« C’est probablement le plus gros projet de ma carrière »

Chaque jour, une personnalité s’invite dans l’univers d’Élodie Suigo. Jeudi 19 septembre 2024 : l’humoriste et comédien Arnaud Tsamere. Il est sur la scène du Théâtre Montparnasse dans la pièce « Cyrano de Bergerac » mise en scène par Alain Sachs.

Humoriste et comédien, sa participation à l’émission « On ne demande qu’à en rire » sur France 2 entre 2010 et 2014 a valu à Arnaud Tsamere le droit d’être adopté par le public français dans les règles de l’art du sketch. A défaut de suivre les traces de son père, ancien général de division de l’armée de l’air, il décide de prendre son envol autrement, en montant sur scène. Au départ rongé par le trac, il était muet. Aujourd’hui, il retrouve sa voix justement pour répondre à une promesse faite à son père, celle de jouer la comédie Cyrano de Bergerac sur scène. Cela se passe depuis mardi 17 septembre au Théâtre Montparnasse dans une production orchestrée par Alain Sachs.

franceinfo : Qu’est-ce que cela représente de jouer un personnage aussi fort ?

Arnaud Tsamere : Cela représente beaucoup de choses. Un rêve, un honneur, beaucoup de plaisir, beaucoup de jubilation. Là, je suis entourée d’acteurs et d’actrices qui sont des Rolls Royce au théâtre.

Ils disent la même chose de toi.

C’est bien ! C’est un plaisir. Donc il y a tous ces mots qui entrent en jeu dans le fait de jouer Cyrano. Mais je pense que rêve et honneur sont les deux plus grands mots dont on peut se souvenir.

C’est surprenant, car quand on lit un certain nombre de choses sur vous, il y a toujours ce mot « absurde » qui vous colle à la peau. Est-ce aussi une belle manière pour vous de montrer de quoi vous êtes capable ?

« J’adore me fixer des objectifs. Relever le défi de jouer Cyrano de Bergerac, de bien le jouer, de montrer à tout le monde que j’en suis capable et que j’en ai les moyens, c’est quelque chose que j’ai en moi. »

Arnaud Tsamere

à franceinfo

Je suis un peu sportif dans l’âme, enfin je suis complètement compétitif, etc.,

C’est un beau conte de fées car tu reviens de très loin. Tu as traversé une période extrêmement difficile. Tu as fait de ce qui t’avait perturbé, affecté, détruit, une force, un spectacle. N’est-ce pas un beau message d’espoir sur le fait de ne jamais oublier ses rêves, de continuer à avancer ?

Les malheurs que j’ai vécus sont très universels. Je ne prétends pas avoir vécu quelque chose de plus triste que beaucoup d’autres, mais en tout cas, oui, un deuil est toujours très douloureux. Un deuil affectif, un deuil parental. Quand je traversais ces périodes, je me levais chaque matin en essayant de bien faire les choses, en gardant toujours espoir en l’avenir. Et quand Jérémy Ferrari m’a mis en tête de faire un spectacle sur ce sujet, j’y ai mis tout mon cœur. Et la vie m’a « récompensé » en donnant déjà un beau succès à ce one-man-show, et par la suite, en m’apportant d’autres projets dont Cyrano, la tournée en trio, etc. Oui, cela aurait été dommage de s’arrêter en 2019 comme je l’avais prévu. Mais s’il y a un message à faire passer, c’est de bien faire les choses le jour J et de garder la foi.

On dit que les gens disparaissent à jamais le jour où tu cesses de penser à eux. Ton père est au-dessus de toi, tu lui as fait une promesse et tu vas jusqu’au bout avec cette incarnation.

Oui, je ne sais pas très bien. Je ne sais pas ce que veut dire le mot « deuil », faire le deuil parce que je ne comprends pas à quel moment la pensée s’arrête, à quel moment la tristesse s’estompe. Ce qui est sûr, c’est que durant ce projet, il sera très présent. Et tant mieux ! Si faire le deuil, c’est ne plus penser à lui, non, je n’ai pas vraiment envie de faire le deuil de mon père. On peut y penser de manière tout aussi joyeuse.

Qu’est-ce que l’humour vous apporte ? Au fond, il y avait la loi. On peut imaginer que l’ombre du père derrière signifiait qu’il fallait étudier. Mais rapidement, on s’est laissé prendre par la scène.

« Qu’est-ce que l’humour m’apporte ? C’est de pouvoir vivre de ce que je préfère faire dans la vie, c’est-à-dire rire et faire rire les autres. »

Arnaud Tsamere

à franceinfo

Oui, à un moment donné, on ne peut pas aller contre la nature. On m’a souvent dit : « Oh, quel courage d’avoir quitté les études !« À l’époque, j’étais même en CDI, j’étais dans la vie active. Et en fait, je ne voyais pas beaucoup de courage là-dedans. C’était quelque chose d’irrépressible, c’était quelque chose contre lequel je ne pouvais plus lutter. Et puis j’ai commencé dans une compagnie de théâtre, à Déclic Théâtre avec Alain Degois, dit Papy, avec Jamel Debbouze, avec Sophia Aram, avec Alban Ivanov… On vient tous de cette compagnie d’improvisation dans les Yvelines. Et ce que m’apporte l’humour, c’est de pouvoir vivre de ce que je préfère faire dans la vie, c’est-à-dire rire et faire rire les autres. C’est quand même magnifique de pouvoir être payé par Jérémy Ferrari pour faire ça puisque je prends son argent régulièrement ! »

Que représente cette pièce ?

Aujourd’hui, c’est probablement le plus gros projet de ma carrière et c’est avec cette idée que je travaille et qu’avec la troupe, nous construisons sous les ordres très doux et bienveillants d’Alain Sachs. Je lis ici et là dans les commentaires sur les réseaux : « Mais qu’est-ce que c’est ? Est-ce une parodie de Cyrano ?« Parce que je suis comédien, on se demande si ça va être… Non, non, c’est un Cyrano classique dans les règles de l’art et ce sera magnifique. Vraiment, j’en suis convaincu.