"Cette maladie, c'est de la foutaise" témoigne Céline
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« Cette maladie, c’est de la foutaise » témoigne Céline

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Dans son salon de coiffure, rue Garengeotà Vitré (Ille-et-Vilaine), Céline Morand accueille ses clients avec le sourire.

Un sourire franc, mais seulement de façade car derrière cette carapace de gentillesse et bienveillancec’est une femme meurtrie qui se livre. « Le plus dur, c’est de se dire qu’on ne retrouvera jamais la vie qu’on avait avant », répétera à plusieurs reprises la femme de 42 ans.

Diagnostiqué en 2017

Tout a commencé en 2017. A 35 ansle verdict tombe pour Céline : elle est atteinte d’un cancer du sein. « Je me souviens encore du prénom de l’interne qui m’a diagnostiqué. Elle s’appelait Diane », se souvient-elle.

C’est à ce moment que la vie du trentenaire va basculer. « Du jour au lendemain, on passe d’une vie toute tracée, avec des enfants, un travail, des amis… à une vie qui prend un tournant. »

Les résultats tombent à mi-octobre et début novembre, Céline se rend sur la table d’opération pour une ablation totale du sein.

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À la mi-décembre, chimio commence : « Même à mon pire ennemi, je ne souhaite pas qu’il vive ce moment », se souvient Céline en repensant à la douleur ressentie pendant le traitement. « On a l’impression d’avoir des coups au ventre, il y a aussi des nausées… »

Puis, les premiers signes visuels arrivent fin 2017 : « J’ai ma première grosse perte de cheveux. En tant que femme, c’est compliqué, et en tant que coiffeuse, encore plus. »

Parallèlement, Céline doit gérer son rôle de mère de deux enfants moins de 10 ans : « Ma mère est morte d’un cancer quand j’avais 9 ans. Je ne voulais pas que mes enfants vivent ça. Je leur ai tout de suite expliqué la situation. »

Radiothérapie et chimiothérapie

Après trois traitements de chimiothérapie difficiles à supporter physiquement, les médecinsinforme Céline qu’elle passera à une séance de chimio par semaine : « Elles auraient dû être moins lourdes. Mais la première fois, j’ai vomi avant de monter dans le taxi pour rentrer chez moi. »

Le traitement s’enchaîne alors comme un mécanisme bien rodé : « Juste après la chimio, j’ai fait un mois de pause, et j’ai continué avec radiothérapie . C’était tous les jours pendant 20 jours. »

Ces enfants iront jusqu’à assister à une séance avec leur mère. « Le personnel était super et je leur ai demandé si je pouvais emmener mes enfants pour une séance. Ils ont pu voir que je n’étais pas blessé, du moins physiquement, car à l’intérieur, c’était compliqué. »

Début juillet 2018, le bout du tunnel semble apparaître pour Céline :

On me dit que tout redeviendra comme avant, mais c’est impossible. Psychologiquement et physiquement, j’ai une fatigue continuelle. Je suis sous hormonothérapie avec une pilule à prendre tous les jours. Il y a des douleurs osseuses permanentes… Nous semblons en forme, mais il faut composer avec ces douleurs. Nous sommes en vie, c’est le principal.

Céline

Après ce premier parcours du combattant, le coiffeur vitré parle de « reconstruction ». » Elle intervient environ trois ans après le diagnostic.

Céline va subir quatre nouvelles opérations : « J’ai choisi la reconstruction naturelle. C’est-à-dire qu’ils ont réalisé liposuccionsur plusieurs parties de mon corps afin de prélever de la graisse pour l’injecter dans mon sein. La douleur était très intense après ces opérations », explique-t-elle en montrant des photos de son corps enflé après les interventions chirurgicales.

« On se dit qu’on va rester seuls »

La reconstruction physique achevée, vient le temps de acceptation. « J’ai eu la chance de trouver un compagnon qui m’a accepté tel que je suis, car après ce long voyage, on se dit qu’on va rester seul. Après, quand je suis seule devant le miroir, ça reste compliqué. »

Céline a également pu compter sur sa famille, ses amis, ses enfants et sa clientèle. Coiffeuse indépendante depuis 11 anselle a très vite informé ses clients de la situation : « J’en ai toujours parlé ouvertement. J’ai annoncé la nouvelle comme si j’avais une mauvaise grippe . Les clients qui étaient là à l’époque sont toujours là aujourd’hui. Mon salon est mon bébé. Après tout ça, la médecine du travail m’a fait comprendre qu’il fallait arrêter, mais j’ai choisi de continuer. »

Les 4C, un combat

Après ces essais, Céline a pu aussi compter sur la création de l’association 4C avec Catherine Monnerie, malheureusement décédée aujourd’hui : « Nous nous sommes rencontrées lors de nos soins et elle était comme une sœur pour moi. Nous nous sommes portés. Nous avons tous les deux commencé par vendre des roses. Et puis elle nous a quitté. On se dit pourquoi elle et pas moi ? Depuis, nous avons perdu beaucoup de petites roses. Parfois j’avais envie d’abandonner parce que je rencontre beaucoup de femmes et on se rend compte que le cancer ne se guérit jamais. »

Depuis la fin du traitement, Céline doit se rendre chaque année à l’hôpital pour une visite de contrôle. Une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Aujourd’hui, je vis au jour le jour. Après chaque visite, je me dis : « encore une année gagnée ». Avant d’aller à la visite, je ne dors pas. Ma plus grande peur est de devoir recommencer des traitements et de retourner dans une bataille psychologique. Cette maladie est de la foutaise.

Céline

Alors aujourd’hui, à travers l’association 4C, le coiffeur se lance un appel aux femmes: « N’attendez pas d’avoir 50 ans pour vous faire dépister. Les traitements sont si lourds… »

Avec ses mots, elle ne veut pas non plus donner faux espoirsaux femmes : « Je ne vais pas dire ‘ne vous inquiétez pas, tout ira bien’. La chimiothérapie est très dure, il ne faut pas se mettre dans un cocon. On nous enlève un sein. Cela fait partie de notre féminité. »

L’histoire du coiffeur s’arrête. Ses clientes sont dans son salon, prêtes à se faire coiffer tout en écoutant discrètement l’histoire de Céline.

L’histoire d’une femme qui lutte contre le cancer au nom deun doux rêve: celle de retrouver « cette vie d’avant ».

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