Le meilleur buteur de l’équipe de France disputera son dernier tournoi avec les Bleus, et espère remporter l’un des rares trophées manquant à son palmarès.
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En partance pour Los Angeles et la Major League Soccer cet été, Olivier Giroud passe ses dernières semaines en équipe de France. Mais le meilleur buteur de l’histoire des Bleus débutera l’Euro avec le statut de remplaçant, même s’il compte bien inverser la tendance lors de la compétition. Lors d’une longue conférence de presse de trente minutes, vendredi 14 juin, le doyen des Bleus, avec ses 37 ans au compteur, est apparu détendu – bien aidé par Benjamin Pavard qui tour à tour dans le rôle de photographe et de spectateur – mais aussi lucide sur sa situation.
Dans Ouest-France, Kylian Mbappé vous a décrit comme le « papa de l’équipe », est-ce que vous prenez soin des jeunes ?
Olivier Giroud : Le papa oui, tant mieux il n’a pas dit « papy ». J’ai un peu ce rôle de papa, de grand frère auprès des plus jeunes. Je ne me sens pas en décalage avec eux, je me sens plus jeune que mon âge. J’aime le genre de musique qu’ils mettent, je ris avec eux. Sur le terrain, j’essaie d’être moi-même, de beaucoup parler. Je veux qu’ils se sentent à l’aise. Je ne connaissais pas Bradley (Barcola), alors j’ai essayé de lui parler un peu, de lui poser des questions sur lui, sur sa famille, sur ce qu’il ressentait à Paris. C’est une des choses nécessaires pour accueillir au mieux les nouvelles personnes.
Dans cette compétition, on n’est pas forcément titulaire, c’était le cas lors de la Coupe du monde avant la blessure de Karim Benzema. Êtes-vous encore capable de rebondir ?
C’est un peu l’histoire de ma carrière. Ce ne serait pas raisonnable de résumer ma carrière ainsi, mais les périodes où j’ai été un peu sur le banc à Arsenal et à Chelsea, j’ai toujours su rebondir. L’important est de toujours avoir le bon état d’esprit. En 2018, j’ai réussi à inverser la tendance. Lors de la Coupe du Monde, je savais que j’aurais un rôle différent juste avant la compétition. Mon état d’esprit reste le même, avec l’envie d’apporter quelque chose à l’équipe. Tout le monde sait que je pense collectivement avant moi-même. Quel que soit mon rôle, d’autant plus qu’il s’agit de ma dernière compétition internationale, je veux donner le meilleur de moi-même et profiter de chaque instant.
Pensez-vous que le groupe est plus ou moins en confiance qu’avant la Coupe du monde 2022 ?
En 2022, nous avions l’étiquette de favori ou parmi les 2-3 favoris. C’est la même chose pour l’euro. Or ce statut ne doit pas nous tourmenter, il doit nous donner confiance mais pas trop non plus. Vous devez toujours garder à l’esprit que vous devez être à 100 %. On l’a vu quand on en faisait un peu moins sur certains matches… Les matchs amicaux n’étaient pas réussis. On peut faire mieux, il faut faire mieux, il ne faut pas se contenter de ce genre de matches. Nous en sommes conscients. Il faudra corriger ces petites choses pour les premiers matches. Ce sont des ajustements petits et mineurs. Ce n’est pas du tout inquiétant. Nous sommes vigilants et nous savons que le niveau va monter d’un cran lundi.
Cet Euro sera votre dernière compétition avec les Bleus, a-t-il une saveur particulière ?
Je voudrais juste dire que j’ai été très touché par l’accueil des supporters en France lors de mon dernier match là-bas. Attentes ? Je suis rempli d’excitation, de nostalgie, d’envie et l’objectif principal est le collectif. Ayez la meilleure compétition possible. Nous avons perdu à domicile en 2016 et cela reste dans un coin de ma tête. J’en rêve encore aujourd’hui. J’ai beaucoup d’espoir. Les objectifs personnels viennent plus tard. On m’a parlé du chiffre rond de 60 buts… Pourquoi pas ?
Le fait d’avoir annoncé avant la compétition que ce serait votre dernière avec l’équipe de France vous apporte-t-il plus de légèreté ?
Je n’ai pas fait de communiqué de presse. Je disais juste que c’était probablement ma dernière dans le sens où j’avais fait un choix de vie et d’expérience aux Etats-Unis. Je me suis posé la question après le MDP 2022. Il faut être lucide sur la situation. Je vais bientôt avoir 38 ans. On sait que pour être appelé à EDF, il faut généralement évoluer au niveau européen. Le fait de l’avoir annoncé ne change pas ma façon d’être. Pour moi, il est logique que ce soit la dernière solution. C’est la suite logique avec la fin du très haut niveau en Europe et avec la fin de mon contrat à l’AC Milan. Il y aura beaucoup de nostalgie, de souvenirs, mais j’essaie de ne pas trop y penser.
Dans votre carrière, il y a toujours eu beaucoup de rage et d’envie. Mais aujourd’hui, nous sommes plutôt amenés à tirer des conclusions. On sait que vous ne démarrez pas, on vous sent un peu moins combatif…
Dans quel sens me percevez-vous comme moins combatif ? Evidemment je préfère débuter les matches, mais je respecte les choix du coach. À mon retour sur le terrain, je ferai de mon mieux. Cela ne change pas mon état d’esprit compétitif si je ne commence pas le match. Si je peux inverser la tendance parce que je me sens combatif et prêt à donner le meilleur de moi-même pour l’équipe, je le ferai. Je suis loin d’être dans un état d’esprit plus cool, détendu et secondaire. Je suis déterminé. (Applaudissements de Benjamin Pavard)
Vous étiez capitaine contre le Canada, à la demande du groupe. Qu’est-ce que cela signifie pour toi?
C’est super, ça fait chaud au cœur de la part des gars et du public qui scandaient mon nom durant la première période. C’est une immense fierté. Je ne cours pas après le brassard, ont-ils insisté. Ça restera comme une belle soirée, un beau geste des gars, c’est aussi ça l’équipe de France. Le respect et la gentillesse qui règnent. C’est génial. Je les ai beaucoup remerciés.