De nombreux centres ont accueilli des animaux en détresse, errant dans les décombres ou ayant fui leurs maisons en feu. Car tous les propriétaires n’ont pas pu évacuer avec leurs animaux.
Lorsqu’ils quittaient leur domicile en urgence, de nombreux propriétaires s’organisaient en toute hâte pour évacuer les lieux avec leur animal de compagnie. Mais tout le monde n’a pas pu se mettre à l’abri avec son petit compagnon, certains n’étant pas chez eux au début de ces incendies qui ravagent Los Angeles depuis plus de dix jours et qui ont coûté la vie à au moins 27 personnes.
C’est le cas de Casez Colvin, dont l’histoire a fait le tour des médias et des réseaux sociaux. Il était interviewé en direct sur la chaîne locale NBC lorsque les flammes ont atteint sa maison. « Je vois les flammes sur la colline où se trouve ma maison. J’espère que mes chiens vont bien, ils sont comme ma famille. Je ne me soucie pas de ma maison, je ne me soucie que de mes chiens. »a-t-il témoigné sous le choc, avant de fondre en larmes au micro du journaliste désarmé. Si l’un de ses deux chiens avait réussi à s’enfuir à temps, l’autre restait introuvable.
Ce n’est que cinq jours plus tard, devant plusieurs caméras, que Casez Colvin retrouve enfin Oreo, le pelage couvert de cendres, près des décombres de sa maison entièrement détruite. La vidéo montrant le Californien pleurant de joie, serrant la petite créature contre lui et criant victoire dans la rue, a ému des millions d’internautes.
Difficile d’échapper aux grands incendies
À l’approche des flammes, « les animaux s’éloignent tout en restant près de chez eux, s’ils ne trouvent pas d’autre abri »explique Stephanie Eyes, biologiste senior de la faune au Sacramento Fish and Wildlife Office de l’US Fish and Wildlife Service (FWS), dans un article relayé par le média américain Newsweek. Oreo a donc certainement adopté ce comportement.
Les animaux sauvages bougent aussi, « autour de leur zone d’origine, en évitant la fumée jusqu’à ce qu’il soit possible de revenir en toute sécurité »continue-t-elle. Des coyotes et des cerfs ont été observés errant désorientés dans le centre-ville de Los Angeles. Même si la faune californienne est habituée aux incendies de forêt, elle peut avoir du mal à se mettre à l’abri face à un incendie d’une telle intensité. « La faune s’est adaptée pour faire face à des incendies plus petits et, malheureusement, ne peut parfois pas échapper à ces récents incendies de grande ampleur »a souligné Stéphanie Eyes.
Arche de Noé
Face aux flammes, Janell Gruss a gardé son sang-froid. En quelques minutes, elle a hébergé 25 chevaux, cochons et autres vaches dans un centre équestre d’Altadena, au nord de Los Angeles, où elle et ses protégés se sont réfugiés, rapporte l’AFP. « C’est très dur pour eux parce qu’ils ne savent pas ce qui se passe. »a-t-elle confié.
Après sa fuite catastrophique, Janell Gruss fut soulagée de retrouver ce havre de paix qui prenait des airs d’arche de Noé. « Je pensais que j’allais faire partie des victimes tuées par l’incendie »murmura-t-elle. « Le dernier cheval qu’on a sorti de l’écurie, (…) c’était vraiment difficile »elle a dit. « Il y avait beaucoup de fumée, il faisait noir, je ne voyais rien. Le cheval et moi trébuchions sur des objets, des branches.
Parmi les animaux secourus et accueillis dans le centre, on retrouve des poneys, des ânes et même une vache miniature qui a fui les flammes en panique. Au total, l’établissement héberge plus de 200 chevaux, en plus des quelque 500 qui y vivaient déjà, indique la BBC. Du côté des survivants humains, les dons affluent pour les innombrables animaux touchés par le drame. « Nous n’avons jamais rien vu de pareil. »Jennie Nevin, directrice de la communication du centre équestre de Los Angeles, a déclaré à l’AFP. « La première nuit, mardi, a été très chargée et chaotique. Les gens venaient de partout (…) livrant parfois tout un chargement de chevaux sur de gros camions.»elle a décrit.
« Ce n’est que le début »
Et l’élan de solidarité s’étend bien au-delà de ce seul centre équestre. Des militants des droits des animaux, des vétérinaires et des bénévoles viennent de partout pour proposer leur aide. La Pasadena Humane Society, située dans une autre banlieue au nord de Los Angeles, a accueilli 400 animaux d’Altadena le 12 janvier. Beaucoup sont blessés, affaiblis et visiblement stressés. Comme ce chiot de cinq jours, les yeux toujours fermés, retrouvé les oreilles brûlées au milieu des ruines d’un immeuble en cendres.
Patronne de la clinique Animal Wellness Center, Annie Harvilicz n’a pas dormi un clin d’œil ces derniers jours. Le vétérinaire a proposé d’accueillir des animaux lorsque le premier incendie s’est déclaré à Pacific Palisades, un quartier chic du nord-ouest de Los Angeles. Depuis, elle est submergée par les demandes de soins et les nouveaux arrivants. On lui confie des chiens, des chats et même un lapin. Une vague de victimes qui risque de se poursuivre encore longtemps, selon elle. Les pompiers tentent de maîtriser les incendies, avec beaucoup de difficulté. « À mesure que les incendies reculent dans certaines zones, nous trouverons davantage d’animaux blessés. Ce n’est que le début »prédit-elle.
Pour les bénévoles de ces centres, voir les propriétaires retrouver leurs animaux est une expérience particulière et très émouvante. « C’est un processus vraiment merveilleux à vivre. »London Scott, fondateur du Cali Cowboy Club local, a déclaré à la BBC : « Pour pouvoir voir cela de vos propres yeux et savoir que vous avez joué un petit rôle pour que quelqu’un ait une certaine tranquillité d’esprit dans une période tragique. »
Face à cette situation d’urgence pour les animaux de la ville, dont certains errent certainement encore dans les décombres, le Fonds international pour la protection des animaux a mis en place une aide d’urgence. « Nous déployons des équipes pour retrouver les animaux blessés ou cachés, dès que nous obtenons l’autorisation d’accéder aux zones où l’incendie est maîtrisé »a indiqué Kelly Johnston, à parisien .