelqu’un que je ne suis pas pour plaire aux autres. . » Lorsqu’elle traverse des moments de doute, de colère ou d’exclusion, Martina se retrouve dans la vie du Christ. « C’est presque rassurant de voir que, comme nous, il a vécu des moments difficiles, très humains. »

Pour ces adolescents qui tentent de tracer leur propre chemin, Dieu apparaît comme un compagnon de voyage… Un peu fiable. « Je ne crois pas en Dieu aussi dur que le fer, » avoue Chloé, lycéenne de 16 ans, responsable de la pastorale dans son école de Nancy. Mais j’aime l’idée d’avoir une présence rassurante près de chez moi. » Un sentiment d’autant plus important pour la jeune fille, qu’elle vit entre ses deux parents divorcés. «Ça remplace en quelque sorte un père. C’est une présence qui m’entoure, mais qui me donne aussi la force de m’affirmer. » assure l’adolescente, admettant qu’elle manque de confiance en elle.

« Le baccalauréat en fin d’année, les études supérieures qui approchent, ne pas être sûr de ce que je veux faire… La période est assez instable, elle explique. La foi, et le cadre de valeurs qui l’accompagne, me permet de m’accrocher à quelque chose de tangible. Quels que soient mes choix, à condition de les faire avec cohérence, je suis sûr de faire le bien. »

La foi permet aussi à ces adolescents préoccupés par le changement climatique, « de nombreux conflits dans le monde », et profondément touchés par la pauvreté qu’ils peuvent observer autour d’eux, à se projeter dans « le monde des adultes » avec espoir. « Quand je prie, j’espère intensément que les choses changent, que les gens prennent conscience des vrais problèmes » Livre de Chloé. Un espoir qu’il est crucial, pour Martina, de vivre en groupe : « C’est très important pour moi de partager ma foi et de vivre ces valeurs collectivement, comme dans un camp scout. »

Une foi collective

A l’ère des remises en question, Xavier de Verchère, aumônier national des Scouts et Guides de France, constate que « les jeunes ont du mal à entrer dans des propositions purement rituelles ou normatives », comme la messe paroissiale classique. En revanche, ils recherchent des moments forts, vécus collectivement, entre jeunes du même âge. « Ils n’ont pas peur de parler de leur foi, dit l’aumônier. Il faut simplement créer les conditions de confiance pour leur permettre de le faire. »

« La foi se découvre grâce aux autres, ajoute Agnès Charlemagne. C’est pourquoi l’Église est Église. » Formatrice pastorale à Marseille, elle travaille depuis vingt ans à concevoir des outils adaptés aux adolescents, pour leur permettre de parler de leur foi, et, plus largement, de leur spiritualité. « On ne peut pas proposer aux adolescents qui jettent tout un catéchisme purement descendant. » Dans ses ateliers « Où es-tu ? », Agnès Charlemagne part donc des questions des adolescents et les laisse d’abord interagir les uns avec les autres.

Dans la discussion, le rôle joué par l’adulte est celui du témoin. « C’est à nous de leur dire : ‘Je me suis aussi posé cette question il y a quarante ans.’ Voici les réponses que j’ai trouvées en cours de route. Qu’en penses-tu ? » » Un témoignage qui doit aider le jeune à s’extérioriser et à donner du sens à ses interrogations. « Le rôle de l’aumônier est d’offrir des paroles, une parole de Dieu, ou la vie d’un saint. Nous venons apporter des clés de lecture pour révéler cette intensité vécue », ajoute le père Nicolas Joli, qui accompagne chaque été les jeunes dans un pèlerinage à vélo.

A l’inverse, les adultes ont beaucoup à apprendre de la foi complète et spontanée de ces jeunes. À travers eux, « c’est Dieu qui nous parle », insiste le père Xavier de Verchère. Car en remettant en cause les édifices de la foi et son Église, c’est le baptême de leur interlocuteur qu’ils remettent en question. Et qu’ils donnent vie. « Ce qui me touche chez les adolescents, note encore Agnès Charlemagne, c’est qu’ils expriment à haute voix ce que nous, adultes, n’osons plus vivre. »

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.

Recent Posts

On dit qu’un peuple sud-africain aurait dessiné un animal éteint des milliers d’années avant leur ère… à partir d’un fossile

Il vivait il y a plus de 200 millions d'années, et aurait disparu bien avant l'apparition des premiers humains. Un…

10 secondes ago

Les Panthers sont l’équipe « tordue » de la NFL

Il y a des moments où l'on cherche une manière éloquente de dire quelque chose, mais il n'y a qu'une…

6 minutes ago

5 raisons pour lesquelles votre travail de député européen est moins amusant qu’avant – POLITICO

1. Adieu aux groupes d'amis À l’époque (c’est-à-dire en 2022), il était possible de montrer son enthousiasme pour un pays…

8 minutes ago

Nike change de PDG et rappelle un ancien employé de l’entreprise pour relancer l’activité

En perte de vitesse, l'immense groupe américain de vêtements et équipements sportifs Nike a annoncé, jeudi 19 septembre, le départ…

10 minutes ago

Quand le divorce d’un couple de milliardaires russes se transforme en fusillade meurtrière au siège de leur entreprise

Le mari de la riche patronne de Wildberries a été arrêté et inculpé jeudi de « meurtre », selon ses…

10 minutes ago

Quand le divorce d’un couple de milliardaires russes tourne à la fusillade meurtrière au siège de l’entreprise – La Voix du Nord

Quand le divorce d'un couple de milliardaires russes se transforme en fusillade meurtrière au siège de leur entrepriseLa Voix du…

12 minutes ago