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cette lettre trouvée dans les archives de l’Église, en 1964

cette lettre trouvée dans les archives de l’Église, en 1964

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Des évêques craignant le scandale, l’abbé Pierre « très malade » et échappant à tout contrôle : les archives de l’Église révèlent comment, à la fin des années 1950, la hiérarchie épiscopale gardait le silence sur les comportements jugés « problématique » mais jamais nommé.

C’est un cas un carton de quelques centimètres d’épaisseur que chercheurs et journalistes peuvent consulter au siège des archives de l’Église catholique, à Issy-les-Moulineaux, près de Paris.

216 pièces au dossier

Face à l’émotion suscitée par les révélations d’agressions sexuelles commises par l’abbé Pierre, la Conférence des évêques de France (CEF) s’est ouverte mi-septembre accès aux documentssans attendre le délai de 75 ans après sa mort en 2007.

Les 216 pièces du dossier, mêlant lettres dactylographiées et lettres manuscrites, complètent ce qu’affirmait le président du CEF Eric de Moulins-Beaufort le 16 septembre : « Au moins quelques évêques » étaient conscient « de 1955 à 1957 » du « comportement grave » de l’abbé Pierre « à l’égard des femmes ».

Toutefois, nulle part dans ces archives la nature exacte des actes n’est précisée. Les lettres parlent d’« accidents », de « misères morales »« actes répréhensibles », « état anormal »…

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On a du mal à comprendre si ces périphrases cachent des relations consensuelles, mais proscrites par l’Église, ou des agressions sexuelles, comme l’accusent une vingtaine de femmesdont certains étaient mineurs au moment des faits.

Le document le plus explicite, une lettre du 13 novembre 1964 émanant peut-être du secrétaire général de l’épiscopat, résume l’affaire en parlant de « gravement malade mentalement » faisant l’objet de « perte de tout contrôle sur soi, surtout après des livres à succès » et assure que « les jeunes filles ont été marquées à vie ».

L’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, a agi « sans qu’il soit possible de le prendre sur le fait », ajoute ce document photocopié et quasiment illisible.

 » Inquiétude « 

Depuis les révélations du cabinet Egaé cet été, la question du silence des institutions est centrale.

Dans le dossier figurent les directeurs successifs du secrétariat de l’épiscopat: Jean-Marie Villot (1950-1960), Julien Gouet (1960-1966), ainsi que plusieurs évêques, notamment celui de Grenoble, André-Jacques Fougeratdont dépendait l’abbé Pierre.

Certains en sont bien conscients : « Il ne faut pas ne pas se cacher que tout cela pourrait un jour ou l’autre être connu et que l’opinion publique serait alors très surprise de voir que la hiérarchie catholique a maintenu sa confiance en l’abbé Pierre », écrivait en janvier Jean-Marie Villot au cardinal Pierre Gerlier, archevêque de Lyon. 1958.

Car la peur du scandale est récurrente, doublée d’une inquiétude quant à la stature médiatique de l’abbé Pierre, résistant pendant la guerre, élu député de Meurthe-et-Moselle à la Libération, et couronné de son action pour les sans-abri pendant l’hiver 1954.

En mars 1958, l’Assemblée des cardinaux et archevêques (ACA) exprime « son inquiétude de voir autant de journalistes s’approcher d’elle ». « Est-il approprié que sa personne soit ainsi affichée, agrandie ? », demandait l’évêque de Besançon en 1959, incrédule.

Emmaüsfondée par l’abbé Pierre, apparaît profondément divisée.
Un administrateur de l’association, Pierre Join-Lambert, exprimait en juin 1959 son « inquiétude » de voir l’abbé reçu par le général de Gaulle.

« Il faut s’attendre à tous les chantages possibles », explique-t-il, relatant une assemblée générale d’Emmaüs où « certains ont protesté contre sa présence », une réunion ponctuée d' »incidents très douloureux avec des larmes ».

SourceAFP

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