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chaud et froid au Grand Palais


La salle majestueuse et rutilante a accueilli des tireurs enchantés et un public déchaîné. Une première réussie malgré une climatisation à outrance.

Au Grand Palais

Les escrimeurs craignaient la chaleur. Cette immense verrière transformait la salle en salle de séchage. Ce n’était pas le cas ce samedi pour la première journée du tournoi d’escrime. Épéistes féminines et sabreurs masculins se sont affrontés sous une température plus que clémente. Entre météo loin d’être estivale et climatisation poussée à plein régime. Pour un froid presque glacial au niveau des deux gigantesques tribunes, impressionnant assemblage vertical de tubulaires. Une vertigineuse forêt de métal qui ajoute à la majesté du lieu, entre ses 6 000 tonnes d’acier et sa nef située à 45 mètres du sol.

La grande verrière s’est parée d’un voile blanc. Une immense toile de 17 000 m2 pour adoucir les rayons du soleil, stopper la lumière crue, l’éblouissement étant l’ennemi des escrimeurs. Un rideau qui n’a pas suffi à Auriane Millo-Breton. L’escrimeuse française, gênée par les reflets, a interrompu ses attaques à son entrée en compétition pour faire poser un gros ruban adhésif blanc sur le haut de son masque. Elle était alors menée 5 à 0. Au prix d’un final époustouflant, la Lyonnaise de 30 ans s’est qualifiée. Poursuivant son irrésistible parcours jusqu’en demi-finale. Soutenue, poussée, portée, par un public en transe. Des tribunes de 4 000 places chacune, sont tombées des acclamations tonitruantes, des piétinements assourdissants, accompagnés d’un flot de drapeaux bleu-blanc-rouge.

Les sabreurs français Boladé Apithy et Sébastien Patrice ont joué avec ce public incandescent pour faire monter la température. Un spectacle qui ne leur a pas suffi. Deux échecs en 8et La foule a également sifflé. Pour protester contre la réaction de la Chinoise Yiwen Sun, championne olympique en titre refusant de quitter la piste après son élimination précoce par la Japonaise Miho Yoshimura. En colère contre les arbitres, elle n’a pas obtenu gain de cause. Le Géorgien Sandro Bazadze non plus. Le numéro 2 mondial a longuement contesté son élimination, 15 à 14. Il a crié sa rage, surjoué sa détresse. En vain également. Mais moins de quolibets pour lui, écarté à Orléans…


 » Je n’ai jamais vécu ça dans ma vie. Je suis dégoûté d’avoir perdu mais je suis heureux d’avoir vécu ça. C’est ma plus belle défaite »

Boladé Apithy

Deux incidents qui n’ont pas altéré la magie des lieux. Les quatre voies posées sous la nef. La structure métallique exhibant fièrement sa restauration, avec ses tons verts réséda. Les marches des impressionnants escaliers Belle Époque refaites en Comblanchien et tout aussi étincelantes. Sans oublier les dorures et les rampes en laiton brillant de mille feux. Un cadre somptueux loué par Romain Cannone. Le champion olympique d’épée à Tokyo est venu en repérage avant la défense de son titre ce dimanche. Et il a chaviré de plaisir. « Le lieu est vraiment magique. Dans ce beau monument, on ressent ce mélange d’art, de sport de haut niveau et d’histoire de France… »

Malgré la déception de son élimination en 8eset de la finale, le sabreur Boladé Apithy n’a pu que savourer la folie du pari. Vainqueur. « C’est fou ! Je vais dire à la Fédération qu’il faut organiser une compétition ici chaque année. Toute la foule te pousse avec une telle force. Tu entends les encouragements et c’est énorme. Quand je retournerai au Village ce soir, je vais dire aux autres de s’appuyer sur cette foule. Cela donne une force incroyable. Je n’ai jamais vécu ça de ma vie. Je suis dégoûté d’avoir perdu mais je suis content d’avoir vécu ça. C’est ma plus belle défaite. »s’amuse la doyenne de la sélection française, 39 ans dans un mois. Un avis partagé par la jeune escrimeuse Coraline Vitalis, poussée, elle, dès les 16es de finaleet final. « L’ambiance est tellement incroyable que j’ai ressenti un peu de pression avant mon premier match. J’avais peur de décevoir ce public extraordinaire… »

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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