Charlotte Le Bon illumine Niki de Saint Phalle dans le premier film de Céline Sallette, « Niki »

L’actrice Céline Sallette a réalisé un très beau long métrage qui retrace une période de la vie de l’artiste Niki de Saint Phalle. Présenté dans la sélection Un Certain Regard, « Niki » a enchanté les spectateurs de la Croisette.

Le Festival de Cannes aime les films qui décrivent le destin des artistes. L’année dernière, Martin Provost présentait son biopic sur Pierre Bonnard et Wim Wenders dévoilait un documentaire consacré au plasticien Anselm Kiefer. Cette année, c’est la toute nouvelle réalisatrice Céline Sallette qui a foulé le tapis rouge avec Nikison premier film.

Son biopic sur Niki de Saint Phalle (1930-2002) clôturait la section Un Certain Regard présidée par Xavier Dolan. Va-t-il remporter la Caméra d’or qui récompense les premières œuvres ? Porté par Charlotte Le Bon, Damien Bonnard, John Robinson et Judith Chemla, il a déjà conquis le cœur du public.

C’est sur une période bien précise de la vie de son héroïne que Céline Sallette a choisi de braquer les projecteurs. L’histoire commence dans les années 1950, Niki (Charlotte Le Bon) fuit les Etats-Unis. Mariée à l’écrivain américain Harry Mathews, la jeune femme enchaîne les petits rôles au cinéma et les contrats de mannequin. Ils s’aiment librement, mais les démons de Niki refont régulièrement surface dans ses nuits. Au point qu’elle garde des dizaines de couteaux et d’armes sous son lit.

Son mari est inquiet et décide de l’emmener voir un psychiatre. Elle restera internée à l’hôpital de Nice pendant plusieurs semaines. À l’époque, les troubles psychiatriques étaient traités par électrochocs, mais la parole restait inhibée. Cependant, Niki conserve en elle un profond traumatisme. Enfant, la petite fille a été violée par son père.

« J’ai eu la chance de rencontrer l’art car j’avais, sur le plan psychologique, tout ce qu’il fallait pour devenir terroriste. Au lieu de cela, j’ai utilisé l’arme pour une bonne cause, celle de l’art. »

Niki de Saint Phalle

artiste

De l’incompréhension à la prise de conscience en passant par le combat, Céline Sallette décrit en trois chapitres la façon dont Niki de Saint Phalle prend vie. «Pendant des mois, j’ai lu, écouté, étudié des témoignages d’inceste et ça m’a choqué. Camille Kouchner, Charlotte Pudlowski, Christine Angot, Neige Sinno et tant d’autres… Depuis cet enfer, Niki survit avant de renaître. Elle est un exemple », explique le réalisateur.

L’actrice canadienne Charlotte Le Bon enfile avec grâce les beaux costumes et les tourments de l’artiste. Même si Niki sombre souvent dans la dépression, elle met sa rage au service de son art et de ses combats.

La mise en scène de Céline Sallette suit délicatement l’éclosion progressive de ce papillon. Tel un kaléidoscope dans lequel plusieurs reflets se superposent, la vraie Niki se révèle pleinement grâce aux artistes du mouvement. du Nouveau Réalisme qu’elle côtoie Impasse Ronsin, à Paris.

Dans cet atelier, Brancusi, Yves Klein, Max Ernst, Arman et plus d’une cinquantaine d’artistes viennent créer dans un esprit de contemplation, de dialogue et de célébration. CONTRE’Surtout, la rencontre avec Jean Tinguely (Damien Bonnard) et sa femme Eva (Judith Chemla) sera déterminante. Avec Tinguely, elle évoque sa passion pour les sculptures colorées de Gaudí, avec Eva, elle se permet de laisser couler les larmes de son chagrin. Le couple lui apporte la douceur et la conviction qu’elle est une artiste à part entière. Grâce à eux, elle s’affranchit du regard des galeristes conventionnels et invente une nouvelle façon de créer.

Genre : Biopic
Directeur: Céline Sallette
Scénario : Céline Sallette et Samuel Doux
Avec : Charlotte Le Bon, Damien Bonnard, John Robinson, Judith Chemla
Pays : France
Durée : 1h38
Sortie : Prochainement
Synopsis: Paris, 1952, Niki s’installe en France avec son mari et sa fille, loin d’une Amérique et d’une famille étouffantes. Mais malgré la distance, Niki se retrouve régulièrement secouée par des réminiscences de son enfance qui envahissent ses pensées. De l’enfer qu’elle va découvrir, Niki trouvera dans l’art une arme pour se libérer.