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Chassés du Niger, les États-Unis redéploient leur force militaire en Côte d’Ivoire

Les forces spéciales ivoiriennes participent à l'entraînement militaire annuel anti-jihadiste « Flintlock » dirigé par les États-Unis à Jacqueville, près d'Abidjan, en mars 2023.

Abidjan a donné son accord pour l’installation d’une base militaire américaine près de la ville d’Odienné, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire, a indiqué Monde plusieurs sources proches du dossier, lundi 8 juillet. Contacté, le porte-parole du gouvernement ivoirien n’a pas souhaité officialiser l’information.

Les contours de cette future base, son personnel et la date de sa mise en service ne sont pas encore connus, mais ce site devrait constituer un nouvel avant-poste de l’armée américaine en Afrique de l’Ouest, où l’expansion des groupes jihadistes sahéliens menace les pays du golfe de Guinée.

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Le commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM) a été contraint de revoir sa posture et de repositionner ses troupes dans la région depuis que la junte au pouvoir au Niger a exigé, en mars, le départ de ses troupes du pays. Une décision prise au nom de la « la souveraineté nationale et les intérêts et aspirations du peuple »Selon les autorités de transition nigériennes dirigées par le général Abdourahamane Tiani, qui avaient déjà avancé les mêmes arguments pour exiger que les troupes françaises quittent le pays, dès leur arrivée au pouvoir, après le coup d’État du 26 juillet 2023 contre l’ancien président Mohamed Bazoum. Un accord pour un départ échelonné du millier de soldats américains avait été trouvé en mai entre Washington et Niamey. Dans le même temps, les autorités nigériennes nouaient une alliance avec Moscou et accueillaient sur leur sol des hommes de l’Africa Corps, la nouvelle force russe en Afrique.

« La meilleure option »

Dimanche, les derniers soldats américains ont quitté la base de Niamey. Leurs frères d’armes de la base aérienne 201 d’Agadez, où sont installés des équipements de surveillance aérienne et des drones de combat MQ-9 Reaper, leur emboîteront le pas d’ici le 15 Septembre. Ces dernières années, le Niger est devenu un bastion des États-Unis en Afrique et occupe une place stratégique dans leur lutte contre Al-Qaïda et le groupe État islamique au Sahel et au Sahara.

« Nous avons dû décider rapidement, détaille une source proche des services de renseignement ivoiriens. Depuis l’arrivée des juntes au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le Sahel n’est plus une option pour les Occidentaux et ce ne pouvait pas non plus être le Sénégal en raison de la posture souverainiste des nouvelles autorités. Le Bénin et le Togo ont également été envisagés, mais la meilleure option était la Côte d’Ivoire.

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Abidjan a en effet noué une étroite coopération militaire avec Washington. Les deux armées mènent régulièrement des entraînements conjoints contre le terrorisme et l’Africom organise chaque année en Côte d’Ivoire l’exercice « Flintlock », un vaste entraînement des forces spéciales de différents pays africains. Les liens se sont encore renforcés en janvier, après une visite du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken à Abidjan, au cours de laquelle il a été reçu par le président ivoirien Alassane Ouattara.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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