Les clients fidèles des marques Toto Tissus, rencontrés ce mercredi 15 mai, n’en croient pas leurs yeux. Chacune des vitrines du 90 et du 100 cours Victor-Hugo, à Bordeaux, est entièrement placardée depuis le matin d’autocollants jaune fluo dont les lettres rouges annoncent « liquidation totale avant fermeture définitive ». « Comment ? Et pourquoi ? » demande cette couturière amateur venue ici s’approvisionner…
Les clients fidèles des marques Toto Tissus, rencontrés ce mercredi 15 mai, n’en croient pas leurs yeux. Chacune des vitrines du 90 et du 100 cours Victor-Hugo, à Bordeaux, est entièrement placardée depuis le matin d’autocollants jaune fluo dont les lettres rouges annoncent « liquidation totale avant fermeture définitive ». « Comment ? Et pourquoi ? » demande cette couturière amateur qui vient ici s’approvisionner depuis des décennies. « C’est triste après tout ce temps. »
La raison de ces fermetures est purement économique. « Notre activité ne supporte plus des loyers élevés et ces magasins ne sont plus rentables », explique Alain Cherki. Pour le responsable du réseau national de la marque Toto, propriété de la société Neuftex, basée en Seine-Saint-Denis, il y a aussi « une évolution des modes de consommation », l’achat de tissu par dizaines de mètres ayant ces dernières années , il a été remplacé par des courts métrages davantage destinés aux loisirs créatifs. Qu’il s’agisse de tissus destinés à la confection de vêtements comme d’ameublement ou encore de linge de maison, « le volume d’activité a continué de baisser ». « Même avec les promotions, les gens achètent au minimum », déplore Alain Cherki.
Jusqu’à cinq boutiques bordelaises
La période post-Covid n’aura pas suffi à changer la perspective des fermetures « envisagées depuis trois à quatre ans », regrette encore le dirigeant. Après un regain d’intérêt pour le « do it yourself », c’est-à-dire le fait maison, « il s’est éteint très vite ». Une désaffection qui doit peut-être aussi au manque d’investissement dans ces magasins, vieillissants et un peu encombrés, sur cette artère populaire. C’est ce qu’approuve un jeune consommateur qui, en tant qu’étudiant, supporte cela « parce que c’est vraiment bon marché ».
« Même avec les promotions, les gens achètent au minimum »
Depuis lundi, tous les stocks ont donc été réduits de 30 %. Pour l’entreprise, qui avoue « jeter l’éponge », l’objectif est que tout se déroule « pour que l’on ferme avant l’été ». Et ainsi ne pas mettre à mal l’équilibre financier de l’entreprise qui compte une cinquantaine de marques en France et a ouvert deux nouveaux magasins en périphérie de Mulhouse et Metz depuis le début de l’année et six autres sur les exercices 2022-2023. , comptant ainsi quelque 260 collaborateurs.
Créée dans les Vosges, « bassin des usines textiles », où elle possède toujours son entrepôt de 15 000 m², Toto-Neuftex comptait jusqu’à 158 établissements au plus fort de son activité. A Bordeaux, l’enseigne est d’abord implantée rue du Loup, en avril 1984, puis s’agrandit en février 1986, avant que ces deux adresses ne ferment successivement en juin 2016 et octobre 2017. Arrivée cours Victor-Hugo en février 1986 et mai 1988, et avec l’ouverture d’un commerce rue de la Merci de janvier 1993 à décembre 1995, Toto compte jusqu’à cinq vitrines.
» La mort dans l’âme «
C’est donc « la mort dans l’âme » qu’Alain Cherki annonce son départ de Bordeaux. Une ville qui juge-t-il « ne se renouvelle pas par rapport à d’autres grandes villes où nous n’avons pas la même problématique ». Le problème, désormais, concernera principalement les sept salariés des deux adresses qui déclarent « ne pas savoir ce qui les attend ». Le gestionnaire du réseau se veut rassurant : « Nous allons essayer de les reloger via notre réseau de connaissances. »
L’enseigne Toto a déjà fermé ou prévoit de fermer plusieurs magasins en France d’ici mi-juillet, comme à Pau, Tarbes, Rennes, Strasbourg, Albi, Nantes et Toulouse.