L’hiver dernier, les agriculteurs sont descendus dans la rue pour réclamer un choc de simplifications administratives, face aux difficultés rencontrées dans les campagnes et au manque de compétitivité de l’exploitation agricole française. Des revendications formulées par les syndicats et les chambres d’agriculture auprès du ministère de l’Agriculture et dont les réponses sont, dix mois plus tard, toujours attendues. La conséquence de la mise sur pause du projet de loi d’orientation agricole, après la dissolution de l’Assemblée nationale, pensait la profession.
Le discours d’Annie Genevard, la nouvelle ministre de l’Agriculture, le 10 octobre, devant la séance des Chambres d’agriculture, a ravivé les inquiétudes. « Le discours du ministre nous interroge. Elle dit qu’il faut avancer sur le volet simplification et surtransposition mais que c’est compliqué », rapporte Didier Lucas, vice-président de la Chambre d’agriculture de Bretagne. En l’absence de commentaires supplémentaires du gouvernement sur le sujet, « il est certain qu’il reviendra sur les routes, lorsque les semailles du blé seront terminées », prévient-il.
Malgré un contexte économique favorable
En Bretagne cependant, les voyants sont au vert depuis le début de l’année. « Hormis les difficultés rencontrées dans l’agriculture biologique et l’aviculture, la situation économique est favorable », rappelle le vice-président de la Chambre d’agriculture, éleveur de porcs près de Lamballe (22). Depuis plusieurs mois, les prix du lait et de la viande de porc – les deux principaux produits bretons – remontent à des niveaux jugés satisfaisants. Le nombre de jeunes agriculteurs s’installant est également en augmentation.
Oui, mais au-delà des craintes liées à la multiplication des crises sanitaires, les troupeaux bovins et porcins continuent de décliner, menaçant, selon la Chambre d’agriculture, l’équilibre du modèle agricole breton de polyculture et d’élevage.
«Ça commence à bien faire»
L’augmentation de 30% ces derniers mois des situations de difficultés économiques chez les jeunes agriculteurs, notamment dans le maraîchage et chez les producteurs de lait confrontés à de lourds investissements, témoigne aussi de charges administratives dont l’allègement s’impose, selon Edwige Kerboriou, vice-présidente de chargé des questions environnementales à la Chambre.
Face à la complexité des règles administratives, « il faut cinq techniciens administratifs pour contrôler une exploitation agricole et, en même temps, on demande à un chef d’exploitation de maîtriser toutes ces règles. Ça commence à bien marcher», estime le vice-président de la Chambre d’agriculture, qui plaide pour une approche globale de la performance de l’élevage. L’un des leviers pour gagner en compétitivité – avec une politique agricole commune plus favorable à l’élevage de plaine et une baisse des impôts – réclamé du nouveau gouvernement par la profession agricole, visiblement prête à redescendre dans la rue.
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