En parlant de « corruption » le samedi 22 février, après la défaite de l’OM à Auxerre, le président de Marseille, Pablo Longoria, a provoqué un bouclier dans le monde du football. S’il est retourné depuis ses remarques, l’Espagnol a « traversé la ligne rouge » a réagi l’union des arbitres de football d’élite (en toute sécurité) par le biais de son porte-parole, Olivier Lamarre, ancien arbitre professionnel, le lundi 24 février.
Franceinfo: Sport: une telle sortie d’un président, qui va jusqu’à parler de « corruption », est-ce sans précédent dans l’histoire du football français?
Olivier Lamarre: De l’arbitre, oui. Je ne me souviens pas que ce mot a été utilisé par un leader de la Ligue 1 depuis des décennies. C’est un moment très sérieux, la ligne rouge a été franchie. C’est d’autant plus grave que cette déclaration a conduit à des actions qui sont elles-mêmes très graves, car les individus sont entrés dans l’arbitre interrogé pour dégrader son véhicule. Pablo Longoria est depuis revenu à ses déclarations, mais pendant 48 heures, certains ont menacé les arbitres de la réunion de mort.
De plus, Pablo Longoria est vice-président du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel …
Quel que soit le club, le président a un devoir d’exemplarité, comme les joueurs, les entraîneurs et les arbitres. Lorsque nous sommes au plus haut niveau, nous avons tous un devoir d’exemplarité. Et en effet, lorsque vous avez des responsabilités aussi importantes que présidente de l’un des plus grands clubs de France et vice-président de la Ligue professionnelle, nous avons encore plus de devoir d’exemplarité.
Pablo Longoria est revenu lundi à ses commentaires. Qu’avez-vous pensé de son mea culpa ?
C’était le moindre des choses d’admettre ce que tout le monde sait: il n’y a pas de corruption dans l’arbitrage français. Ceux qui connaissent le football français, ceux qui savent comment les arbitres font ce travail, savent qu’il n’y a pas de corruption. En disant le contraire, il a blessé les arbitres professionnels, mais aussi à tous les arbitres amateurs qui ont déjà suffisamment de soucis. Chaque année, plus de 500 arbitres sont agressifs ou brisent le visage dans les championnats départementaux et régionaux.
Lorsque Pablo Longoria le dit, il envoie le signal que nous avons le droit de critiquer d’une manière très forte d’arbitres, ou même de les secouer. C’est pourquoi c’est sérieux. Ayant passé plus de 48 heures pour réaliser que la gravité des mots est longue. C’est pourquoi, à partir de demain, tous les arbitres de la Ligue 1 et de la Ligue 2 déposeront une plainte commune pour les mots diffamatoires.
Tous les arbitres montent à l’avant, tous ensemble. Est-ce aussi, est-ce une première?
Oui, parce que c’est la première fois que dans l’histoire du football français que les remarques ont donné le signal que nous pouvons aller aux arbitres, les menacer et les intimider. Nous sommes habitués aux déclarations de la presse. Nous étions malheureusement habitués aux menaces des réseaux sociaux. Mais là, un cours de plus a été croisé. C’est aussi pourquoi les arbitres demandent à être reçus cette semaine par le président de la FFF et le président de la Ligue professionnelle de football, afin de dire, d’une manière très ferme qu’un tel glissement ne peut se produire deux fois sans une très forte réaction de arbitres.
Jusqu’à faire un grève ?
Dans tous les cas, lorsqu’il y a en danger, il est légitime que les gens exercent un droit de retrait des risques. Les arbitres sont dans cet état d’esprit à ce stade. Mais l’objectif n’est pas d’aller si loin. L’objectif est de servir le football et tous sont réapparus, car le meilleur intérêt du football est de travailler ensemble, de protéger les valeurs du football. Vincent Labrune et Philippe Diallo nous ont soutenus, de nombreux présidents également.
Désigner Jérémy Stinat pour arbitrer Auxerre-Oom, alors qu’il est en tout litige avec le Marseille Club et Medhi Benatia, n’était probablement pas un cadeau…
On peut en effet convenir que cette désignation peut poser des questions. Nous pouvons entendre cela. Mais à partir du moment où il est nommé, il, comme tous les arbitres, est en grande capacité à arbitrer ce type de match. Il est prêt à cela, il a le talent pour cela.
Ces remarques inappropriées peuvent-elles avoir des conséquences psychologiques sur la façon d’arbitrer pour les futurs jeux OM? Chaque décision sera examinée de près …
Un arbitre à ce niveau est très préparé psychologiquement, mentalement. Il est absolument prêt à prendre des décisions sur le terrain, sans tenir compte de ce qui se passe à l’extérieur, et sans tenir compte de tout ce que nous pourrions dire avant le match.
En réponse, d’autres présidents tentent également de faire pression sur l’arbitrage avant de faire face à l’OM. Est-ce un équipement sans fin?
Certains présidents peuvent mettre une contrefaçon ou essayer d’influencer, mais cela ne fonctionne pas. Les arbitres sont prêts une fois sur le terrain, axés sur le match. Ils n’arrivent pas au plus haut niveau d’arbitrage français sans subir beaucoup de préparation. Quel que soit le contexte, l’arbitre est dans sa bulle, comme un sportif de très haut niveau, et très concentré sur les décisions qu’il prend.
Quelle sanction attend le monde de l’arbitrage après ces déclarations?
Les arbitres n’ont pas à influencer le comité de discipline. Ce que nous attendons, c’est un solide soutien du président de la Fédération, le président de la LFP, grâce à des messages clairs transportés avec les présidents du club pour dire que cela ne peut pas se reproduire.
Comment apaiser la situation et revenir à un dialogue normal entre toutes les parties?
Nous appelons tous les arbitres, joueurs, éducateurs et présidents avec beaucoup de responsabilités. Le monde du football doit travailler ensemble, se donner les moyens de trouver le plaisir de le faire. Nous en avons besoin. Le football professionnel doit être exemplaire. Les arbitres sont les premiers à vouloir travailler avec toutes les parties prenantes, et je suis convaincu que, très rapidement, cette sérénité reviendra. Les valeurs du football sont. La protection des arbitres est également due.
Cette sérénité pourrait provenir du système sonore des arbitres, et de plus de communication de leur part aussi?
Oui, et cela fait plus de cinq ans maintenant que le syndicat des arbitres a proposé que le système audio soit accessible au plus grand nombre. Les arbitres français sont prêts pour cela, mais la FIFA ne donne pas l’autorisation pour le moment. Nous avons tout à gagner que les spectateurs et les téléspectateurs sont conscients des échanges que nous pouvons avoir sur le terrain. Je veux croire qu’un jour se produira.