« C'est une catastrophe »... Avec les bouchons fixés sur les bouteilles en plastique, les associations boivent la tasse
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« C’est une catastrophe »… Avec les bouchons fixés sur les bouteilles en plastique, les associations boivent la tasse

« C’est une catastrophe »… Avec les bouchons fixés sur les bouteilles en plastique, les associations boivent la tasse

Amis juilletiens, la plage est théoriquement plus sûre pour vos gros orteils. Il y a moins de chances qu’ils s’enfoncent dans un bouchon en plastique orphelin, honteusement enterré ou jeté négligemment sur le sable. Car depuis le 3 juillet, en vertu d’une directive européenne datant de 2019, tous les bouchons de bouteilles ou cartons en plastique doivent désormais être fixés au goulot. Selon la Commission européenne, ces bouchons multicolores représentent 7 % des déchets plastiques retrouvés sur les plages. Et comme il est moins discret de jeter la bouteille entière, l’idée est de réduire le fléau au fil du temps et de recycler davantage de bouchons jusque-là éparpillés ou perdus dans la nature.

La nouveauté, indéniablement écolo, suscite des réactions mitigées. L’ONG Zero Waste dénonce une demi-mesure. « C’est une goutte d’eau dans l’océan. Fixer le bouton sur la bouteille ne résout pas le problème majeur, qui est le nombre absolument fou de bouteilles en plastique que nous utilisons », a déclaré Marine Bonavita, l’une des chargées de projet de l’association, sur France Info le 3 juillet.

L’initiative a également suscité des moqueries sur les réseaux sociaux. Certains estiment qu’elle nuit à la créativité en matière de décoration de châteaux de sable ; d’autres en ont assez de se frotter le nez en sirotant leur soda préféré ; d’autres encore s’agacent de devoir nettoyer leur réfrigérateur, car le bouchon fixé au réfrigérateur incite, il faut l’avouer, à tout revisser. Bref, beaucoup trouvent que les « technocrates » bruxellois ont poussé le bouchon un peu trop loin.

« 30 à 35 % » d’embouteillages en moins

Mais pour Danielle Huc, l’arrivée des bouchons attachés représente bien plus qu’un désagrément passager. « C’est une catastrophe », résume celle qui préside l’association Solidarité Bouchons 31 en Haute-Garonne. Son objectif depuis vingt-cinq ans est de les collecter, puis de les revendre à la tonne à un recycleur pour financer des équipements pour les personnes handicapées. « En principe, on remplissait un camion de 13 tonnes tous les trimestres. L’année dernière, on n’en a fait que deux. Et cette année, on vient tout juste d’envoyer le premier », explique la bénévole.

Guy Marquillie, président gersois de l’association nationale Les Bouchons d’amour, est tout aussi consterné. Il estime que la mesure a permis de réduire la collecte de « 30 à 35 % ». Mais comme il explique dans les écoles qu’il faut donner les bouchons qui traînent pour ne pas qu’ils finissent dans le ventre des poissons, il ne se voit pas contester. « Ce qu’il faut dire aux gens, recommande-t-il, c’est que ce n’est pas parce que les bouchons sont attachés qu’il est interdit de les arracher et de les donner. »

Avec canifs et ciseaux, il faut désormais aussi donner de soi. Récemment, Danielle Huc se tenait dans un hypermarché de Toulouse, près de la machine où les clients peuvent rapporter leurs bouteilles en plastique contre une remise sur le ticket de caisse. « Je leur ai expliqué qu’ils pouvaient les arracher, et je l’ai fait moi-même. Ce n’est pas facile, je me suis abîmée les mains », confie-t-elle. Pour rester au-dessus de la ligne de flottaison, son association a décidé de se diversifier. Elle récupère des bouchons de liège, dont le prix avoisine les 650 euros la tonne, contre un peu plus de 300 pour le plastique.

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