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« C’est un assassinat du concept même des titres-restaurant » : ce restaurateur proteste contre l’utilisation des titres-restaurant dans les supermarchés

Que vous inspire cette volonté d’étendre l’usage des titres-restaurant dans les grandes surfaces ?

Je vais avoir des mots très forts : c’est un assassinat du concept même de ticket restaurant ! Le principe de base était de permettre le déjeuner aux salariés dont les entreprises ne disposent pas de restauration. C’était complètement erroné. Je peux comprendre qu’en période de Covid, il y ait une tentation d’utiliser les tickets restaurants pour faire du shopping. Cette décision devait être temporaire. Là, on n’est plus du tout d’accord !

Pouvez-vous quantifier ce déficit ?

Au 4ème trimestre 2022, 46,5% des titres-restaurant étaient encore utilisés dans la restauration. A la fin du 2ème trimestre 2024, nous n’en étions qu’à 40,1%. Parallèlement, dans les grandes et moyennes surfaces, nous sommes passés de 22,4% à 30,80%. La courbe est évidente. Nous sommes sur une pente descendante constante depuis la période Covid. C’est violent pour nous. En un an, 576 millions d’euros de chiffre d’affaires ont disparu pour les restaurants. En grande distribution, c’est 756 millions de plus ! À un moment donné, non, on ne peut pas être heureux.

Que dites-vous à vos clients rebutés par la hausse des prix ?

Nous avons réagi à la hausse des prix alimentaires de la même manière qu’eux. Et nous sommes obligés de maintenir des prix raisonnables. En conséquence, notre « résultat brut d’exploitation » a diminué. Il y a à peine 15 ans, les bénéfices nets avant impôts de la restauration se situaient entre 7 et 11 %. Aujourd’hui, la moyenne se situe entre 2,5 et 3,5. Cela veut dire que s’il y a le moindre problème, vous êtes mort…

L’extension de l’exonération pourrait-elle mettre en danger certains restaurants ?

Depuis le début de l’année, la part des entreprises de restauration qui se sont placées sous la protection des tribunaux de commerce a augmenté de 44%. C’est énorme ! Mais nous perdons tous ces gens qui préfèrent faire leurs courses avec leurs tickets restaurant. Le déclin se poursuit. Nous sommes en colère contre les supermarchés. Ils ont réussi le tour de force de faire du titre restaurant un titre de paiement.

Plaidez-vous pour des plafonds de paiement différenciés entre les restaurants et les supermarchés ?

Dans la mentalité du public, c’est fini, il n’y a pas de retour en arrière. Comme nous avons été « banane » par le gouvernement et par les supermarchés, nous essayons de sauver les restes. Si c’est encore possible.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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