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Cette ville a la plus forte densité de monuments historiques par habitant et ce n’est pas Paris – Edition du soir Ouest-France

Correspondance, Nicolas MONTARD

Pour admirer un maximum de monuments historiques en un minimum de temps, ce n’est pas dans une grande métropole française qu’il faut se rendre, mais dans cette ville-préfecture. Suite de notre série consacrée aux villes pas comme les autres.

Elles se distinguent de leurs voisines par leur forme, leur taille, leur architecture, etc. Cet été, L’édition du soir partez à la découverte de villes uniques en France. Une invitation à programmer une visite sur votre route de vacances. Pour cette étape, direction le Pas-de-Calais, où cette ville peut se targuer d’avoir la plus forte densité de monuments historiques de France.

Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse… Si l’on vous demande quelle est la ville qui possède la plus forte densité de monuments historiques en France par habitant, il y a de fortes chances que ces grandes villes vous viennent à l’esprit. Et pourtant, avec 227 monuments bénéficiant d’au moins une protection au titre des monuments historiques pour 41 000 habitants, ce ne sont pas ces métropoles qui détiennent ce « titre ». Mais la « petite » préfecture du Pas-de-Calais, Arras !

« Oui, c’est un de nos titres.reconnaît avec un sourire sous le soleil printanier, François-Xavier Muylaert, élu en charge du Patrimoine et expert de la ville. Nous sommes même dans le top 10 des villes avec le plus de monuments historiques. (avec Paris, Bordeaux, La Rochelle, Nancy, etc.). N’en jetez plus, la coupe est pleine !

François-Xavier Muylaert s’amuse de ce « titre » de ville ayant la plus forte densité de monuments historiques de France par habitant. Même si la ville ne joue pas beaucoup dans la communication touristique. (Photo : Nicolas Montard)

Deux lieux qui changent la donne

Cette particularité est en réalité due à ses deux places centrales, la Place des Héros et la Grand’Place. Celles-ci comptent 155 façades, chacune d’entre elles étant individuellement classée au titre des monuments historiques. « Cela augmente immédiatement la moyenne ! »

Il est vrai que ces façades sont exceptionnelles. Ponctués de 345 colonnes, faits de briques et de pierre et parfaitement alignés, la plupart d’entre eux ne dépassent pas deux étages. Cet agencement baroque flamand, d’une grande beauté, remonte à bien longtemps. En 1583, Philippe II d’Espagne (Arras était alors sous domination espagnole) imposa cette construction en pierre et en brique. En 1722, les échevins renforcèrent ces règles de construction dans la ville qui fut l’un des plus importants lieux de production de draps du Moyen-Age et dont le marché date du XIIe siècle. « Ce sont en quelque sorte les premières règles de l’urbanisme. ».

Reconstruit à l’identique

Pourtant, tout aurait pu s’arrêter avec la Première Guerre mondiale. Arras est détruite à plus de 80 %. Les places sont dans un état pitoyable. On décide de reconstruire à l’identique… Quinze années de travaux seront nécessaires sous la conduite de l’inspecteur général des monuments historiques, Pierre Paquet, qui s’inspire de documents et de photographies anciennes. « C’est une chance que le centre d’Arras n’ait pas été touché pendant la Seconde Guerre mondiale, car nous n’aurions certainement pas eu l’argent pour le reconstruire. »reconnaît notre interlocuteur. C’est pourquoi nous pouvons encore profiter du spectacle, presque théâtral, et des nombreux détails que l’on retrouve sur les différentes façades pour qui ouvre un œil curieux : ici, une caravelle, là, une salamandre, plus loin une sirène. Chacune des maisons, même si elle n’est plus forcément visible aujourd’hui, portait aussi son propre nom.

Au-delà de leur disposition, les maisons des deux places captivent par leurs détails. (Photo : Nicolas MONTARD)

Enfin, une seule pourrait détonner un peu avec les autres car son pignon n’est pas du style baroque flamand des autres. Si Les Trois Luppars possède un pignon à redans, c’est parce que la maison est la plus ancienne de la ville. Elle date du XVe siècle !

Arras possède aussi d’autres joyaux, comme son hôtel de ville beffroi entre art déco et gothique flamboyant (et une splendide salle des fêtes avec une immense fresque de 800 personnages), des hôtels particuliers art déco et art nouveau, une cathédrale… Que nécessite une telle concentration de monuments ? Bien sûr, il faut respecter les règles de l’architecte des Bâtiments de France. Ici, les travaux des particuliers ou de la collectivité sont évidemment soumis à autorisation. Par exemple, les plantations, à la mode dans les villes en cette période de surchauffe mondiale, sont compliquées sur les deux places d’Arras. Le côté minéral fait partie de son histoire et de son identité. Même si la Ville peut toujours installer des plantes mobiles. Entretenir ce patrimoine a aussi un coût, « heureusement subventionné, car nous ne pouvions pas le faire seuls », reconnaît celui qui était auparavant adjoint aux finances.

Le beffroi d’Arras domine l’une des places. Un autre joyau classé par l’UNESCO. (Photo : Nicolas MONTARD)

Arras se porte également bien en tant que site du patrimoine mondial.

Arras, plus forte que Paris, Marseille et d’autres… sur quoi jouer en communication à l’ère du tourisme ? Pas vraiment, convient François-Xavier Muylaert, alors que l’on s’arrête devant la façade du théâtre à l’italienne. « Peut-être devrions-nous en faire plus, mais en réalité, nous nous concentrons davantage sur le fait que nous avons un héritage remarquable. Remarqué par d’autres labels ». Arras bénéficie ainsi de trois classements UNESCO : son beffroi, classé au patrimoine mondial comme 22 autres représentants français et belges, mais aussi sa citadelle Vauban, comme onze autres places fortes de France, sans oublier depuis l’automne 2023, son cimetière militaire de la Première Guerre mondiale, inscrit aux côtés de 138 autres sites mémoriels et funéraires en France et en Belgique… Décidément, dans la Préfecture du Pas-de-Calais, on aime les distinctions !

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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