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Cette « fleur éternelle » de l’Amazonie est passée du statut de « mauvaise herbe » à celui d’emblème de la COP16



Lorsque Ruben Dario Carianil a commencé à planter les fleurs rouges d’Inirida en Amazonie colombienne, il a été moqué par ses proches qui lui ont demandé pourquoi il partait. « souffrir » pour certains « mauvaises herbes« raconte à l’AFP le professeur d’horticulture, membre du peuple indigène Curripako.

M. Carianil se tient devant ses champs, une mer enchanteresse de petites étoiles rouges aux pétales durs et pointus. Sur une parcelle de terrain à la périphérie de la ville qui a donné son nom à la fleur, il a réussi à domestiquer la plante sauvage. Il l’exporte désormais aux États-Unis, en Europe et en Asie.

« Voyez où nous allons (…) Je suis très heureux »le professeur se réjouit sous le soleil brûlant du port fluvial de 30 000 habitants, auquel on ne peut accéder qu’en avion ou après une traversée en bateau de plusieurs jours.

« Fleurs éternelles »

La plantation est familiale et s’appelle « Liwi : fleurs éternelles »parce que les boutons conservent leur forme même des années après avoir été coupés. « Nous jouons avec elle (la fleur d’Inirida) depuis des milliers d’années, personne ici n’a rien découvert. Ce que j’ai fait, c’est juste une expérience »explique M. Carianil.

Avec son épouse Martha Toledo et le biologiste Mateo Fernández, il a réussi à faire fleurir la fleur Inirida, un nom commun qui englobe en réalité deux espèces distinctes, l’une qui pousse principalement pendant la saison des pluies et l’autre, plus petite, en été.

J’essaie de transformer les connaissances autochtones en connaissances scientifiquesM. Carianil souligne.

Les fleurs ne poussent que dans certaines parties du département de Guainia (dont Inirida est la capitale) et dans certaines zones de l’Amazonie vénézuélienne, à quelques kilomètres de la plantation.

Mateo Fernández, l’un des premiers à avoir étudié l’espèce, souligne sa beauté, sa résistance aux inondations et aux sécheresses, et sa capacité d’adaptation pour survivre dans une région aux sols plutôt infertiles.

C’est précisément cette résilience qui a conduit les organisateurs de la COP16 – la principale conférence de l’ONU sur la biodiversité, qui se tiendra du 21 octobre au 1er novembre à Cali, dans le sud-ouest de la Colombie – à la choisir comme emblème.

Les engrais et les pesticides sont interdits

« Nous sommes la seule ferme de fleurs d’Amazonie » En Colombie, s’enorgueillit Martha Toledo, philosophe de formation. Elle ne connaît qu’une seule initiative similaire au Pérou.

Vue du ciel, cette culture se distingue clairement des plantations de fleurs qui abondent dans les régions andines de Colombie, où elles sont cultivées en monoculture, alignées en rangées régulières, souvent sous des serres en plastique qui gâchent la beauté du paysage montagneux.

Ici, les bourgeons s’étalent sur une vingtaine d’hectares au milieu d’une variété d’arbustes indigènes et même d’une parcelle de forêt dense.

« Nous avons appris à lire comment la fleur pousse dans l’écosystème. Lorsque vous achetez une fleur à Inirida, vous emportez chez vous un petit morceau de la jungle »sourit Mme Toledo. Les plantations s’inspirent des cultures traditionnelles indigènes : engrais et pesticides y sont interdits.

C’est un « pari politique »explique l’horticulteur. « Nous proposons une rencontre entre l’économie locale et l’économie mondiale. Nous pensons que le département doit se développer de manière environnementale et que c’est un processus politique. »

Une île entourée de jungle

Il y a quelques décennies, les fleurs d’Inirida abondaient dans les pâturages entourant le petit aéroport local. « Je descendais de l’avion et je venais ici pour cueillir toutes les fleurs »se souvient M. Carianil.

En 1989, soucieux de la conservation de l’espèce, le gouvernement a interdit la cueillette des fleurs dans leur habitat naturel. L’interdiction a été prolongée jusqu’en 2005, date à laquelle l’autorité environnementale a autorisé sa « exploitation » surveillée, à condition qu’elle ne menace pas les populations sauvages.

Jusqu’à présent, seule la plantation Liwi a réussi à reproduire la fleur et à obtenir une licence pour la commercialiser, d’abord localement, puis à Bogota et, après d’innombrables défis logistiques, dans d’autres pays.

Située à près de 700 kilomètres de la capitale et déconnectée du réseau routier du pays, Inirida est « une île entourée de jungle »décrit Martha Toledo.

En octobre 2022, un premier envoi a été effectué vers la Chine. « À l’aéroport, ils ont applaudi (…) C’est fou que d’un endroit aussi reculé de Colombie, une boîte soit envoyée » à Pékin, se souvient avec fierté le fondateur de Liwi.

GrP1

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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