À l’extérieur du hall, Bettina, mère de huit enfants, a tiré une bouffée de sa cigarette et a déclaré qu’en raison de son éducation en Allemagne de l’Est, elle était sceptique quant à ce que l’État lui disait. (Elle, comme d’autres personnes interrogées à Magdebourg, a refusé de donner son nom complet par crainte de représailles si elle rendait publique son opinion.)
« Vous devriez toujours vous poser la question : à qui profite ce qui se passe ? » a-t-elle dit à propos des accusations entourant Krah. « Si je n’utilise pas ma tête, ne la remets pas en question et ne me laisse pas influencer, alors je suis autant une marionnette que tout le monde. »
Un de ses amis, un homme à la barbe pointue nouée avec un élastique, s’est alors arrêté dans une BMW blanche décorée de slogans politiques, dont l’un disait : « Le capitalisme financier menace les valeurs de la civilisation ». Ils ont déclaré qu’ils participeraient tous les deux à un rassemblement le lendemain, sur la place à côté de la cathédrale gothique de Magdebourg, un événement que Bettina a décrit comme « une question de souveraineté » où les gens peuvent « parler des mesures contre le coronavirus ».
Le lendemain, des centaines de personnes ont assisté à la manifestation, qui a rassemblé un large éventail de groupes marginaux, dont beaucoup protestaient contre l’OTAN et le soutien militaire à l’Ukraine. Certains manifestants ont brandi des drapeaux russes, d’autres des drapeaux bleus avec des motifs de colombes.
Des responsables politiques locaux de l’AfD ont distribué des brochures sous un auvent sur lesquelles on pouvait lire : « Reprenez votre pays ». Parmi eux se trouvait Kirchner, qui a une fois de plus affirmé que le gouvernement allemand actuel recourait à une répression à la manière de l’Allemagne de l’Est.
« Pour que les services de renseignement intérieurs participent à la campagne électorale afin qu’ils puissent essayer de nous discréditer, de nous infiltrer et de nous détruire, j’ai déjà eu cela avec la Stasi », a-t-il déclaré. Cela explique pourquoi l’AfD est particulièrement forte parmi les habitants de l’ex-Allemagne de l’Est, a-t-il expliqué. « Ils ont déjà tout vu. »
Un partisan du parti, un homme de grande taille qui a refusé de donner son nom pour des « raisons de confidentialité », a souscrit à cette évaluation, affirmant que les enquêtes – y compris celle contre Krah – étaient toutes motivées par des considérations politiques.
« Je crois que c’est une chasse aux sorcières », a-t-il déclaré. « Ils veulent diffamer l’AfD. »
