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Cette civilisation disparue a tenté de contrer El Niño en sacrifiant des enfants

« Ce nombre d’enfants, ce nombre d’animaux, ça a dû représenter un investissement massif de la part de l’État », ajoute Gabriel Prieto.

Jane Eva Baxter, professeure d’anthropologie à l’Université DePaul et spécialiste de l’histoire des enfants et de l’enfance, remarque qu’il est possible que les Chimús aient considéré les enfants comme une des offrandes les plus précieuses qu’ils pouvaient faire aux dieux.

« Vous sacrifiez l’avenir et tout ce potentiel, explique-t-elle. Toute l’énergie et les efforts qui sont allés dans la perpétuation de votre famille, de votre société vers l’avenir, vous enlevez tout ça quand vous prenez la vie d’un enfant. »

La nécessité d’apaiser les esprits et d’arrêter les précipitations induites par El Niño furent sans doute un problème urgent à résoudre pour les Chimús, mais le sacrifice de masse semble quant à lui avoir été soigneusement orchestré. Il semble que l’on ait fait venir des garçons et des filles en bonne santé de plusieurs régions de cet empire tentaculaire. Des recherches sont d’ailleurs en cours afin de déterminer pourquoi on a conduit ces enfants en particulier à ce destin tragique. Les jeunes lamas, autre ressource d’importance, furent sélectionnés dans des troupeaux détenus par l’État et semblent avoir été choisis spécialement pour l’événement selon leur âge et la couleur de leur manteau.

Sur le site de Huanchaquito-Las Llamas, où Gabriel Prieto et son collègue John Verano, spécialiste d’anthropologie physique de l’Université Tulane, ont exhumé la plupart des jeunes victimes entre 2011 et 2018 et reconstitué la suite des événements à l’aide de preuves confondantes et d’indices médico-légaux.

La disposition des empreintes et des traces préservées dans la boue séchée indique qu’une procession formelle fut organisée jusqu’au site sacrificiel. Les empreintes de petits pieds nus, ainsi que celles laissées par des animaux à quatre pattes traînés contre leur gré, font dire à Gabriel Prieto et à John Verano que les victimes furent menées vivantes à leur tombe, où elles furent mises à mort. L’absence d’insectes parmi les restes signifie que les enfants furent enveloppés dans des linceuls et rapidement enterrés aux côtés des lamas.

Cette offrande permit-elle d’apaiser les pluies torrentielles ? Il est impossible de le savoir, mais cet épisode dérangeant fournit un aperçu des dernières années désespérées d’un empire en déclin.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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