Chez Renault, une page se tourne dans l'ingénierie
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Chez Renault, une page se tourne dans l’ingénierie

Chez Renault, une page se tourne dans l’ingénierie

Ce départ était convenu en interne depuis le début de l’année, mais il sera difficile à digérer pour Renault. Le constructeur français a annoncé mercredi que Gilles Le Borgne, directeur de la technologie et numéro deux officieux du groupe, quitterait son poste fin août.

Selon le communiqué, il est « appelé à d’autres fonctions stratégiques » auprès du patron, Luca de Meo, qui selon une source couvrirait un rôle de conseil. Le dirigeant italien l’a « chaleureusement remercié » pour sa contribution au redressement du groupe. « Il a su remettre en marche notre ingénierie, retrouver de l’efficacité », a-t-il salué.

« Quand j’ai été embauché, j’ai dit que c’était pour un cycle de quatre ou cinq ans, explique Gilles Le Borgne aux « Echos ». Nous avons remis l’entreprise sur pied, reconstruit les voitures et remporté le prix de la voiture de l’année avec le nouveau Scénic. Rester aurait signifié recommencer un cycle de cinq ans, un cycle qu’il aurait fallu maintenir à 100 % jusqu’au bout », explique-t-il.

Économies d’échelle

Agé de 61 ans, marin à ses heures, Gilles Le Borgne a fait carrière chez PSA, le meilleur ennemi du Diamant, pendant une trentaine d’années.

Son fait d’armes ? La constitution de « familles », avec une « voiture mère » et des « voitures filles », un système qui permet de concevoir des modèles de différentes marques avec un pourcentage très élevé de pièces communes – source d’économies d’échelle qui ont contribué au sauvetage de la maison Peugeot. En désaccord avec Carlos Tavares sur certains choix stratégiques, il a quitté PSA au printemps 2019, après la digestion éclair d’Opel.

Jean-Dominique Senard, le président de Renault, a immédiatement flairé une opportunité. Il l’a convaincu de venir dans la maison d’en face, à un moment où celle-ci traversait une série de crises et où les allées et venues entre les deux pans de l’industrie automobile française n’avaient jamais été aussi nombreuses. L’ingénieur breton a relevé le défi.

Arrivé en janvier 2020 à Boulogne-Billancourt, six mois avant Luca de Meo, il lance aussitôt la refonte de l’ingénierie du Losange, identifiant 800 millions d’euros d’économies sur les 2 milliards décidés quelques semaines avant l’arrivée du nouveau PDG.

Triumvirat

Depuis, il a joué un rôle clé dans la traduction des orientations stratégiques décidées par le leader italien dans les faits, qu’il s’agisse du passage à des véhicules centrés sur le logiciel (un projet stratégique mais qui oblige les constructeurs à s’éloigner de leurs compétences de base) ou du raccourcissement du temps de développement d’une nouvelle voiture, ramené de quatre à trois ans avec la nouvelle génération de modèles (R5, R4, etc.). Très respecté dans le secteur, il a été récompensé en 2020 par le prix de l’Homme de l’année par « Le Journal de l’Automobile ».

Comme le notait il y a quelques jours Philippe Houchois, analyste chez Jefferies, le succès actuel de Renault repose en partie sur « le bon équilibre entre un PDG très fort sur le produit, Gilles Le Borgne qui sait maîtriser les coûts, et le calme et l’expérience du président Jean-Dominique Senard ».

Ce sera à Philippe Krief de prendre la relève. Le patron de la marque de sport Alpine se verra confier ce rôle à partir du 1euh En septembre, il prendra la direction de l’ingénierie du groupe, qu’il combinera avec ses fonctions actuelles.

Arrivé l’an dernier dans le groupe en provenance de Ferrari, il jouit d’une bonne réputation et a pris ses fonctions avec succès chez Alpine. Mais il devra gérer le plan de développement très audacieux de la marque (lancement de sept modèles en sept ans, expansion sur les marchés américain et asiatique…), poursuivre la transformation de l’ingénierie et concrétiser les différents partenariats avec Geely, le nouveau partenaire de Renault.

Plusieurs projets cruciaux sont encore en cours. Le premier « véhicule logiciel » n’est pas attendu avant 2026. Et pour tenir la course de vitesse imposée par les marques chinoises, Luca de Meo a demandé que la future Twingo, attendue en 2026, soit développée en seulement deux ans. Philippe Krief aura certainement un emploi du temps chargé.

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