C’est un événement rare. Une étoile qui se cache depuis des décennies est sur le point d’illuminer notre nuit d’été et de devenir visible à l’œil nu. Un événement cosmique qui ne se reproduira pas avant 2104. Nous vous expliquons comment ne pas le rater.
On attend son retour depuis près de 80 ans. À l’approche de la date fatidique, les astronomes du monde entier sont fébriles. Pour la première fois depuis 1946, l’étoile binaire T Coronae Borealis (T CrB) s’apprête à revêtir ses plus beaux habits. Son éclat serait tel qu’elle pourrait rivaliser avec l’étoile Polaire et être visible à l’œil nu, malgré les 2 600 années-lumière qui la séparent de la Terre. Attendue par les astronomes entre mars et septembre 2024, l’explosion de cette étoile – communément appelée nova – met la patience des scientifiques à rude épreuve.
Car T Coronae Borealis sort du lot. Contrairement aux novae classiques – plus fréquentes, bien qu’il soit rare de pouvoir les observer à l’œil nu – T CrB est une nova récurrente. Comme son nom l’indique, ce phénomène désigne des explosions cycliques qui se répètent toutes les décennies ou moins. Seules dix de ces novae ont été enregistrées dans la Voie lactée. Pour une galaxie comptant entre 200 et 400 milliards d’étoiles, ce n’est pas beaucoup.
Partout dans le monde, les astronomes professionnels et amateurs observent de près T Coronae Borealis – un système binaire situé à environ 3 000 années-lumière de la Terre – en attendant l’arrivée imminente d’une nova si brillante qu’elle sera visible à l’œil nu sur Terre.
PLUS D’INFORMATIONS ICI >> https://t.co/HgONmjpy9B pic.twitter.com/L54ZDFmFWA
— NASA Marshall (@NASA_Marshall) 6 juin 2024
Lire aussi : Des centaines d’étoiles ont disparu du ciel depuis 1950, les scientifiques ont enfin une explication
Dans le cas de T Coronae Borealis, l’étoile a tendance à s’affadir légèrement un an avant son éruption. Or, ce phénomène a été observé par les scientifiques en 2023 : « Il semble que (l’étoile) se comporte de manière similaire à celle d’avant son explosion en 1946, c’est pourquoi nous lui accordons soudainement beaucoup d’attention. »a résumé le professeur Sumner Starrfield de l’Université d’État de l’Arizona à National Geographic Le scientifique précise toutefois qu’il ne s’agit là que d’une estimation : il faudra peut-être encore quelques années avant que l’éclat de la nova n’atteigne notre ciel.
Deux étoiles plus grosses que le soleil
Comment expliquer une telle explosion ? La nova du système T CrB est le produit d’une danse entre deux corps célestes en agonie, en orbite l’un autour de l’autre : une naine blanche et une ancienne géante rouge, toutes deux plus grosses que notre soleil. Instable, la géante rouge perd sa matière, notamment l’hydrogène et l’hélium. Sa partenaire céleste absorbe ces émanations qui s’accumulent à sa surface. La température de l’étoile naine augmente, ainsi que sa densité. Jusqu’à ne plus pouvoir…
Après environ quatre-vingts ans, la naine blanche atteint un point de non-retour. Lorsque sa température de surface dépasse 10 millions de degrés Celsius, l’hydrogène s’enflamme et provoque une série de réactions thermonucléaires. La lumière libérée par ces explosions est telle qu’elle est capable de parcourir les 2 600 années-lumière (une année-lumière équivaut à 9 460 milliards de kilomètres) qui séparent le système T Coronae Borealis de notre planète.
« La luminosité maximale ne durera que quelques heures »
En temps normal, le rayonnement émis par T Coronae Borealis est trop faible pour être perçu à l’œil nu. Mais lorsqu’elle entrera en éruption, l’étoile devrait rivaliser avec Polaris, le point le plus brillant de la Petite Ourse. Selon la NASA, la magnitude de l’étoile – l’unité de mesure de la luminosité d’une étoile – pourrait passer de dix à deux seulement, la magnitude un étant la luminosité maximale.
Lire aussi : Cette caméra géante à 750 millions d’euros va révolutionner l’étude de l’univers
Le spectacle astral se jouera dans la constellation de la Couronne Boréale. Ce groupe d’étoiles formant un petit arc de cercle d’étoiles est facilement identifiable : il se situe dans le prolongement du « manche de la casserole » formé par la partie gauche de la Grande Ourse, entre Véga et Arcturus.
Ceux qui souhaitent observer le phénomène à l’œil nu devraient cependant se dépêcher. « Le point culminant (du phénomène) sera atteint très rapidement »confirme à National Geographic Bradley Schaefer, professeur émérite à l’Université d’État de Louisiane et expert de T Coronae Borealis. C’est bref, la luminosité maximale ne durera que quelques heures et elle commencera à s’estomper rapidement. (Le phénomène) ne sera plus visible à l’œil nu après seulement une semaine. En 1946, Leslie Peltier, l’astronome qui avait prédit l’éruption, manqua de peu ce phénomène grandiose à cause d’un rhume intempestif. Cruelle ironie de l’histoire.