« C’est un jackpot garanti » : regardez comment de jeunes escrocs entraînent des escrocs en pleine vue
C’est un rapport qui a nécessité de longs mois d’enquête et d’approche.
Une équipe de TF1 vous montre comment des apprentis escrocs sont formés à différentes techniques pour soutirer votre argent.
Suivez la couverture complète
Le 20 heures
Par e-mail, SMS ou directement par téléphone… avec le développement et la démocratisation des nouveaux moyens de communication – et l’exploitation croissante des données personnelles – les arnaques se multiplient. Les modes opératoires et les approches diffèrent mais à chaque fois l’objectif est le même : soutirer le plus d’argent possible aux gens ordinaires. En France, toutes les 4 secondes, un individu est victime d’une fraude.
Dans ce contexte, un journaliste de TF1 s’est glissé dans la peau d’un apprenti escroc. Après de longs mois d’enquête et de démarche, il a contacté un escroc, via l’application cryptée Telegram, pour voir les coulisses. Lors d’une courte formation d’une heure, il a pu découvrir les rouages d’une industrie en pleine croissance. « En gros, tu vois, on est assis dans un centre commercial. Tu viens avec ton ordinateur. Je vais tout te montrer. Tranquillement, on construit le site ensemble, je te donne les outils et tout ça. » annonce le fraudeur via des messages. Les seules conditions sont de payer en espèces et de rester discret. « Je fais la formation la moins chère de Paris. C’est 90 € en vrai », vante-t-il dans la vidéo de TF1 de 20 heures en tête de cet article, des images extraites d’un document exclusif diffusé ce mardi soir sur TMC.
Un mode opératoire bien établi
Quelques jours plus tard, c’était l’heure du fameux meeting, rendez-vous organisé dans un fast-food au milieu d’un centre commercial en région parisienne. « Tu verras, il n’y a rien de compliqué »raconte le jeune instructeur, lycéen de 18 ans qui dit vendre ses conseils pour gagner de l’argent facilement, en plus de ses arnaques. Filmé en caméra cachée, il dévoile son plan pour attirer les victimes. La première étape consiste à intercepter les coordonnées bancaires desdites victimes. « Je vais te donner un gars qui vend des listes de numéros. Tu vas le télécharger ici. Dès que tu cliqueras dessus, le truc enverra le SMS directement à chaque numéro de la liste »explique-t-il en précisant que le fichier en question comprenant plus d’un millier de numéros lui a tout simplement coûté « cinq euros ».
Il est alors temps de créer la plateforme sur laquelle l’arnaque aura lieu. En quelques clics et pour quelques euros, il est possible de créer des copies de sites Internet connus. « Si vous faites quelque chose pour l’assurance maladie, allez ici. (Le logiciel) vous proposera tous les domaines dont il dispose liés à la maladie. Maladie.fr, santé.com etc. Ce sont en fait des noms de domaine gratuits »explique le jeune homme. En quelques secondes seulement, le « entraîneur » met en ligne un site internet qui ressemble exactement à la plateforme de vente en ligne numéro 1 au monde. « Là, c’est bon. Vous pouvez faire « ouvrir sur le Web ». Vous aurez votre site Amazon”il glisse.
A partir de là, une grande partie du succès de la manœuvre frauduleuse dépend de la manière dont les messages de phishing sont reçus. « Ce qui déterminera combien vous gagnerez, c’est le jeton. Avec une puce achetée dans un tabac, prépayée, vous pourrez envoyer entre 200 et 1500 SMS. C’est un jackpot garanti”souligne l’arnaqueur, avec une pointe de fierté dans la voix.
Vous cherchez les mots les plus compliqués et vous les insérez dans vos phrases
Vous cherchez les mots les plus compliqués et vous les insérez dans vos phrases
L’escroc
De son côté, l’intéressé utilise également une version beaucoup plus élaborée de cette arnaque, en appelant directement les victimes au téléphone. Il se pose alors, comble de l’arnaque, en conseiller bancaire anti-fraude. L’objectif est de manipuler votre interlocuteur pour lui faire valider des paiements très importants. Pour ce faire, il utilise un ton professionnel, un vocabulaire de banquier et brandit la menace d’une fraude en cours pour le mettre sous pression.
« Il faut vraiment bien parler, surtout lors de l’introduction. C’est le meilleur moment, où tout se joue. Si vous parvenez à bien captiver la personne et qu’elle ne raccroche pas, alors vous pouvez commencer à raconter votre histoire. connerie »dit-il. « Je manque un peu de mots… voilà, un peu de jargon bancaire. Vous cherchez les mots les plus compliqués et vous les insérez dans vos phrases et c’est comme si vous étiez un banquier »ajoute-t-il. Le cocktail est explosif et très rentable.
-
Lire aussi
Arnaques aux faux conseillers bancaires : un nouvel outil de filtrage des appels sera déployé le 1er octobre
Lors de cet entraînement improvisé, le jeune homme n’a eu ni mots ni remords pour ses victimes. Ce jour-là, après nous, deux autres lycéens sont venus, à leur tour, assister à un cours. «J’ai beaucoup, beaucoup d’amis qui font ça. Ça commence à être très à la mode”le voleur avance. De quoi donner du fil à retordre à la police et aux autorités.
Vous pourrez découvrir l’intégralité de ce document exclusif ce soir à 21h25 sur TMC, dans un numéro exceptionnel de 90′ enquêtes.