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« Cette femme qui nous regarde » : quand Alain Mabanckou nous plonge dans le regard d’Angela Davis

Après Rumeurs d’Amériqueun essai itinérant sur sa terre d’adoption, et Lettre à Jimmy, soit James Baldwin (1924-1987), Alain Mabanckou consacre un livre à Angela Davis, « l’illustre activiste »« l’une des femmes les plus importantes de notre époque. » Il la tutoie avec ferveur. Il la compare à sa mère illettrée, combative, morte trop tôt. C’est pour lui l’occasion d’un retour mental à son Congo natal. Son oncle, membre du Parti unique congolais, avait dans sa bibliothèque leAutobiographiepar Angela Davis, avec le visage sur la couverture « cette femme qui nous regarde ».

L’enfance difficile d’Angela en Alabama

Le livre s’ouvre sur la conférence donnée par Angela Davis en 2014 à l’université d’où elle avait été expulsée pour être communiste et membre des Black Panthers. Alain Mabanckou, qui enseigne aujourd’hui à l’université, écoute Angela Davis, tout en évoquant l’Afrique de son enfance, celle des indépendances, avant les dictatures et les désillusions.

Il mêle les deux histoires, celle de l’Africain vivant aux Etats-Unis et celle de la femme afro-américaine des années 1970, emprisonnée après deux mois de cavale. En parallèle, il observe le monde noir américain pour y voir, de là, l’Afrique de l’époque. Il revient sur l’enfance rude d’Angela en Alabama, confrontée enfant à la ségrégation raciale, terrorisée par le Ku Klux Klan qui dynamitait les maisons des Noirs.

Il évoque ses combats, sa période européenne, lorsqu’elle est venue étudier la philosophie en France, à la Sorbonne. Dans un chapitre intitulé « Ce frère qui nous unit », il revient sur James Baldwin, lui aussi exilé en France, qui adressa un mot à Angela alors qu’elle était en détention.

Alain Mabanckou revient sur la naissance du Black Power et les courants qui le traversent. Il énumère les engagements actuels d’Angela Davis ; le féminisme intersectionnel, le combat pour l’abolition des prisons, sa défense des Palestiniens, le mouvement Black Lives Matter et, en France, la décision lamentable de Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Île-de-France de rebaptiser le lycée Angela-Davis en Seine-Saint-Denis pour le rebaptiser Rosa-Parks. C’est à la fois un roman, un livre d’histoire et une ode à une femme d’exception qui refuse le statut d’icône.

Cette femme qui nous regarde, de Alain Mabanckou, Robert Laffont, 160 pages, 18,90 euros

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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