Quand il regarde son rutilant bolide rouge, Jonathan (1) a les yeux qui brillent : « Cette voiture, je la kiffe, sourit-il. À chaque fois que je la vois, que je la conduis, c’est un plaisir immense. » Depuis 2017, ce quadragénaire de la région paloise est l’heureux propriétaire d’une Ferrari F430 : « On estime qu’elle a été produite à 400 exemplaires dans le monde, annonce-t-il fièrement. C’est le dernier modèle de Ferrari à être équipé d’une boîte manuelle. »
Importante plus-value
Chef d’une petite entreprise, Jonathan a longtemps pensé qu’acheter ce type de voiture « était quelque chose d’inabordable » pour lui. Mais l’exemple de son ami Arthur (1), comme lui passionné de voitures de sport et qui a investi dès 2015 dans une Ferrari Modena, l’a inspiré : « Ferrari fait partie des rares marques dont on sait que les voitures prendront de la valeur avec le temps, assure-t-il. C’était d’abord un investissement passion, car j’en profite largement, mais aussi l’opportunité de faire un bon placement. Je l’ai achetée 126 000 euros et aujourd’hui, je pense qu’elle vaut au moins 180 000 euros. Si je la vends, ce sera une énorme plus-value. » Cette belle opération financière, Arthur l’a déjà réalisée.
« Ferrari fait partie des rares marques dont on sait que les voitures prendront de la valeur avec le temps »
L’an dernier, il a revendu 90 000 euros la Ferrari qu’il avait payée 52 000 euros : « Quand je l’ai achetée, j’avais en tête cette idée d’en faire un placement financier, raconte-t-il. Pendant neuf ans, elle m’a coûté 13 000 euros en assurance et frais divers, donc j’ai réalisé une opération financière très rentable. » Depuis, il a racheté une autre voiture de luxe, une Lotus, avec la même ambition : profiter du bolide pendant quelques années puis le revendre, en espérant réaliser une plus-value.
Sceptique sur l’immobilier
Alors que le commun des mortels place généralement ses économies dans l’immobilier ou les produits financiers, le choix d’Arthur et Jonathan apparaît atypique. Pour ces deux locataires de leurs logements, investir dans la pierre n’était pas une option : « Dans l’immobilier, ce n’est pas si facile que ça de gagner de l’argent, souffle Jonathan. Je n’ai pas confiance dans ce marché, que je trouve surcoté. On y fait rarement de gros bénéfices… »
« Je vis à Pau et ici, l’immobilier n’est pas assez porteur pour un investisseur, appuie Arthur. Les prix ne monteront jamais très haut, ça ne valait pas le coup. » « L’immobilier a certes traversé une crise mais ça reste l’actif le plus représentatif du patrimoine des Français, tempère Céline Boutbien, gestionnaire de patrimoine et cogérante du cabinet Ascalon Finances. C’est une valeur refuge et un placement de bon père de famille. »
L’an dernier, Jonathan a revendu 90 000 euros la Ferrari qu’il avait payée 52 000 euros et s’est acheté une Lotus.
Quentin TOP/SO
Véritables passionnés
Dans son cabinet, l’experte assure qu’elle voit encore peu d’investisseurs se détourner des actifs immobiliers et financiers « classiques » pour miser sur ce qu’elle appelle des « investissements de niche ». Mais si le nombre de candidats « reste encore très marginal », elle admet que « la demande évolue ». Selon elle, tous ceux qui décident de sortir des sentiers battus ont un point commun : ce sont des passionnés du domaine dans lequel ils placent leurs économies.
« Ceux qui investissent dans une voiture de luxe sont des connaisseurs, explique Céline Boutbien. Quand on achète du vin, c’est aussi pour se faire plaisir et partager des moments conviviaux. Les chevaux, ça nécessite une certaine connaissance, mais aussi d’apprécier le milieu équestre. Pareil pour l’art, il faut un minimum de connaissances techniques pour pouvoir évaluer une œuvre… Tout ça relève du plaisir, de critères subjectifs. Mais il faut faire attention à l’appréciation objective du couple entre rendement et risque. »
« Pas frugifères »
Comme l’illustrent les exemples de Jonathan et Arthur, il est possible de gagner de l’argent avec ces investissements. Mais « on ne peut faire une belle plus-value que si l’on est fin connaisseur, prévient Céline Boutbien. C’est réservé aux initiés. Mais c’est vrai que ça se démocratise. On aime investir quand on maîtrise et qu’on a des connaissances. C’est sans doute ce qui pousse certains à aller vers ces marchés de niche. »
« On ne peut faire une belle plus-value que si l’on est fin connaisseur »
Céline Boutbien reste toutefois sceptique quant à la pertinence financière de ces investissements : « Ces actifs ne sont pas frugifères, tels que des placements financiers classiques qui rapportent des intérêts ou des dividendes, donc des revenus réguliers. La voiture de luxe, par exemple, peut générer un gain par la plus-value mais pas par une distribution de revenus. » Gageons que pour un passionné, c’est sans doute bien suffisant.
(1) Le prénom a été modifié.