Marine Le Pen et d’autres responsables du parti sont jugés pour des soupçons de détournement de fonds publics européens.
Le député du Rassemblement national risque jusqu’à cinq ans de prison et d’inéligibilité.
Nous avons vérifié les accusations de « procès politique » et de « punition disproportionnée » portées par l’extrême droite.
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Informations examinées par les commissaires aux comptes
Marine Le Pen est-elle victime de « justice politique » ? Mercredi 13 novembre, le parquet a requis cinq ans de prison, dont trois avec sursis, et cinq ans d’inéligibilité accompagnés d’une exécution provisoire contre le leader de l’extrême droite française pour « complicité d’instigation » et « détournement de fonds publics ». Elle est soupçonnée, comme 26 autres prévenus, d’avoir détourné des fonds européens pour payer des assistants d’eurodéputés, qui travaillaient en réalité pour le Front national entre 2004 et 2016.
Depuis que le parquet a formulé ces réquisitions, les dirigeants du parti ont crié à la cabale judiciaire et réaffirmé leur soutien à leur ancien président. Plusieurs arguments sont avancés. Nous les avons disséqués.
Une différence avec François Bayrou ?
Le procureur aurait été bien plus intransigeant qu’avec un certain François Bayrou, dans le cadre du procès des assistants européens du MoDem. » A titre de comparaison, le procureur n’avait requis qu’un an et demi contre François Bayrou dans une affaire similaire. Marine Le Pen est clairement victime d’une justice partiale et politisée qui cherche à confisquer l’élection présidentielle de 2027 »se dispute à propos de (nouvelle fenêtre) Pierre Gentillet, avocat et militant au RN.
Il est vrai qu’une peine moindre était requise contre le président du MoDem… mais pas un an et demi d’inéligibilité. Plus précisément, 30 mois de prison avec sursis, trois ans d’inéligibilité avec sursis et 7 000 euros d’amende ont été requis il y a un an par le parquet. (nouvelle fenêtre) contre François Bayrou, jugé pour « complicité par instigation » de « détournement de fonds publics ». Mais ce ne sont pas les mêmes montants en jeu : 300 000 euros de préjudice avaient été calculés pour le parti centriste, contre près de 4,5 millions pour le RN. En février dernier, le maire de Pau a été libéré (nouvelle fenêtre) « au bénéfice du doute » par le tribunal correctionnel de Paris. A noter que le parquet a depuis fait appel (nouvelle fenêtre) de cet acquittement, s’estimant lésé par le jugement.
Un procureur partisan ?
Lors de ses réquisitions, la procureure a reconnu ne pas avoir « aucun élément » mais a toujours exclu la libération. C’est ce que dit X (nouvelle fenêtre) Sébastien Chenu, vice-président RN de l’Assemblée nationale : « Devant le tribunal, pour soutenir Marine Le Pen et le RN, le procureur a déclaré, concernant l’un des prévenus : ‘Je n’ai aucune preuve mais je ne peux pas demander la libération, ça me fait trop mal’. Quel aveu. »
Inéligibilité requise contre lui : la réaction de Marine Le PenSource : Infos TF1
03h30
Une courte phrase reprise par de nombreux élus, à commencer par Marine Le Pen en fin d’audience. Mais il a été sorti de son contexte et ciblé un cas précis : un contrat litigieux d’assistant attribué à Jean-François Jalkh, ancien député européen. Ces propos ont été retranscrits dans leur intégralité par des journalistes (nouvelle fenêtre) présent au procès. » La procureure Louise Neyton est revenue sur l’un des contrats litigieux accusés par Jean-François Jalkh. Elle a reconnu qu’elle n’avait pas grand-chose pour déterminer l’illégalité de ce contrat et avait cette formule : ‘Je ne peux pas demander une quittance (partielle).’ Cela me ferait trop de mal, alors je m’en remets à cela (à la décision du tribunal)…’
Le parquet a ainsi abordé le cas de l’assistant parlementaire de Jean-François Jalkh, un dossier mineur dans le procès du RN, comme nous l’a confirmé notre journaliste Alison Tassin, également sur place. Par ailleurs, lorsque le cas de Marine Le Pen a été évoqué, le procureur a été clair : « On voit bien que tout passe par elle, la décision revient à Marine Le Pen, l’arbitrage, la centralisation revient à Marine Le Pen. »
Une réquisition « politique » ?
Plus généralement, l’ancien président du RN serait victime d’une « justice politique » avec cette réquisition du parquet. « Si Marine Le Pen était déclarée inéligible, on atteindrait alors un niveau inédit dans le gouvernement des juges »accuse en ligne (nouvelle fenêtre) Éric Zemmour, président de Reconquête !. « Les procès politiques n’ont pas leur place dans une démocratie ! » ajoute (nouvelle fenêtre) un député RN, Guillaume Bigot.
Or, prononcer une peine d’inéligibilité est devenu obligatoire en cas de détournement de fonds publics ou d’atteinte à l’intégrité, comme nous le rappelons ici. (nouvelle fenêtre). La loi pour la confiance dans la vie politique de 2017 prévoit (nouvelle fenêtre) que« Une peine supplémentaire d’inéligibilité sera infligée, sauf décision spécialement motivée, pour les crimes et pour une série de délits touchant à la probité, dans la mesure où ces délits portent atteinte à la confiance du public. » Ce qui a également été souligné (nouvelle fenêtre) procureur Nicolas Barret : « Cette décision judiciaire d’inéligibilité n’est pas seulement légitime car prévue par le législateur et rendue obligatoire par ce même législateur. Ce caractère obligatoire s’applique également à la dissimulation et à la complicité.
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En revanche, l’applicabilité de l’inéligibilité peut être considérée comme plus sévère. Cela implique (nouvelle fenêtre) que s’il était reconnu coupable, le député ne pourrait pas se présenter aux prochaines élections en 2027, ni à aucune élection pendant cinq ans, même s’il faisait appel. Le parquet l’a justifié (nouvelle fenêtre) au nom de « prévention de la récidive » et de « protection de l’ordre public » en arguant que les faits allégués ici se sont déroulés sur plusieurs années, avant d’être interrompus par une plainte du Parlement européen. Une exécution provisoire a été demandée pour tous les autres prévenus.
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