Cette mine géante pourrait approvisionner toute l’Europe en lithium, mais la population n’en veut pas
Visuel du projet de mine Jadar en Serbie / Image : Rio Tinto.
Le lithium est désormais une substance stratégique, c’est devenu une évidence. Trouver des sources d’approvisionnement est donc un enjeu majeur non seulement dans la transition énergétique, mais aussi dans les stratégies des blocs économiques. Une mine géante en Serbie devait approvisionner l’Europe en lithium. Mais à quel prix ? Sa création est aujourd’hui menacée par une intense opposition locale.
Le projet de la vallée de Jadar, dans l’ouest de la Serbie, est de taille. À terme, la mine de lithium devrait couvrir 90 % des besoins européens. D’où l’importance des échanges diplomatiques autour de sa création. Le 19 juillet 2024, Aleksandar Vučić, le président de la Serbie, Olaf Scholz, le chancelier allemand, et Maroš Šefčovič, le commissaire européen à l’Énergie, ont signé un accord sur l’accès des États de l’Union européenne (UE) aux matières premières serbes, dont le lithium. L’objectif est bien sûr que l’UE soit moins dépendante des importations en provenance d’Amérique ou d’Asie. La France mène également en parallèle ses propres projets d’exploitation de lithium.
Le projet serbe est désormais porté par Rio Tinto, un groupe minier anglo-australien. La mine de Jadar propulserait le groupe au rang des premiers producteurs mondiaux de lithium. De son côté, la Serbie, pays enclavé, y trouverait une source de revenus bienvenue. Mais de très importantes manifestations populaires menacent le projet.
De fortes protestations dans un contexte géopolitique lourd
Le projet s’accompagne depuis plusieurs années de fortes protestations. Il y a deux ans, les autorités serbes avaient déjà interrompu les négociations avec Rio Tinto, suite à la mobilisation de citoyens et d’associations serbes. Les principales raisons : la défense de l’environnement, ainsi que le rejet du promoteur du projet, Rio Tinto. La mine sera implantée sur des terres agricoles, et Rio Tinto est d’ailleurs fréquemment accusé dans le monde de causer des dommages à l’environnement.
Depuis, les manifestations n’ont pas cessé. Le 10 août, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées sur la place Terazije à Blegrade. Des slogans ont fleuri : « Tu ne creuseras pas. « , » Rio Tinto quitte la Serbie ! « , » Trahison ! « , ainsi que les témoignages « Nous ne renoncerons pas. La mine ne peut pas être construite sur des terres agricoles« Dans un discours du 11 août, Aleksandar Vučić, le président de la Serbie, a dénoncé les blocages de gares et d’autoroutes. Mais il a aussi ouvert la voie à un référendum sur l’exploitation du lithium. C’est un sujet explosif, en effet. Car il implique des considérations plus larges. Le 9 août, en effet, le président avait indiqué avoir reçu des informations de la Russie selon lesquelles des puissances occidentales (non précisées) préparaient un coup d’État en Serbie. Auquel pourraient se mêler ces manifestations.
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