"C'est un geste d'amour interdit par la loi", 8 ans de prison sans mandat de dépôt requis contre le septuagénaire accusé d'avoir tué sa femme
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« C’est un geste d’amour interdit par la loi », 8 ans de prison sans mandat de dépôt requis contre le septuagénaire accusé d’avoir tué sa femme

« C’est un geste d’amour interdit par la loi », 8 ans de prison sans mandat de dépôt requis contre le septuagénaire accusé d’avoir tué sa femme

Dernier jour du procès aux assises de l’Aube. Ce matin, mercredi 30 octobre 2024, ont eu lieu les réquisitions du parquet, qui requiert une peine de 8 ans d’emprisonnement sans mandat de dépôt. Bernard Pallot a comparu libre lors de l’audience. Il est jugé pour le meurtre de sa femme, Suzanne, atteinte d’une maladie incurable.

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La question de l’euthanasie est au cœur du procès de Bernard Pallot, 78 ans, accusé d’avoir tué sa femme à la fin de sa vie en 2021. « Une femme est morte. Cette mort était préparée », a soutenu l’avocat général lors des réquisitions organisées ce matin à Troyes. La lucidité de l’accusé a été mise en avant. On a parlé d’assassinat prémédité (comme en témoignent les recherches effectuées sur le cyanure trouvé dans son ordinateur). D’après les réquisitions, il aurait « a suivi un plan qui semblait imparfait, mais dont l’objectif était de provoquer la mort ».

« On peut tuer par haine, on sera puni, on peut tuer par amour, on sera aussi sanctionné. »

Une question se pose alors : N’aurait-on pas dû aller à l’encontre de la volonté de Madame Pallot et tenter de soulager ses souffrances ? Selon différents experts consultés, le pronostic vital n’était pas engagé. Mais la réponse du couple a été de se replier sur eux-mêmes. Sa femme ressentait une immense anxiété à l’idée d’aller à l’hôpital. Toujours selon l’avocat général : « Elle aurait dû avoir un soutien dédié ». Selon lui, le couple s’est volontairement écarté de certains soins, dans une forme de «porte close conjugale». Durant l’acte, Bernard Pallot a utilisé un câble électrique pendant plus de vingt minutes. L’accusation définit cet acte comme un « mort sauvage et brutale ».

Le président l’a rappelé lors des auditions, « le meurtre par amour n’est pas une notion juridique ».

« J’ai continué jusqu’à ce que mes mains me fassent mal, pour être sûr de ne rien rater. ». Bernard Pallot reconnaît tous les faits : il a injecté du cyanure dans la cuisse de sa femme, puis l’a étranglée. Lors de ce procès l’accusé a répété qu’il ne voulait pas de ce geste, il suivait la volonté de son épouse.« EÉvidemment, s’il y avait un protocole autorisé par la loi, nous l’aurions suivi. » LE Un septuagénaire est poursuivi pour meurtre avec avec préméditation, il risque la réclusion à perpétuité. Il réfute l’accusation d’« assassinat » pour celle d’« euthanasie clandestine ».

A lire aussi : « Je ne pouvais ni la trahir ni l’abandonner » : l’euthanasie au cœur du procès du septuagénaire accusé d’avoir tué sa femme à la fin de sa vie

Mon client demandera l’acquittement. Il ne vit pas ce geste comme quelque chose qui devrait être qualifié d’assassinat.

Frédéric Verra, Avocat de Bernard Pallot

Le fils de Suzanne a évoqué les souffrances endurées par sa mère, souffrant de Maladie de Carrington, qui déclenche l’ostéoporose. « Ma mère avait un squelette bien plus vieux que son âge, elle pouvait se briser avec de petits mouvements ». Pour lui, c’était son droit de choisir : continuer à vivre ou mourir.

Ma mère n’aurait pas pu se suicider. Mon père lui a offert son dernier cadeau d’amour.

Frédéric Verra « Je ne doute pas qu’un jour le droit évoluera, et c’est justement pour cela que je ne voudrais pas voir des gens laissés sur le bord de la route, des condamnés qui n’auraient pas forcément été condamnés dans d’autres circonstances ».

Ce jeudi 30 octobre 2024, Bernard Pallot – qui souffre de diabète – s’est présenté libre et s’est décrit comme aimant et capable de penser par lui-même. Il y a 3 ans, le 11 octobre 2021, il aurait agit de manière décisive, « en ingénieur de la mort avec un seul objectif : provoquer la mort » selon les réquisitions. « C’est un geste d’amour interdit par la loi. Ces actes seront toujours interdits par la loi. On ne peut pas s’arroger le droit de tuer, sous prétexte que la loi est imparfaite. »

L’avocat général a rappelé que les jurés ne sont pas présents pour changer la loi et que l’acquittement ne serait pas « conforme à la loi ». Il conclut par ces mots : « J.Je te demande de le déclarer coupable. Ce crime est assumé et revendiqué. L’euthanasie n’est pas une circonstance atténuante.. Huit ans d’emprisonnement sont donc requis, sans mandat de dépôt, compte tenu de l’âge avancé du prévenu. Ddes réquisitions qui provoquent la colère du fils de Bernard Pallot.

Cet après-midi, la défense demandera l’acquittement. Le verdict devrait être annoncé ce soir.

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