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C’est Paris !, à la recherche du paradis perdu sur France 2

C’est Paris !, à la recherche du paradis perdu sur France 2
Gaspard Berthille (Alex Lutz) parviendra-t-il à sauver tout Paris ?
© Jérôme PREBOIS – Mon Voisin Productions – Fédération Studio France – FTV

Cette comédie douce-amère rend un émouvant hommage au monde des cabarets parisiens. Avec Alex Lutz, Nicolas Maury, Charlotte de Turckheim ou encore Line Renaud.

«  Willkommen, bienvenue, bienvenue… » S’il est un univers dans lequel la fiction française ne s’est pas encore permis une véritable incursion, c’est bien celui des cabarets, souvent symboles d’un Paris déchu, patriarcal et dépassé. Des femmes à moitié nues, des chanteurs de second ordre, des magiciens sans talent, des pendentifs poussiéreux et, dans la salle, des bourgeois ventrus.

Du Chat Noir de Rodolphe Salis, il ne reste que des aimants sur les étals des boutiques de souvenirs. Des nuits folles chez Maxim’s, il ne reste que des photos décolorées. Chez Michou a temporairement fermé ses portes. Le Lido aussi. Quant au mythique Raspoutine, c’est aujourd’hui une discothèque. Oser une série consacrée au sauvetage d’un établissement au bord de la faillite et sur le point de se transformer en supérette était un pur défi. Et pourquoi pas ?

Encore fallait-il conjuguer l’audace des bonnes personnes au bon moment. Mediawan à la réalisation, en collaboration avec Dominique Besnehard (Dix pour cent). France Télévisions pour la distribution. Marc Fitoussi (Dix pour cent aussi) écrivant sur une idée de l’ancienne danseuse Marina Defosse.

Bertrand Burgalat sur la musique. Et un casting exceptionnel, comprenant Alex Lutz (le propriétaire des lieux), Charlotte de Turckheim (sa mère), Dominique Besnehard (celle qui a tout connu), Nicolas Maury (le visionnaire décomposé) et Monica Bellucci (celle qui contribuera à sauver tout Paris). Quant à Line Renaud, elle apparaît pendant quelques minutes dans le rôle d’une amie de la famille qui insiste sur la nécessité de se réinventer.

Peindre un monde fascinant

«  Le monde des cabarets m’a toujours fasciné. Je me souviens, enfant, d’être scotché aux retransmissions de fin d’année des spectacles de l’Alcazar ou du Paradis latin . Cette période est l’âge d’or du magazine. Une machine à fantasmes et à rêves. Aujourd’hui, certains de ces lieux mythiques sont en difficulté. Cette adversité constitue un axe d’écriture intéressant”explique Marc Fitoussi.

Plus loin, il ajoute : « J’ai donc choisi d’entrer dans cet univers par la porte dérobée, celle d’un cabaret qui doit se réinventer s’il ne veut pas disparaître. Les portraits des personnages n’en sont que plus émouvants et les intrigues dramatiques plus rebondissantes ». La fiction (six épisodes) raconte la renaissance, au forceps, de l’establishment.

Il lui manque visiblement quelque chose – ce petit plus de rythme, de splendeur et/ou d’âme qui l’aurait inscrit pour longtemps dans le nouveau paysage sériel français. Il vaut cependant pour la peinture qu’il livre d’un monde dont l’existence ne tient qu’à une plume. Pour ses dialogues piquants et ce qu’ils disent de chacun des personnages, archétypaux, parfois caricaturaux, mais aussi tellement vrais. De l’adolescente militante au Parisien de 16 anse parti ouvrir une maison d’hôtes en Normandie via le fils à papa et artiste maudit.

Pour ses performances d’acteur, Nicolas Maury en tête, dont la facilité des allers-retours entre cinéma d’auteur et comédies populaires, la palette de jeu et cette manière folle qu’il a d’habiter ses personnages, est, rôle après rôle, toujours plus poil- élevage. Pour l’aspect comique qui teinte l’ensemble d’une note sans doute plus légère que le postulat qu’il défend. Mais c’est de bonne foi.

Et pour cette nostalgie poussiéreuse que véhicule la série. Une atmosphère particulière que les auteurs, réalisateurs et comédiens ont su restituer à la perfection. Bien qu’entouré de mélancolie, C’est Paris ! est un antidote à la morosité ambiante. Une évocation joyeuse de la nécessité de se réinventer pour survivre. Quand on y regarde de près, ce n’est finalement pas si conventionnel.

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