jeIsraël s’apprête à célébrer mardi 14 mai un très sombre soixante-seizième anniversaire. Plus de sept mois après les massacres de civils israéliens par le Hamas qui l’ont déclenché, la guerre gronde toujours à Gaza, alimentant le désaveu mondial. Elle continue de semer une désolation sans précédent, alors que les objectifs fixés par les autorités israéliennes continuent de leur échapper.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait promis l’éradication des milices islamistes et la libération des otages capturés le 7 octobre 2023. Le sort de ces derniers, dépendant d’une interminable négociation qu’aucun des deux camps ne semble vouloir voir aboutir, suscite désormais les plus grandes inquiétudes. Quant aux troupes israéliennes, qui menacent la dernière ville de Gaza encore debout, Rafah, ce qui ajouterait inévitablement un nouveau carnage au désastre, elles sont contraintes de frapper à nouveau le nord de l’enclave où la branche armée du Hamas a réapparu, des mois après. les frappes et incursions terrestres qui l’ont transformé en un champ de ruines, au prix de la mort de milliers de Palestiniens.
Cet échec militaire s’accompagne d’une impasse politique dont Benyamin Netanyahu porte l’écrasante responsabilité. En entretenant l’étroite bande de terre sans la moindre esquisse d’organisation civile, il a en fait créé les conditions du retour des milices qu’il disait vouloir anéantir. En s’opposant à toute perspective prenant en compte les droits légitimes des Palestiniens, il fait également le jeu de l’extrémisme du Hamas.
Ce dernier aurait pourtant beaucoup à répondre à ceux dont il prétend défendre la cause, qu’il s’agisse de la destruction de Gaza et des milliers de victimes des bombes israéliennes, ou de son pari sur un « axe de résistance » qui n’a pas abouti. se matérialiser autant qu’il l’espérait.
Une passivité internationale coupable
L’échec militaire actuel et son bilan humain épouvantable sont le résultat de la stratégie israélienne qui a fait de Gaza une gigantesque prison à ciel ouvert, le théâtre de guerres récurrentes que celle actuelle a poussée à son paroxysme. Elle a été facilitée par une passivité internationale coupable, qu’il s’agisse de tolérance face au blocus imposé à Gaza, de faiblesse face aux erreurs des représentants officiels des Palestiniens ou de pusillanimité face à la lèpre dans la colonisation de la Cisjordanie. par Israël.
L’allié le plus fiable d’Israël, le président des États-Unis, a fini tardivement par prendre la mesure de cette impasse. En décidant de priver l’armée israélienne de certaines armes offensives jusqu’à nouvel ordre si elle persistait dans sa volonté d’attaquer Rafah et en le faisant savoir, Joe Biden a noté que la pression pourrait peut-être réussir là où les mots échouaient.
Il faut aller plus loin. L’urgence nécessite un changement de paradigme. Pour alléger les souffrances des Palestiniens et protéger Israël de lui-même, tant l’histoire de la couverture médiatique de ce conflit par Le monde depuis 1945 publié lundi 13 mai montre combien la question palestinienne continue de peser sur l’image de l’État juif. Aux côtés d’Israël, la reconnaissance d’un État palestinien, ce que les États-Unis refusent de faire, mais comme le plaident des personnalités israéliennes et de nouveaux pays européens s’apprêtent à le faire, ne pourrait que contribuer à cela.