Changer le régime alimentaire des vaches ne réduit pas significativement leurs rots de méthane, selon les experts
L’élevage est responsable d’environ 12 % des émissions de gaz à effet de serre causées par l’homme, en grande partie à cause des rejets de méthane, le deuxième gaz derrière le CO2.
Des essais sur le terrain moins concluants que les études et moins efficaces dans le temps, l’actif cancérigène : les additifs alimentaires réduisant les émissions de méthane du bétail, comme les algues rouges ou le 3-NOP, ont leurs limites, estime un groupe d’experts. S’appuyant sur plusieurs études, ce panel de cinq universitaires et chercheurs a identifié dans un document publié le 18 mai les avantages et les inconvénients de ces compléments alimentaires qui suscitent l’intérêt des agriculteurs et des gouvernements désireux de réduire leurs émissions de méthane.
La production animale est responsable d’environ 12 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, en grande partie à travers les rejets de méthane, le deuxième gaz à effet de serre derrière le dioxyde de carbone (CO2). Cela est principalement dû au processus digestif des ruminants qui libèrent du méthane par leurs éructations. Face à ce constat, certains tentent de modifier l’alimentation de leurs vaches : remplacer une partie de leur alimentation par un type d’algue rouge réduirait par exemple leurs émissions de méthane de plus de 80 %, selon une étude américaine de 2021.
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De meilleurs résultats chez les vaches laitières
Une efficacité remise en question par ce groupe d’experts. Si les algues rouges ont réduit les émissions de méthane jusqu’à 99 % en laboratoire, l’étude de terrain la plus approfondie n’a révélé qu’une réduction de 28 % du bétail japonais, qui avait par ailleurs perdu du poids à la fin des essais. Les scientifiques soulignent également que l’ingrédient actif des algues rouges est le bromoforme, un cancérigène connu pour les animaux et peut-être pour les humains. Déjà utilisé par le géant français Bel, fabricant des fromages Babybel, Boursin et Kiri, le 3-NOP (3-nitrooxypropanol), commercialisé sous le nom de Bovaer, s’en sort mieux.
Fabriqué en chauffant du nitrate et un alcool végétal, cet additif sous forme de poudre réduit les émissions de méthane des ruminants de 30 % en moyenne, avec de meilleurs résultats chez les vaches laitières. Cependant, certains essais à long terme ont montré qu’il était moins efficace avec le temps. Les experts soulignent également qu’il n’existe actuellement aucun moyen efficace de fournir régulièrement des compléments nutritionnels aux animaux au pâturage.
Le panel est composé de Ngonidzashe Chirinda de l’Université polytechnique Mohammed VI du Maroc, Mark Howden de l’Université nationale australienne et Andy Reisinger de la Commission néo-zélandaise sur le changement climatique, qui ont tous trois participé aux travaux du groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique. (GIEC). Étaient également présents Mario Herrero de l’Université Cornell aux États-Unis et Claudia Arndt de l’Institut international de recherche sur l’élevage au Kenya.