Chili : l’ex-maire de Recoleta Daniel Jadue libéré de prison

Le Tribunal de Garantie III de Santiago du Chili a annulé ce lundi la détention provisoire de l’ancien candidat à la présidence, Daniel Jadue. Après près de trois mois derrière les barreaux, l’ancien maire de Recoleta (municipalité du secteur nord de la capitale) et leader du Parti communiste chilien a été libéré de prison avec placement en résidence surveillée.

Il est dans le viseur de la justice dans le cadre de l’affaire de corruption présumée dans sa gestion à la tête de l’Achifarp, l’association chilienne des municipalités et des pharmacies populaires. Un coup monté dans une affaire manipulée par l’oligarchie politique et médiatique pour ternir l’image et détruire le leadership d’une personne considérée comme un danger pour ses intérêts » a expliqué Hugo Gutierrez, membre de son équipe de défense, à L’Humanité en juillet dernier.

 » Daniel Jadue est persécuté parce qu’il est communiste et développe des politiques anti-néolibérales « , a insisté Gutierrez, non sans rappeler que celui qui était à la tête de la mairie de Recoleta depuis 2012 (il a été démis de ses fonctions suite à son incarcération) est un habitué des procédures judiciaires à des fins politiques (stratégies de « lawfare » largement utilisées par la droite latino-américaine). En douze ans de mandat, Daniel Jadue a en effet déjà été la cible de plusieurs dizaines de procédures, avec à chaque fois un objectif très clair : tenter de paralyser ce qu’il symbolise. C’est-à-dire un projet populaire représentant une alternative concrète au modèle néolibéral chilien, hérité de la dictature d’Augusto Pinochet.

Persécution politique

Dans l’affaire Achifarp, Daniel Jadue est poursuivi pour corruption, administration déloyale, fraude fiscale et même escroquerie. Mais derrière ces accusations très graves, il y a un dossier fragile et, surtout, une politique sociale municipale en faveur des classes populaires : Daniel Jadue avait mis en place un système facilitant l’accès aux soins de ses administrés en ouvrant la première pharmacie municipale du Chili.

Ainsi, dans un pays où la sécurité sociale n’existe pas et où le secteur pharmaceutique est un business lucratif contrôlé par de grands groupes privés, Jadue et son équipe municipale avaient osé faire du droit à la santé une réalité, en fournissant à ses citoyens des médicaments à un coût jusqu’à 70 % inférieur à celui du marché ! En deux ans, près de cent cinquante municipalités avaient suivi son exemple, donnant naissance à Achifarp, dirigée par Jadue. Ils me jugent pour notre gestion révolutionnaire », avait réagi à X l’intéressé, le 3 juin, lorsque la juge Paulina Moya avait décidé de sa détention provisoire.

«  La mesure d’emprisonnement était totalement disproportionnée et irrationnelle « , a déclaré lundi Hugo Gutierrez, soulignant la faiblesse du dossier et le manque de preuves incriminantes. Une décision de justice rétablit la dignité de Daniel Jaduea ajouté Juan Carlos Manriquez, également membre de l’équipe juridique du parti communiste. Cela confirme son honnêteté et son intégrité (…) et rétablit la vérité (dans ce cas) : il n’existe aucune preuve sérieuse suggérant que Jadue ait administré l’Achifarp avec autre chose que l’intérêt commun en tête ou qu’il ait causé un préjudice (à l’intérêt général) « , a insisté son avocat. Pour lui, il n’y avait aucun doute : le tribunal avait levé tous les doutes sur ces points, et «  a confirmé que Jadue est innocent, comme nous l’avons toujours dit « De son côté, le comité international de soutien à l’ancien maire a indiqué qu’il continuerait à poursuivre ses actions pour favoriser sa défense dans cette affaire.