«C’est un scandale»… Cet athlète paraplégique a été verbalisé pour s’être assis dans un siège PMR dans le train

« Je prends le train une cinquantaine de fois par an depuis mon accident. En général, tout se passe bien. Mais ce qui s’est passé lundi est honteux.» Ce fameux lundi, Axel Allétru n’est pas prêt de l’oublier. Ce sportif paraplégique a été verbalisé alors qu’il était assis dans un siège à mobilité réduite (PMR) à bord d’un TGV reliant Lille à Paris. Ce jour-là, il n’était pas en fauteuil roulant mais avec des béquilles. Et il a été condamné à une amende de 149 euros. Même s’il reconnaît volontiers qu’il n’avait pas le bon titre de transport, le jeune homme ne supporte pas d’avoir été « rabaissé » par un agent de contrôle de la SNCF visiblement peu enclin à écouter son histoire. Nous vous le proposons en version accélérée.

Axel Allétru est un ancien champion de BMX et de motocross. Après avoir remporté plusieurs titres en France et en Europe, le jeune homme a vu sa carrière sportive prendre fin brutalement lorsqu’il a été victime d’un violent accident de moto lors d’une course en Lettonie en 2010. Le jeune homme de 20 ans apprend alors qu’il est tétraplégique et a perdu l’usage de ses jambes. Après des années de rééducation, il a cependant réussi à se remettre aux sports adaptés et a même réussi à marcher à l’aide de béquilles.

Il ne pouvait pas monter à l’étage

C’est justement avec ses béquilles que le jeune homme de 35 ans a pris le train lundi. « Je suis paraplégique incomplète. Disons que je passe 90 % de mon temps en fauteuil roulant et 10 % de mon temps avec des béquilles. Ça me permet de bouger un peu, de soulager mes escarres », explique le jeune homme, contacté par 20 minutes.

Habituellement, Axel Allétru voyage toujours dans un siège PMR. Un emplacement situé au rez-de-chaussée du train et en première classe. Mais pour en bénéficier, il faut passer par le système SNCF appelé Accès Plus et réserver au moins 24 heures à l’avance. « Et comme j’étais malade la veille, je ne savais pas si j’allais pouvoir repartir. Je suis parti précipitamment et on ne m’avait pas réservé le même billet que d’habitude. Lorsqu’il arrive au train, il découvre que son siège est à l’étage. Incapable de monter les escaliers, il décide de s’asseoir à sa place habituelle. « Il n’y avait personne d’autre », assure celui qui a porté la flamme avant les Jeux Olympiques de Paris cet été.

 » Le policier a exigé que j’aille chez moi sinon il me donnerait une amende. Mais je ne pouvais pas. J’ai essayé de discuter, d’expliquer ma situation mais ça n’a rien changé. Si j’avais eu ma chaise, cela ne serait jamais arrivé. »

Axel écope d’une amende de 149 euros. «C’est scandaleux. J’aimerais juste que cet agent se mette à ma place, comprenne à quel point ça m’a blessé. Nous sortons tout juste des Jeux paralympiques et regardez où nous en sommes. C’est traumatisant. Cela nous réduit à notre handicap. » Le jeune homme assure avoir toujours voyagé légalement avant cet incident.

« Nous ne sommes pas des robots »

La SNCF est bien consciente de la mésaventure vécue par Axel Allétru et l’a contacté. « Nous prenons le témoignage très au sérieux et sommes désolés que son voyage ne se soit pas déroulé comme il l’aurait souhaité », reconnaît la compagnie ferroviaire, qui se dit « sensible » à cette mauvaise expérience, tout en rappelant ses efforts pour accueillir les personnes en situation de handicap.

Pour sa défense, la SNCF explique que le voyageur n’avait « pas effectué de réservation pour ce siège » et qu’il n’était « pas dans la voiture initialement réservée ni dans la classe réservée ». C’est pourquoi il a été condamné à une amende. «Je reconnais tout cela. Mais je n’ai pas pu accéder à ma place. Ce que je demandais, c’était un peu de compréhension, un simple échange. Nous ne sommes pas des robots, nous avons un cœur, n’est-ce pas ? « . Pour certains, cela semble un peu froid.