Stellantis revoit ses activités sur son usine de Janais, au sud de Rennes. Le constructeur automobile, qui prépare la fin de la commercialisation de ses deux modèles Citroën C5 Aircross et Peugeot 5008 et le lancement d’un nouveau SUV électrique, a annoncé ce jeudi 27 juin son intention d’arrêter son activité d’outillage. Un atelier qui emploie 80 salariés chargés de concevoir et de fabriquer les différents outils d’emboutissage pour pièces automobiles. Selon nos informations, les syndicats ont appris la nouvelle lors d’une réunion du comité social et économique (CSE). Les quelque 2 000 salariés du site ont également été alertés.
« Nous constatons depuis plusieurs mois que le plan de charge était allégé », confie le délégué syndical CFDT (majoritaire), Laurent Valy, qui parle d’un arrêt de l’activité « dès l’automne ».
Selon la direction, le calendrier n’est pas encore fixé, mais l’atelier ne fermera pas du jour au lendemain. « Nous allons diminuer progressivement l’activité, explique-t-elle au Télégramme. Tous les projets en cours seront menés à bien, notamment ceux concernant le futur véhicule. » Aucune suppression de poste n’est prévue, car les 80 salariés auront la possibilité d’être réaffectés ailleurs dans l’usine, notamment au sein de l’atelier d’injection plastique, réinternalisé en 2022.
Un contexte hypercompétitif
A terme, l’activité outillage devrait être confiée à des sous-traitants, principalement situés en Chine ou en Inde et proposant des prix bien inférieurs à ceux de la France (jusqu’à 60 %). Un différentiel qui explique le choix de Stellantis. La direction rennaise indique que l’arrêt de l’outillage a été décidé « en réponse à un contexte hyper-concurrentiel » du marché automobile, où l’atelier « n’est plus en mesure de rivaliser ». Selon le délégué syndical CFE-CGC, Didier Picard, il s’agit d’une stratégie décidée au niveau du groupe, qui externalise déjà 90 % de ses outils au niveau mondial et a décidé de se séparer des 10 % restants. « Après la fermeture de l’atelier de Sochaux en 2021, il ne nous reste plus qu’un seul atelier en France, celui de Rennes. C’est un joyau en termes de savoir-faire et de compétences. Il y en a deux autres en Europe, en Italie et en Pologne, qui vont subir le même sort », ajoute le syndicaliste.
Pour son homologue à la CFDT, cette décision est « un coup dur » et « une perte de savoir-faire ». Laurent Valy pointe aussi « l’absurdité écologique » de produire des outils en Asie qui seront ensuite expédiés en France, ainsi que les « risques géopolitiques » : « Si demain tout est bloqué en Asie, comment fait-on pour produire ? » Didier Picard s’interroge sur la qualité des pièces sous-traitées : « Ce n’est pas la même chose que chez nous », assure-t-il.